Depuis le début l’analyse des opérations en Ukraine repose sur une vision que l’on me permettra de qualifier de seconde guerre mondiale : Des pénétrations rapides dans la profondeur, conçues pour déstructurer le dispositif adverse et si vous échouez vous êtes un moins que rien.
C’est la fameuse doctrine de combat interarmes de l’OTAN où grâce à l’aviation on met hors d’état de nuire les forces adverses sur une zone aussi large que possible autour du couloir de progression où les troupes au sol bousculeront les ennemis survivants avant de nettoyer le terrain et assurer le succès. Cette doctrine a fonctionné, dans les années 1950, 1960. A l’époque les armes antichars lourdes et maladroites se révélaient certes dangereuses mais incapables d’affronter les engins blindés. Les bombes atomiques avaient montré leurs limites contre de telles formations. Les essais de manœuvre et les kriegspiels avaient prouvé l’extrême difficulté de détruire un char.
Les armes atomiques ont, on le voit, leurs limites. Un explosif fonctionne de trois manières différentes :
- Les explosifs soufflants, où l’explosion provoque une pression dans la direction de la moindre résistance.
- Les explosifs brisants, dits à effets dirigés, se dirigent au contraire vers la zone de plus forte résistance pour perforer.
- Les combinés ou mixtes.
La boule thermique (Je passe sur les effets Impulsions ElectroMagnétiques et les retombées radioactives du noyau de la bombe) qui est le principal moyen constitue fondamentalement un explosif soufflant. Le blindage d’un char reste en général sensiblement plus résistant que l’air autour. Alors, bien sûr, l’IEM pouvait mettre à bas l’électronique d’un char, mais les militaires ont appris à s’en protéger. Les retombées radioactives peuvent tuer l’équipage, mais elles mettront des heures voire des jours à agir et là encore les blindés sont conçus pour résister aux environnements nucléaires, bactériologiques et chimiques (El famoso, combat NBC). Ils restent donc en général capables de combattre le temps de finir la percée.
Exit donc les armes nucléaires et au début des années 1970, le char règne en maître, mais, il n’échappera pas à la sagacité du lecteur que nous avons dépassé cette époque depuis maintenant un demi-siècle.
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