Pourquoi haïr les Russes ? Analyse des raisons profondes de l’anti-russisme occidental

Cet article plonge au cœur de l'escalade de l'anti-russisme dans la propagande occidentale contemporaine, révélant les mécanismes cachés derrière cette tendance. De la polarisation stratégique à la facilité de haine, en passant par les intérêts politiques et économiques. Explorons en profondeur les raisons qui ont conduit à la propagation de cette nouvelle guerre froide médiatique.

mise à jour le 28/08/23

Crédit photo : Image de Dmitry Demidov provenant de Pexels – Représentation d’un homme en train de crier.

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Monsieur Sylvain Ferreira, lors de sa dernière interview au dialogue franco-russe, faisait remarquer qu’au contraire de la guerre froide, la propagande avait pris un tour très inquiétant. Autrefois, l’ennemi soviétique était cela, un adversaire, homme avec ses qualités et ses défauts face auquel nous avions des désaccords idéologiques susceptibles de se régler sur le champ de bataille. Désormais, nous sommes entrés dans l’ère de l’anti-russisme rabique où le Russe est haï, car Russe. La formule de monsieur Ferreira est à l’égal de lui-même, précise et concise : on attaque les Russes pour ce qu’ils sont !

Faut-il s’en étonner ? Le racisme est quotidien dans la propagande occidentale. Mais la question se pose de savoir pourquoi ? Dans toute communication de guerre, la direction est donnée par les organisateurs de la propagande.

Il y a donc eu une volonté de mettre en œuvre cette politique et comme dans toute bonne propagande la question se pose du pourquoi ? Le présent article, faute de participer aux conférences de rédactions des spins doctors chargés de la guerre en Ukraine vise à lister l’ensemble des raisons possibles, nous commencerons par le cours terme avant de développer vers des motifs de longue période qui reflètent même la crise civilisationnelle que nous vivons.
Prêt pour les deux minutes de la haine ? Eh bien allons-y : vive big brother !

La première raison est la facilité, le racisme est interdit dans l’occident bien-pensant. Évidement, prohiber un sentiment n’en provoque pas la disparition. Légaliser la haine des Russes permet à tous ceux qui bilent de ne pouvoir haïr leur catégorie favorite d’enfin exhaler leur hargne. Ça ne les grandit pas, mais fournit à la propagande un premier cœur de sycophantes d’autant plus virulents qu’ils sont de mauvaise foi.

Les spins doctors nous avaient gratifiés d’une répétition générale lors de la crise grecque où la misère de ce pays venait du non-paiement des impôts, de la paresse des habitants. En réalité, les Grecs travaillent davantage que les Allemands ou les Français, mais leur pays souffre d’un manque d’investissement. La productivité horaire est donc trop faible. Eh bien on recommence, avec les Russes buveurs de vodka, alcoolisés et incapables de quoi que ce soit. On se demande d’ailleurs comment avec tant d’incompétence ils parviennent à tirer des dizaines de milliers d’obus par jour. Mais bon, faut-il le démontrer ? La haine rabique est utile pour mobiliser, elle se passe d’arguments.

Mais est-ce la seule raison ? Il existe bien sûr nombre d’autres intérêts : Sommes-nous sûrs de bien aimer nos amis ukrainiens ? Ils ont construit leur identité sur la haine des Russes. Souhaitons-nous examiner leurs motivations ? Peut-être notre bonne conscience ne survivrait-elle pas à un examen des mobiles de nos alliés ? Alors, nos dirigeants trouvent sans doute un certain charme à finalement nous laisser épouser la thèse des Azov, Aïdar et autres anti russes. La polarisation sur le racisme est donc utile pour éviter toute remise en cause.

