Ukraine : le game-changer, motif récurrent au cœur de la propagande

mise à jour le 31/07/23

Le problème du game-changer est au cœur de la propagande occidentale. Vous savez cette arme magique qui va tout changer et transformer le désastre ukrainien en une victoire bien méritée par cette brillante démocratie (ne vous étranglez pas, ce n’est qu’un mensonge stupide de plus, mais cet article abordera un autre thème).


Bref une maladie mentale, bien plus grave qu’un caprice de sale gamin. Il est lié au fait que les nazis nous ont contaminés via les rapports allemands. Après la seconde guerre mondiale les archives de la Wehrmacht étaient restées à Berlin et sont tombées aux mains des Soviétiques. Eux pouvaient donc analyser les deux côtés du conflit ainsi que les opérations occidentales. Nous, nous devions bricoler et le pentagone a accompli son travail : il a regroupé tous les généraux allemands disponibles et les a chargés d’écrire une masse de rapports sur le conflit. L’approche était censée, mais évidement, ces hommes espéraient bien reprendre du service dans une nouvelle armée allemande et ils avaient un intérêt à nous vendre leur compétence. Ils ont donc rédigé les documents sur la base du mythe suivant : nous étions les meilleurs avec des armes parfaites et si Hitler et la supériorité numérique des Soviétiques qui écrasaient ces pauvres généraux de leurs vagues d’infanteries (ah oui, si vous vous demandiez d’où vient le mythe des vagues d’attaques où les Russes envoient leurs hommes à la boucherie, ne cherchez pas plus loin) n’avaient pas représenté un défi insurmontable, les brillantissimes miliaires allemands auraient gagné.

Ils avaient raison et c’était leur travail, sauf que les occidentaux, comme de grands enfants, ont avalé l’appât, l’hameçon et la ligne avec et se sont convaincus qu’en agissant de même, eux aussi pourraient devenir grands, beaux et forts, des dieux de la guerre comme les généraux allemands (au passage ne cherchez pas plus loin la cause du mythe des SS super soldats ou le nombre de biographies de Manstein). Sur cette faiblesse nous avons formé les officiers des États-Unis, puis, merci l’OTAN les autres occidentaux. Le procédé a contaminé le département d’état, l’administration américaine grâce au prestige du pentagone (si on fusionne l’industrie US et le talent des Allemands il y aura une armée invincible, vous la voyez en Ukraine. Non ?) et ensuite l’Union européenne avant de se transmettre à nos élites nationales.

Voilà comment on en arrive à la situation actuelle avec une guerre (appelons un chat un chat) contre une puissance trop forte pour nous alors qu’elle ne devrait pas l’être. Qu’importe : nous vaincrons, car nous avons les meilleurs hommes, les meilleures armes. Voila ce que cela dissimule : une supériorité raciste ! Nous ne voulons pas gagner ce conflit et reconstituer l’Ukraine, nous voulons valider cette image de nous. Sauf que cette image est fausse. Nous avons eu un avantage, car nous étions les premiers à entrer dans la modernité. Lorsqu’un soldat tirait dix balles à la minute là ou l’ennemi avait une lance ou un coup en deux minutes, ça donnait l’illusion. Mais qui était bon ? Le soldat blanc occidental ou le fusil ? Maintenant la modernité s’est répandue et ce différentiel a disparu. D’où notre engagement dans le technologisme pour récréer cette illusion de supériorité. Nous suivons exactement cette stratégie dans le conflit en Ukraine. Nous vaincrons, car les Russes sont mauvais, nuls, pleins de Vodka (et rajoutez encore un peu de racisme.) Et ça, ça nous fera perdre, non seulement les combats en Ukraine, mais aussi les suivants. Ce n’est pas un hasard si nos armées ont échoué en Irak, en Afghanistan et maintenant en Ukraine. Car nous refusons de reconnaître l’ennemi dans son altérité. Alors, on a ce préjugé, ensuite on le rationalise : les armes à longue portée sont une spécialité occidentale (nous avons des missiles compacts, pas les Russes et nous étions les premiers à déployer ces systèmes.).

Reste alors à démontrer leur utilité : j’ai vu hier une vidéo où l’auteur affirmait que le réseau de chemin de fer russe au sud vulnérable et chaque mot était sûrement une perle de vérité. Voilà le rationnel. Si les Ukrainiens, grâce à nos Sieg Heil de missiles (et oui, c’est lui qui a commencé avec les Wunderwaffe, ça vous rappelle des souvenirs ?) coupent les ponts. Les Russes n’auront plus d’approvisionnement et devront reculer. Alors maintenant, comment ça marche ? Eh bien regardez ce que monsieur Sieg Heil n’a pas mis dans sa vidéo (je vous incite à toujours chercher ce qui n’est pas dit) :

  • Le réseau ukrainien n’est pas comparé (ont-ils les mêmes vulnérabilités ?)
  • Les Russes peuvent-ils compenser (au moins localement) avec des camions ?
  • Les Russes ont-ils des stocks avancés ?

Et là, la conclusion : regardez 40 ATACM /Storm Shadows… vont couper les réseaux russes, ils n’auront plus de ravitaillement et devront rendre le territoire injustement occupé. Intégrez les éléments supplémentaires que je vous indique et cela devient : on va lancer des missiles avec une quantité d’explosifs faible qui vont faire des dégâts limités. Les gars des brigades russes de chemins de fer vont être mécontents, ils devront se lever, réparer et en quelques heures/jours remettront les lignes de ravitaillement en marche et les trains seront déchargés avec du retard (vous savez comme à la SNCF).

Voila les bases de notre propagande et le miroir pas gentil que cela donne de nous. Et malheureusement, c’est aussi cela qui fait que l’occident se plante. Nos préjugés nous ont conduits à nous croire intrinsèquement supérieurs aux autres humains dans le monde car en raison d’un incident de l’histoire nous avions une légère avance dans la modernité. Alors, nous n’écoutons plus, nous enterrons dans une confiance insensée en nous-mêmes et nous remplaçons le travail (intellectuel ou physique) par la complaisance et l’idée que par un commandement divin le reste de la planète va nous approvisionner, car bien évidement nous le valons bien (vous aurez reconnu le slogan, mais ça aurait pu être le moustachu furieux). Donc, les Russes sont en train de nous donner une fessée carabinée, plus que méritée? pour nous corriger de nos mauvaises habitudes, mais nous nous y sommes tellement vautrés que nous n’écoutons pas !

Entre nous, les Russes auraient dû lire Dolto et apprendre que les enfants ne se corrigent pas avec des fessées. Ça mérite bien de les punir non ?

Jules Seyes pour Le Média en 4-4-2

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