Microsoft remplace ses journalistes par des robots, mais étaient-ils encore des journalistes ?

mise à jour le 15/02/21

Microsoft remplace les journalistes

Les fantasmes sur l’intelligence artificielle et les robots qui prennent la place de l’Homme existent depuis longtemps. Ils sont devenus réalité et les robots sont acceptés dans la mesure où ils permettent d’effectuer des tâches  rapidement, sans risque et sans fatigue.

Le meilleur des mondes prend un nouveau visage avec cette annonce de Microsoft : les journalistes sur MSN.com vont être remplacés par des algorithmes. Les actualités du site Web MSN seront générées par une intelligence artificielle. À partir de juillet prochain, les actus des pages d’accueil du site MSN et du navigateur Edge ne seront plus choisies dans les autres médias par des journalistes. Lors du lancement de MSN News en 2018, Microsoft avait déclaré employer plus de 800 personnes dans 50 bureaux différents, pour éditer et publier le contenu d’information de ses sites Internet. On ne sait pas combien de salariés sont affectés par cette mesure, mais Business Insider a évoqué 50 suppressions d’emplois aux Etats-Unis. 

Des journalistes peuvent-ils être remplacés par des robots ?
L’intérêt de l’Intelligence Artificielle est de dégager du temps aux journalistes pour qu’ils puissent faire leur métier (enquêtes, vérification des sources, écriture, etc.). Les journalistes de MSN ne vérifient pas la véracité des articles qu’ils se contentent de tirer des médias mainstream. Ils suivent l’actualité de diversion, tout en évitant les contenus violents. Pas plus d’investigation que de sens critique : un robot bien programmé peut les remplacer. 

Des robots-journalistes sont déjà à l’œuvre
De nombreux médias utilisent l’intelligence artificielle dans leurs salles de rédaction. Le Monde, l’Associated Press et le Washington Post utilisent des logiciels pour collecter automatiquement des informations et écrire des articles répétitifs (météo, rencontres sportives, Bourse, résultats d’élections, résultats d’entreprises). Forbes utilise un robot pour rechercher du contexte et des sources afin de faciliter (et/ou d’orienter) la tâche des journalistes. La retranscription d’interviews audio ou vidéo peut être confiée à des machines. Elles peuvent aussi traduire des textes longs en plusieurs langues.

La crise sanitaire va-t-elle accélérer l’usage des robots ?
Dans le contexte de distanciation sociale, les robots prennent la place des humains dans les laboratoires pour réaliser les tests, ou dans les espaces publics pour désinfecter les zones fréquentées. Pour Microsoft, il ne s’agit pas d’une décision économique liée à la crise, mais plutôt d’un changement de stratégie.

Quel mécanisme de régulation face à la concurrence des robots ?  
D’après l’OCDE, 16 % des emplois en France pourraient disparaître en raison de la robotique d’ici une vingtaine d’années. Dès lors, l’instauration d’une taxe sur les robots pourrait servir à l’établissement d’un revenu universel. Coucou ! revoilà les projets du Forum économique mondial de Davos.

Appliqué à FranceSoir, un robot aurait-il pu écrire trois des articles récents de l’actualité ?
Article 1, LancetGate : surgisphere, la société qui a élaboré la collecte des données à l’étude, est-elle sérieuse ?  Un robot aurait pu collecter, mettre en page et pré-rédiger 80 % de l’article, une grande partie de l’information étant disponible sur internet.  Le robot aurait potentiellement pu valider les informations et la cohérence (démultiplication des informations, qualité des sources).  Un robot aurait pu aussi écouter les vidéos, regarder les images, corriger la syntaxe et l’orthographe et s’apercevoir de points communs invisibles à l’œil nu. Un outil adéquat pour la détection des signaux faibles qui peuvent avoir de l’importance. Cela demanderait une programmation complète du robot pour chercher approximativement 40 diverses sources.  Il reste cependant à finaliser l’analyse et mettre en forme, un travail éditorial qui jusqu’à présent reste encore l’apanage de l’humain.

Rendement du robot : 80 à 90 % avec un gain de temps évident
Article 2 : LancetGate : quel rôle joue le laboratoire Gilead qui développe le Remdesivir?  Encore une fois la collecte d’information n’est ici pas un problème.  Ce qui devient un défi pour un robot, c’est de faire le détail de l’analyse financière, son interprétation et en dégager des conclusions.

Probablement 50 % de l’article peuvent être robotisés
Article 3 : Gestion de l’épidémie: les départements 13 et 92 (hôpital Poincaré) de bons élèves ? Cet article est en apparence le plus facile à faire pour un robot.  Cependant c’est aussi celui qui demande le plus d’analyse et de modélisation. Il faudrait mettre bout à bout plusieurs robots pour effectuer ce travail qui comporte beaucoup d’analyses et de comparaisons. Un robot peut être capable de le faire s’il est bien programmé, mais la programmation est plus longue que la rédaction dans ce cas précis. 40 % de l’article peuvent être robotisés.

Le journalisme a encore de beaux jours devant lui, pour l’analytique, le rédactionnel et le titrage. Cependant l’aide de robots permettra de détecter des schémas, des corrélations et des relations causales de façon systématique et rapide. Le problème principal, outre la perte d’emploi causée par l’usage de robots, est d’ordre purement éditorial. Les algorithmes font émerger les informations que leurs créateurs peuvent (et veulent) artificiellement pousser, là où l’humain fait appel à sa culture, son vocabulaire, son point de vue, son expérience de vie, ses croyances… pour délivrer un message qui donne son angle de vue, afin de le confronter à d’autres avis et réalités.  

Source : France Soir

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