La France s’indigne de la suspension de ses médias au Niger, mais censure les médias russes Russia Today et Sputnik

mise à jour le 26/08/23

Le gouvernement français a récemment publié un communiqué condamnant très fermement la suspension de la diffusion de France 24 et de RFI au Niger. Dans ce communiqué, la France réaffirme son engagement en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, ainsi que sa détermination à protéger les journalistes et tous ceux qui contribuent à une information libre et plurielle.

Cependant, il est ironique de constater que le gouvernement français semble oublier que la France — avec la complicité de la journaliste de France Inter, Noémie Lair — a elle-même éjecté les médias russes RT France et Sputnik de la plateforme Odysee, les a bannis de YouTube et Facebook, et les a interdits dans l’Union européenne. De plus, la Société Générale avait bloqué les comptes bancaires d’employés de « RT France », mettant 176 salariés, dont plus de 100 journalistes, au chômage. Ces actions semblent contredire l’engagement affiché par la France en faveur de la liberté de la presse.

Et tout cela s’est fait avec la complicité des médias mainstream qui ont approuvé et accompagné avec zèle la censure du gouvernement français. Il semble que les journalistes au service du pouvoir n’hésitent pas à balayer d’un revers de la main La Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes), signée le 24 novembre 1971. Un des devoirs du journaliste est de « Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique. »

Et pour ajouter de l’ironie à l’ironie, les journalistes des médias russes, dans un souci de reconversion, sont allés là où ils étaient libres de s’exprimer : en Afrique. RT avait déposé plusieurs noms de domaine Internet révélateurs de ses projets de développement : Rt-afrique.com, Africa-rt.com, Rtafrica.media, Rtafrique.online, etc. « Il y a (…) 300 millions de francophones dans le monde, et près de 60 % d’entre eux sont en Afrique », justifiait dès mars 2019 Xenia Fedorova, la présidente de RT France, à Jeune Afrique.

Poutine avait annoncé que les médias d’État russes allaient travailler dans les pays africains : TASS, « Russia Today », RT, VGTRK et « Russian Newspaper ». « Nous suggérons de préparer le terrain pour la création d’un espace d’information commun en Russie et en Afrique, au sein duquel des informations objectives et impartiales sur les événements qui se déroulent dans le monde seront diffusées au public russe et africain », avait déclaré Poutine lors du sommet Russie-Afrique.

Il est important que le gouvernement français soit cohérent dans ses actions et ses déclarations en faveur de la liberté de la presse, afin d’être crédible dans sa condamnation des atteintes à cette liberté dans d’autres pays. La liberté d’expression ne saurait être à géométrie variable, n’en déplaise aux premiers censeurs et donneurs de leçons paternalistes du pouvoir français.

Le Média en 4-4-2.

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