Les mesures « sanitaires » passent mal en Guyane, seulement 24,7 % des plus de 12 ans sont complètement vaccinés

mise à jour le 31/01/22

Les grévistes de l’aéroport de Matoury voulaient travailler sans pass sanitaire ni vaccination : ils ont gagné. Des manifestants anti-pass bloquent deux dépôts de carburant, le 18 octobre. La préfecture ferme toutes les stations-service de la région pour éviter une pénurie de carburant des services de secours.

Vaccination : le flop

Les médias annoncent que l’offre vaccinale anti-covid s’accélère en Guyane. En tête de gondole, la population a le choix entre la marque Pfizer et son concurrent Janssen. Les mauvais citoyens guyanais ont refusé cette offre alléchante : seulement 24,7 % des plus de 12 ans sont complètement vaccinés contre le covid au 31 octobre. Il faut dire qu’ils ont été encore plus réticents envers les vaccinations obligatoires contre des maladies importantes : les 11 vaccins et celui contre la fièvre jaune (également obligatoire en Guyane) sont peu administrés. Contrairement à l’injection Pfizer ou janssen, cela n’alerte personne du côté du ministère de la Santé. Le gouvernement ne parle plus d’urgence sanitaire, mais de vigilance sanitaire. Il faut dire que, au 31 octobre, les chiffres sont : zéro décès, zéro contamination (voir graphiques) !

Guyane Décès covid au 31/10/2021
Guyane Décès covid au 31/10/2021
Guyane cas covid au 31/10/2021
Guyane cas covid au 31/10/2021

Alors pourquoi, dans ce contexte, le préfet Thierry Queffelec est-il venu mettre de l’huile sur le feu avec son arrêté du 27 octobre ? Passe sanitaire, restrictions de déplacements, quarantaine, masques, mesures barrières, toute la panoplie y figure bien étalée. Le préfet a-t-il voulu mettre au pas les Guyanais ou les provoquer ? Il leur veut sûrement du bien, et, comme on dit, surtout une bonne santé ! Curieusement cette sollicitude se limite au covid qui ne montre pourtant pas le bout de son nez. Elle ne va pas jusqu’à s’étendre sur les morts dues à la pollution (par le mercure, le plomb, le manque d’hygiène), au défaut de vaccination contre des maladies graves (tuberculose, fièvre jaune…). Ni le ministère ni le préfet ne semblent non plus s’intéresser au système hospitalier dépourvu de neurochirurgie, de radiothérapie… et qui continue de transférer des malades vers la France ou la Martinique.

La (mauvaise) santé en Guyane

Dans un rapport publié le 12 juin 2021, la Cour des comptes dénonce « des difficultés sanitaires persistantes » et appelle à la « responsabilité de la République » sur les risques environnementaux spécifiques.
En Guyane, la mortalité périnatale est la plus élevée de tout le territoire français.
Les inégalités sociales de santé sont criantes. Elles touchent souvent les migrants qui arrivent avec des pathologies avancées, meurent plus vite, plus jeunes, de causes évitables.
Les malades du VIH restent nombreux. Ils sont pauvres et arrivent avec une infection très avancée.
L’obésité (18 % en Guyane contre 12 % en métropole) et la sédentarité (25 % en Guyane contre 22 % en métropole) frappent d’autant plus la population qu’elle est majoritairement pauvre.
Le diabète et l’hypertension artérielle (4 habitants sur 10) sont souvent diagnostiqués trop tard, notamment chez les plus pauvres.
Le taux de syphilis est parmi les plus élevés (94 pour 1000 personnes contre 37 en métropole) ;
La chlamydiose (MST) touche 74personnes sur 1000, contre 38 en métropole).
La Guyane est le seul département français (avec Mayotte) où le paludisme est présent à l’état endémique.
On continue par ce dont les médias et l’État préfèrent ne pas parler : la contamination au mercure due à l’orpaillage. Elle cause retards de développement psychomoteurs et du langage, troubles de comportement, lésions du cerveau et du système nerveux chez le fœtus et l’enfant.

Bidonville en Guyane
Bidonville en Guyane.

Et on poursuit avec le saturnisme — tellement moins intéressant que le covid ! Le saturnisme est causé par les tôles des bidonvilles et les tuyaux en plomb, qui contaminent l’eau et le manioc. Il provoque atteintes du système nerveux, encéphalopathie et neuropathie (20 % des enfants sont contaminés en Guyane, contre 3 % en métropole).

Une urgence politique

En Guyane, où le chômage a doublé (de 7,1 % au 2e trimestre de 2020, il est passé à 14 % au 2e trimestre de 2021), priver volontairement de travail  70 % du personnel soignant, revient à fermer la porte des hôpitaux aux nombreux malades (de pauvreté) et à créer de nouveaux chômeurs. Face à cette urgence politique, Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane, a réuni les élus le 30 octobre. Une motion sera transmise aux députés. Son objectif : il faut que les soignants puissent continuer à travailler, et ce, au moment où beaucoup d’entre eux ne sont pas « encore » vaccinés. L’Assemblée souligne que les empêcher de travailler « constitue un danger pour le maintien du système de santé local déjà disparate, défaillant et par suite, une menace pour l’économie ». Cependant, en signe de soumission, elle appelle « l’ensemble de la population à lutter contre la propagation du virus en utilisant, selon sa conviction et avec rigueur, les protocoles identifiés comme efficaces, à savoir : les gestes barrières, la pratique régulière des tests, la vaccination. » C’était sans compter avec la Caravane pour la liberté, qui a vivement réagi au mot « vaccination », ainsi que d’autres personnes présentes. Les élus leur ont concédé, au tout dernier moment, d’ajouter les « traitements » à la liste des moyens de lutte contre le seul, l’unique virus qui intéresse le ministère de la Santé. Le problème, c’est que s’il existe des traitements, les vaccins perdent toute légalité. Cette motion représente donc plus un compromis qu’un véritable accord. Un peu comme les relations entre la Guyane et la métropole, car un président qui prend la Guyane pour une île, n’est pas l’acteur idéal d’un rapprochement  !

Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.

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