Aux États-Unis, des milliers de militaires refusent le vaccin contre le Covid

mise à jour le 04/03/21

Soldats US

Dans certaines unités de l’armée, le taux d’acceptation du vaccin n’est que d’un tiers
Le 15e groupe médical de Hickam accueille la première vaccination de masse contre le Covid-19 sur la base commune Pearl Harbor-Hickam, le 9 février 2021.

Les militaires états-uniens sont des milliers à refuser ou différer le vaccin contre le Covid-19 pendant que des officiers frustrés s’efforcent de faire taire les rumeurs circulant sur Internet et de trouver les bons arguments pour persuader les troupes de recevoir une injection. Certaines unités de l’armée voient à peine un tiers de leurs effectifs accepter le vaccin. Les officiers en quête de réponses pensent avoir identifié un élément éventuellement convaincant : l’imminence d’un déploiement. Les marins dont les navires ont pris la mer la semaine dernière, par exemple, ont été plus de 80-90 % à choisir de se faire vacciner.

Le général de division de l’Armée de l’Air Jeff Taliaferro, directeur adjoint des opérations de l’état-major interarmées, a déclaré au Congrès mercredi que « de toutes dernières données » suggèrent que tout juste deux tiers des militaires à qui on a proposé le vaccin l’ont accepté.

Ce taux est plus élevé dans la  population générale, qu’une récente enquête de la Kaiser Family Foundation a estimé à environ 50 %. Mais le nombre important de soldats qui refusent le vaccin est particulièrement inquiétant car ils vivent, travaillent et combattent dans des environnements où la distanciation « sociale » et le port de masques sont parfois difficiles.

La résistance des militaires survient également alors que les troupes se déploient pour administrer le vaccin dans le pays et que les dirigeants espèrent que les militaires états-uniens donneront l’exemple à leurs concitoyens.

« Nous nous efforçons toujours de déterminer quel message et quelle stratégie adopter pour pousser les gens à se faire vacciner », a déclaré le général de brigade Edward Bailey, chirurgien au commandement des forces armées. Il a affirmé que, dans certaines unités, seuls 30 % des effectifs ont accepté de se faire vacciner alors que, dans d’autres, ce pourcentage oscille entre 50 et 70 %. Le commandement des forces armées supervise d’importants corps de l’armée régulière et de réserve, ainsi que de la garde nationale, soit environ 750 000 soldats sur 15 bases.

À Fort Bragg, en Caroline du Nord, où plusieurs milliers de soldats se préparent pour de futurs déploiements, le taux d’acceptation du vaccin est d’environ 60 %, a déclaré Bailey. Ce n’est « pas aussi élevé que nous l’aurions espéré pour le personnel en première ligne », a-t-il déclaré. Bailey a entendu toutes les excuses. « Je pense que la plus amusante que j’ai entendue était : “ L’armée me dit toujours ce que je dois faire alors, quand ils m’ont donné le choix, j’ai dit non” », a-t-il dit.

Les officiers ont mené une intense campagne en faveur du vaccin. Ils ont organisé des réunions publiques, écrit des messages aux forces armées, diffusé les données scientifiques, posté des vidéos et même des photos des dirigeants en train de se faire vacciner.

Pendant des semaines, le Pentagone a affirmé ne pas savoir combien de soldats refusaient le vaccin. Mercredi, ils n’ont fourni que quelques informations sur leurs premières données. Les responsables de différents services ont cependant déclaré dans des interviews à The Associated Press que le taux de refus varie considérablement avec l’âge, l’unité, le lieu, le statut de déploiement et d’autres facteurs intangibles.

Étant donné ces variations, il est plus difficile pour les dirigeants de déterminer quels arguments en faveur du vaccin sont les plus convaincants. La Food and Drug Administration a autorisé l’utilisation en urgence du vaccin, la vaccination se fait donc sur la base du volontariat. Mais les responsables du ministère de la Défense disent qu’ils espèrent que cela va bientôt changer.

