Faits-divers

Un nouveau décès sur un brancard aux urgences du CHU de Nantes : le directeur, Philippe El Saïr, cherchait à étouffer l’affaire

Pour 2024, on vous souhaite une "bonne santé" pour ne pas avoir à vous rendre dans un hôpital, ou du moins dans ce qu'il en reste... Le mardi 2 janvier, une patiente a perdu la vie aux urgences du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nantes. Cette nouvelle tragédie s'est déroulée alors que les urgences de l'hôpital étaient dans une situation de saturation. L'information n'a été dévoilée que le 10 janvier par le syndicat FO du CHU. Le directeur, Philippe El Saïr, avait préféré étouffer l'affaire. Coincé par la révélation du syndicat, il incrimine le "pic de fréquentation" propre aux périodes de fête. France Info cache autrement la poussière sous le tapis : le décès aurait eu lieu au cours de la prise en charge de la malade.

mise à jour le 12/01/24

Enquête sur la gestion du CHU de Nantes, réformes annoncées par Macron, et réalités du système de santé français.

Avant de prendre la direction du CHU de Nantes en 2020, Philippe El Saïr dirigeait depuis 2013 celui de Brest. Il avait supprimé 168 postes. Avec un excellent résultat : en 2015, l’hôpital présentait un excédent budgétaire. Pur hasard : en 2020, l’absentéisme monte en flèche, des médecins démissionnent, dénonçant « l’hôpital-entreprise » et la recherche de « rentabilité maximale ». Philippe El Saïr a étouffé l’affaire :

« Nous avons décidé de les recevoir individuellement de façon à essayer de bien comprendre la source du malaise. Nous n’allons pas nous précipiter, nous allons les recevoir avant de remplacer qui que ce soit. Ils annoncent vouloir transmettre des propositions, nous les regarderons attentivement. »

Pure coïncidence, une patiente de 61 ans est morte aux urgences de Brest, dans la nuit du 12 au 13 juillet 2018. La faute au 14-Juillet ? Pour Philippe El Saïr c’est du passé. Depuis, en juillet 2020, il a pris la direction du CHU de Nantes. Mais ça recommence !

2022-2023 ce sont également des grèves en cascade. Les agents du CHU de Nantes disent leur souffrance, demandent du renfort, des lits aux urgences.
Pourtant des jobs d’été avaient été proposés aux étudiants. Le salaire annoncé de « 2000 euros net, hors dimanche » avait soulevé l’indignation de soignants étonnés sur Facebook :

« Une honte cette proposition quand on sait que le personnel qui a par moments plus de 30 ans d’ancienneté n’a même pas les 2000 euros à temps plein. C’est véritablement se moquer du personnel présent. »

Alors Philippe El Saïr a organisé un job dating le 19 octobre 2023 pour recruter une centaine de salariés. Presque un rendez-vous d’amour, mais il faut croire que ce speed dating n’a pas donné grand-chose. Les offres d’emploi continuent de s’accumuler sur le site de l’hôpital. La plupart sont des CDD et sans mention de salaire… Les dettes s’accumulent. Le CHU va s’agrandir. Les factures sont revues à la hausse pour atteindre la modique somme de 1,3 milliard d’euros, mais l’État colmate les brèches.

Philippe El Saïr tente un autre moyen de sauver son hôpital tout en prouvant qu’être diplômé en droit n’empêche pas d’avoir du cœur, « Car la santé est notre bien le plus précieux ! » Il se fend d’une soirée caritative (magique !) en octobre 2023. Les dons atteignent 35 200 €.

Si la triste actualité a mis le CHU de Nantes au premier plan, il n’est pas le seul hôpital à être malade. Sur toute la France près de 29 800 lits ont été supprimés entre fin 2016 et fin 2022, correspondant en majorité à la présidence d’Emmanuel Macron.

D’ailleurs, le 22 décembre 2023, sur France Bleu Normandie, en toute franchise, Agnès Firmin Le Bodo n’a pas annoncé de réouverture de lits. Des fermetures de lits dues à un manque de personnel ? Eh bien seulement pour 20 %. La pénurie résulterait, selon les syndicats, des mesures d’économie et de réorganisation du gouvernement.

Emmanuel Macron vient d’annoncer ses vœux pour 2024. Contrairement à sa ministre de la Santé, il est optimiste. Ainsi annonce-t-il la fin de la tarification à l’acte dès 2024. Cette T2A implique une gestion de la Santé sur le modèle de n’importe quelle entreprise vouée à la rentabilité financière. Selon la loi, cette réforme commence en janvier 2025 et non en 2024 comme annoncé par le président et, deuxième mensonge, la tarification à l’acte continuera pour les activités standard. Seuls les soins aigus auront un financement mixte.

Autre déclaration, autre contre-vérité (ou mensonge, c’est comme on voudra) : « On va mettre une décennie » pour apporter des changements « en profondeur ». Malgré la fin du numerus clausus, « on ne forme pas des médecins en un an ou deux ans ». En fait de changement en profondeur, le numerus clausus reste en vigueur sous le nom de numerus apertus, mais Macron continue son jeu de bonneteau.

Suppression des hôpitaux voulue par l’État, gestion des hôpitaux en fonction de leur rentabilité : « Le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade », Jean Castex nous l’avait pourtant bien dit.

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