Le groupe privé Almaviva ferme le seul centre de radiothérapie anticancer de l’Essonne

mise à jour le 22/07/22

Capture Google Maps – Centre de radiologie Ris-Orangis

Le centre de radiothérapie de Ris-Orangis appartient à Almaviva Santé, quatrième groupe de cliniques privées en France. Ce centre est le seul de l’Essonne à être spécialisé dans le cancer. Ses quatre médecins radiothérapeutes prennent en charge 2 200 patients par an depuis une dizaine d’années.


L’équipe a une excellente réputation, mais, depuis début 2020, elle est en conflit avec Almaviva, qui leur loue le plateau technique : « Nous nous sommes rendu compte que l’on payait très cher notre redevance, leurs bénéfices sur le centre dépassaient nos revenus, ce qui est contraire au Code de santé publique. »

L’unique centre de radiothérapie de l’Essonne va fermer

La réponse d’Almaviva a été très simple, sous la forme d’une rupture de contrat. Le préavis prend fin deux ans après, le 31 juillet 2022. Les quatre médecins de haut niveau, Wassim Khodari, Ryan Bouaita, Abdeslem Sedrati et Saada Guet, doivent partir au 31 juillet… pour Almaviva les médecins sont interchangeables : la continuité des soins en cours sera assurée par des équipes… mobiles.

Les autorités de santé soutiennent Almaviva, le propriétaire

Du côté des patients cancéreux, ce départ, qui sera suivi d’une fermeture de l’établissement, suscite une grande inquiétude. Les nouveaux patients devront se tourner vers Thiais (Val-de-Marne) ou Férolles-Attilly et Jossigny (Seine-et-Marne) ou même Paris… à condition de faire beaucoup de route. Le surcoût lié au transport des patients recevant de la radiothérapie dans un centre autre que le plus proche de leur domicile serait de 2 817 481 euros en Île-de-France. C’est la Sécurité sociale qui paie, ce n’est donc pas le problème d’Almaviva.

L’Agence régionale de santé d’Ile de France n’a pas bougé. Faudra-t-il des accidents dus à de mauvaises manipulations comme à Épinal, pour que le savoir-faire de l’équipe actuelle soit reconnu ? Dans Le Parisien, le directeur de la délégation départementale de l’Essonne estime que ce sont les médecins qui ont « mis le bazar, cela n’était plus possible en termes de ressources humaines et d’organisation ». « Ils ont fait vivre un enfer à Almaviva pour des histoires de gros sous. » Selon l’ARS, les actionnaires d’Almaviva seraient des philanthropes en butte à de vulgaires médecins cupides. Vraiment ?

Qui gère Almaviva ?

Le président d’Almaviva Santé depuis 2019 est Yann Coléou. Il a été directeur général du groupe Korian (Ehpad…) de 2012 à 2015, avec un salaire de 3,5 millions d’euros en 2015. Il en a été éjecté. Financièrement rien ne lui est reproché, au contraire ! Il a porté le chiffre d’affaires du groupe Korian de 1,4 milliard d’euros en 2013 à 2,6 Md€ fin 2015. Le motif de sa destitution est son « absence de considération pour le personnel au profit des actionnaires ». Une indemnité de départ de 1,84 million lui a été versée pour atténuer la brutalité de cette éviction. Gageons qu’il a transféré ses méthodes de gestion chez Almaviva et les a appliquées en 2020 à Ris-Orangis.

Almaviva est une holding domiciliée à une boîte postale. En 2021, l’actionnaire principal, le fonds Antin Infrastructure Partners, a cédé ses parts à Bpifrance et Wren House Infrastructure (capitaux koweïtiens). L’opération valoriserait le groupe de 1,5 milliard d’euros. Yves Journel, conseillé par Weil, Gotshal & Manges, a de son côté réinvesti dans la société au travers de SRS, rejoint par SwissLife Asset Managers. L’opération a été conseillée par Arsene, cabinet d’avocat spécialisés dans l’optimisation fiscale (l’évasion fiscale légale). Wren House a été conseillé par Allen & Overy et BDGS Associés. Bpifrance a été conseillé par Bichot & Associés. Almaviva Management a été conseillé par Jeausserand Audouard. Orrick a conseillé Antin Infrastructure Partners.  Se sont également penchés sur l’opération : Lerins & BCW, conseil de Monceau Partners, Family Office de la Famille Liévain, avec Luc Castagnet, Laurent Julienne (associés) et Yohann Saadoun.

Rien que du beau du monde ! Avec un tel vol de rapaces, vous avez compris qu’il s’agit d’une très très grosse affaire. Alors, l’avis des médecins et l’intérêt des malades de l’Essonne, ne comptent absolument pas.

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