Autre mobile, tout aussi peu avouable. Face à l’échec de nos dirigeants, l’hyper industrialisation qu’elle soit en Russie ou en Chine, se pose en contre modèle à l’occident. La manœuvre ne réclame d’ailleurs aucun effort de la part des Russes et des Chinois. La désindustrialisation est criante en occident et ses conséquences sur les classes productives maltraitées est plus que visible. Dès lors, comment déconsidérer les alternatives ? Gagné, par le racisme. Insistez sur le taux du rouble, le PIB russe égal à celui de pays peu peuplés ou secondaire, ignorez l’importance des transferts de propriétés dans nos économies et vous pouvez ainsi mépriser les Russes (ou les Chinois, mais c’est plus compliqué) et évidement si ces gens sont méprisables nous n’avons pas de raison de suivre leur choix ? Donc, on gagne un renforcement du TINA : There is no alternative et surtout pas investir dans l’industrie comme les Russes. Joignez-y un peu de critique pour annoncer que les soutiens du modèle sont d’horribles méchants d’extrême droite et vous gagnez un soutient beau et moral dans la population trop heureuse de collaborer à son propre sabotage.

Reste le long terme, ce qui traduit les préjugés de nos propres dirigeants. L’objectif de cette guerre était, nous le savons depuis longtemps, de causer la chute de la Russie par les sanctions. Les Ukrainiens devaient par la guerre ajouter des souffrances aux peuples de Russie. Mais pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant d’effort pour causer des souffrances à la population russe considérée comme une cible militaire ? Certes il y a ce crime de la population russe de ne pas être tombée en adoration devant les dirigeants choisis pour eux par les occidentaux : Un Navalny, multi condamné avec une vie d’homme d’affaire rocambolesque. Des libéraux dont le passage au pouvoir conduisit à la liquidation de l’économie soviétique avec les souffrances sociales liées à un tel désastre économique. Après tout, nous le savons, les souverains du monde doivent être adoubés par Washington et ensuite servir les intérêts de leur suzerain. Les Russes ont donc péché par souverainisme, il importe de les corriger avant que le mauvais exemple ne fasse tache d’huile.

Mais il existe d’autres raisons plus profondes à cette haine des Russes. Daniel Arnoux dans ses articles avait exploré l’hypothèse d’un mobile caché suite à la révolution de 1917. Le concept est valable et l’auteur l’a brillamment développé. Toutefois, là, d’autres épisodes historiques me viennent à l’esprit. Le premier est le grand jeu au XIXème, pour les anglo-saxons neutraliser la Russie revient à bloquer le seul acteur naturellement capable d’opérer à l’échelle de l’ensemble de l’Eurasie. Le seul pays capable de nouer des accords tant avec l’Europe qu’avec la Chine. Peu de pays peuvent se vanter d’une telle marge gamme de possibilités. En face, le monde anglo-saxon découvre face à cet océan terrestre, les limites de sa puissance navale.

Il existe un dernier point si peu mis en exergue. Mais, soyons complotistes. Désolé, pas de reptiliens, juste des petits hommes jaunes. La Russie est le premier pays à avoir perdu une guerre contre une puissance non européenne. Eh oui, la guerre de 1905 dont si peu d’entre nous ont entendu parler. Pour la première fois, une puissance « blanche » perdait contre un pays asiatique. Avec la guerre du pacifique les Anglo-saxons ont pu se démarquer. Mais l’humiliation persiste chez ces gens qui vivent les peuples en hiérarchie avec une conception darwinienne de la réalité. Dès lors, leur racisme est là encore, atavique.
Voila, un petit voyage dans le racisme anti russe, les anglo-saxons jettent le masque et donnent aux plus répugnants d’entre nous le droit de collaborer. Sachons au moins mépriser ces gens, car nous seront comptables de leurs errements devant les siècles à venir !

Ni pardon, ni oubli, car l’histoire n’oublie pas, et nous devons choisir entre nous rallier aux gens méprisables ou bien avoir une fois de plus assumer des heures sombres.

Jules Seyes pour Le Média en 4-4-2

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