« Nous ne pouvons pas encore la rendre obligatoire », a déclaré la semaine dernière le vice-amiral Andrew Lewis, commandant de la 2e flotte de la Marine. « Je peux vous dire que nous allons probablement la rendre obligatoire dès que possible, comme c’est le cas pour la grippe. »

Une quarantaine de marines de Californie ont récemment été réunis pour une séance d’information donnée par du personnel médical. Un officier, qui n’était pas autorisé à rapporter publiquement les conversations privées et qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, a déclaré que les Marines sont plus à l’aise pour poser des questions sur le vaccin en petits groupes. L’officier a déclaré qu’un Marine, citant une théorie du complot fausse très répandue, a dit : « J’ai entendu dire que ce truc est en fait un dispositif de pistage. » Le personnel médical, a dit l’officier, a rapidement démenti cette théorie, et a montré le téléphone portable du Marine, indiquant que c’est un dispositif de pistage efficace. D’autres questions fréquentes ont tourné autour des possibles effets secondaires et des problèmes de santé, entre autres pour les femmes enceintes. Les responsables de l’Armée de Terre, de la Marine et de l’Air disent qu’ils entendent tous à peu près la même chose.

Le corps des Marines est relativement petit et les soldats sont en général plus jeunes. Comme dans la population générale, les membres les plus jeunes sont plus enclins à refuser ou à demander à attendre. Les officiers ont rapporté que, dans de nombreux cas, les soldats les plus jeunes disent avoir eu le coronavirus ou connaître d’autres qui l’ont eu, et en avoir conclu que ce n’était pas grave. Bailey a déclaré : « Ce qu’ils ne voient pas, c’est que des jeunes de vingt ans ont été très malades et ont été hospitalisés ou sont morts, ou que des gens qui semblent aller bien ont développé des maladies pulmonaires et cardiaques. »

Les déploiements représentent une lueur d’espoir pour les responsables de la vaccination

Lewis, basé à Norfolk en Virginie, a déclaré la semaine dernière que les marins de l’USS Dwight D. Eisenhower, qui opère dans l’Atlantique, sont environ 80 % à avoir accepté de se faire vacciner. Les marins de l’USS Iwo Jima et ceux de la 24e unité expéditionnaire maritime, qui sont également déployés, ont accepté à plus de 90 %. Selon Bailey, l’armée envisage de réduire la période de quarantaine de deux semaines pour les unités déployées en Europe si les militaires sont largement vaccinés et si le pays hôte est d’accord. Les troupes états-uniennes présentes en Europe pourraient réduire la période de quarantaine à cinq jours si 70 % de l’unité sont vaccinés, et cette mesure incitative pourrait fonctionner, a-t-il dit. Le taux d’acceptation diminue chez ceux qui ne sont pas déployés, ont déclaré les responsables militaires.

Humour, information sans pression hiérarchique, arrivent à vaincre les réticences

Le général James McConville, chef d’état-major de l’armée, a utilisé sa propre expérience pour encourager les troupes à se faire vacciner. « Quand ils m’ont demandé comment ça se passait, je leur ai dit que c’est beaucoup moins pénible que certaines réunions auxquelles je participe au Pentagone. »
Le colonel Jody Dugai, commandant de l’hôpital communautaire de l’armée Bayne-Jones à Fort Polk en Louisiane, a déclaré que jusqu’à présent les conversations impliquant huit à dix personnes d’une même unité ont été fructueuses, et que le fait d’obtenir plus d’informations aide.
Au Centre d’entraînement de préparation conjointe de Fort Polk, le général de brigade David Doyle doit relever un double défi. En tant que commandant de la base, il doit persuader les quelque 7 500 soldats présents sur la base de se faire vacciner et il doit s’assurer que les milliers de soldats qui entrent et sortent à vélo pour les exercices d’entraînement sont en sécurité. Il rapporte que le taux d’acceptation sur sa base se situe entre 30 et 40 % et, le plus souvent, ce sont les jeunes soldats qui refusent. « Ils me disent qu’ils n’ont pas une grande confiance dans le vaccin parce qu’ils pensent qu’il a été mis au point trop vite », a-t-il dit. De hauts responsables de la santé ont attesté de la sécurité et de l’efficacité du vaccin. Selon lui, il semble que les pairs soient souvent plus influents que les supérieurs pour persuader les troupes – un sentiment partagé par Bailey, chirurgien du commandement des forces armées.

– Source : Thousands of service members saying no to Covid vaccine
– Une traduction du « Média en 4-4-2 » par theAlpman

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