La nomination de Hoekstra n’a pas été sans controverse. Lors de son audition devant la commission Environnement du Parlement européen, il a été soumis à un interrogatoire de trois heures. Sa désignation par le gouvernement néerlandais pour remplacer son compatriote démissionnaire, Frans Timmermans, exigeait qu’il obtienne les deux tiers des voix des eurodéputés pour décrocher le poste. Malgré les doutes concernant son engagement en matière d’écologie et de climat, il a finalement réussi à obtenir la confiance nécessaire.
Neil Makaroff, expert en politiques climatiques européennes et directeur de Strategic Perspectives, a exprimé des réserves quant à cette nomination en soulignant que Hoekstra provenait de la droite européenne, le Parti populaire européen (PPE), qui remet en question ses engagements environnementaux. Certains membres du PPE sont même accusés de saper le Green Deal, suscitant ainsi des interrogations quant à la légitimité de sa candidature.
Wopke Hoekstra, ancien du géant du pétrole Shell et de #McKinsey, vient d’être nommé commissaire européen au climat !
Il est aussi cité dans le scandale financier des Pandora Papers.
Les macronistes ont voté pour sa nomination. Ils ne se cachent même plus. pic.twitter.com/RvuCmnHP9x
— Clémence Guetté (@Clemence_Guette) October 5, 2023
D’autre part, le parcours professionnel de Hoekstra ne semble pas indiquer un intérêt particulier pour les questions climatiques. Au contraire, il a travaillé pendant plus de 15 ans, de 2002 à 2017, pour des entreprises défendant les intérêts des combustibles fossiles, notamment Shell et McKinsey. En tant que ministre des Affaires étrangères, il a gagné le surnom de « Monsieur non » en prônant l’orthodoxie budgétaire plutôt que la relance économique et en s’opposant à tout mécanisme de solidarité européen pendant la crise sanitaire.
Suite à une audition parfois tendue, l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint a reconnu avoir entendu de « belles promesses » de la part de Hoekstra, notamment celle de viser une réduction de 90 % des émissions d’ici 2040 par rapport à 1990, en accord avec les recommandations des scientifiques. Cependant, elle souligne que le problème réside dans la mise en pratique de ces promesses. Selon elle, Hoekstra favorise excessivement le recours au marché carbone, une approche jugée insuffisante tant du point de vue des ressources financières que de la protection des populations les plus vulnérables.
🗣 « C’était il y a longtemps, il n’y a pas de conflit d’intérêt à ce stade. (…) Il s’est engagé sur le Pacte Vert. » @LaurenceBoone justifie le soutien de la France pour la nomination de Wopke Hoekstra, un ancien salarié de Shell, au poste de commissaire au Climat. pic.twitter.com/eGGAYsTpwq
— franceinfo (@franceinfo) October 4, 2023
La nomination de Wopke Hoekstra au poste de commissaire chargé du Climat de l’Union européenne suscite donc des interrogations quant à son engagement réel envers les objectifs climatiques, en particulier au sein d’un parti politique qui semble avoir des réticences vis-à-vis des politiques environnementales ambitieuses. La communauté environnementale et les défenseurs du climat disent qu’ils resteront vigilants pour s’assurer que les actes suivront les paroles.
Le Média en 4-4-2
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