Kémi Séba défie l’hégémonie occidentale lors d’un forum à Moscou : « C’est la guerre de Dieu contre le diable »

Les 26 et 27 février avaient lieu à Moscou le deuxième congrès du mouvement international pro-russe et le forum sur la multipolarité. Cette plateforme réunira des intellectuels du monde entier qui prônent ouvertement la création d’une structure mondiale multipolaire fondée sur le respect mutuel.

Dans un contexte où de plus en plus de nations cherchent à contester l’hégémonie occidentale, notamment en Afrique, Kémi Séba observe un changement significatif. Il note que les initiatives de résistance proviennent désormais davantage des populations que des dirigeants politiques. L’exemple du Sahel illustre cette dynamique révolutionnaire, où les efforts pour se libérer de l’influence occidentale sont palpables, inscrivant la multipolarité dans une méta-diplomatie.

@KemiSeba1 lors du forum historique sur la multipolarité en Russie :

« Aujourd’hui, ce n’est plus simplement les peuples du Sud, c’est le peuple des trois quarts de l’humanité qui se réunissent pour parler des problèmes qu’ils ont en commun et qui va tôt ou tard falloir régler.… pic.twitter.com/OHrZQdJVgf

— Marcel D. (@DubreuilhMarcel) March 4, 2024

Interrogé sur l’évolution des relations entre la France et les pays africains, Kémi Séba pointe du doigt le néocolonialisme, se manifestant notamment par des accords de coopération souvent désavantageux pour les nations africaines. Il évoque également le système du franc CFA, conçu pour maintenir une emprise économique française sur l’Afrique. Pour lui, la France cherche à préserver son influence, mais fait face à une désoccidentalisation des esprits et à une contestation croissante de sa politique néocoloniale.

Transcription du discours de Kémi Séba lors du deuxième Congrès du Mouvement Russophile et Forum de la Multipolarité :

Je vous demande, en cette période historique, en ce moment historique, de vous applaudir fortement pour votre présence aujourd’hui, s’il vous plaît.

Je vous demande aussi d’applaudir fortement Monsieur Konstantin Malofeev, le Professeur Alexandre Douguine et le gouvernement russe pour avoir organisé cet événement qui est un événement qui restera plus que jamais dans l’histoire pour les raisons que je vais évoquer d’ici quelques instants. Applaudissez le s’il vous plaît.

Le Sommet de la multipolarité représente, comme d’autres intervenants l’ont brillamment dit, un événement historique, un événement qui s’inscrit dans la continuité des grands sommets de l’histoire de l’humanité qui ont contribué à forger le système de l’égalité et à lutter contre l’iniquité, contre l’inégalité de manière générale, qui était en train de prospérer dans le cadre de l’unique polarité.

Ce sommet s’inscrit dans la continuité de Bandung en 1955, à la différence que, à l’époque, en 1955, c’étaient les peuples à la peau sombre, les peuples du Sud qui s’organisaient, qui se réunissaient pour se parler. Aujourd’hui, ce n’est plus simplement les peuples du Sud, c’est le peuple des trois quarts de l’humanité qui se réunissent pour parler des problèmes qu’ils ont en commun et qui va tôt ou tard falloir régler.

Ce problème s’appelle l’oligarchie néolibérale, l’oligarchie occidentale qui est l’ennemi numéro un du reste de l’humanité, un ennemi qui a entamé une guerre, une guerre mondiale. Tout à l’heure, j’ai entendu dire que la troisième guerre mondiale n’était pas encore arrivée. La troisième guerre mondiale, et là, c’est une guerre géopolitique, c’est une guerre de Dieu contre le diable.

C’est la guerre de ceux qui attaquent la tradition, qui attaque l’identité, qui attaque le rapport au divin, qui attaque et qui détruisent la famille, qui attaque l’amour entre l’homme et la femme, qui attaque l’amour entre les parents et les enfants, qui attaque le rapport entre l’être humain et la nature et l’environnement. C’est la guerre de Dieu contre le diable et c’est important qu’on le retienne réellement. Et dans ce cadre là, toutes les composantes de l’humanité sont réunies.

Aujourd’hui, tous les blocs civilisationnels sont réunis aujourd’hui et j’ai l’honneur de représenter, durant les quelques minutes qui me sont imparties, le continent, celui qui comporte le plus grand nombre de jeunes dans l’humanité, mais le continent qui représente la terre mère de cette humanité, en l’occurrence l’Afrique, est le continent qui, plus que quiconque sur cette terre, a connu ce que signifiait la barbarie de l’oligarchie néolibérale.

Le continent qui, plus que quiconque sur cette terre, a connu la criminalité psychologique à travers l’esclavage, la colonisation et l’impérialisme sous couvert des droits de l’homme tel que l’Occident a voulu nous le montrer. Mais un continent qui, en ce XXIᵉ siècle, a décidé d’être plus que jamais désormais une boussole pour l’humanité.

Une boussole parce que ce continent n’acceptera pas la dégénérescence prônée par l’Occident. Un continent qui n’acceptera pas la destruction promue par l’Occident vis à vis de la nature. La destruction de la famille. La destruction de la spiritualité. Notre continent, qui a été considéré pendant trop longtemps comme la poubelle de l’humanité.

Et le continent qui, en ce nouveau cycle, sera le cycle de la Renaissance, sera le continent de la résurrection, sera le continent de la Résistance. Parce que notre peuple, parce que le peuple africain dans sa globalité, porte en lui même, malgré les discriminations, malgré les multiples humiliations, porte les stigmates de ce que Dieu veut que nous soyons, un peuple qui respecte l’environnement, un peuple qui respecte la famille, un peuple qui respecte la nature et qui respecte son lien au divin, un peuple qui est dans sa dynamique de la spiritualité.

C’est cela la clé pour la résistance et l’établissement de la multipolarité. Si l’Occident ne comprend pas qu’il existe des gens qui sont attachés à ce que Dieu a créé, l’Afrique a décidé plus que jamais en ce XXIᵉ siècle de lui rappeler

Merci infiniment.

Kémi Séba révèle également une lettre du ministère de l’Intérieur français lui signifiant une procédure de déchéance de sa nationalité, en raison de ses activités jugées contraires aux intérêts français. Il voit dans cette mesure une preuve que la France perçoit la voix des Africains comme une menace pour ses intérêts, tout en soulignant que cela renforce plutôt sa légitimité dans la lutte contre l’oligarchie néolibérale.