À la fois député français et proche de Benyamin Netanyahou, Meyer Habib joue un rôle diplomatique actif dans les relations franco-israéliennes. Portrait d’un homme dont le positionnement pro-Likoud pose question et qui, selon les informations des journalistes Frédéric Métézeau et Emmanuelle Elbaz-Phelps, n’a pas déclaré aux autorités françaises tous ses intérêts économiques.
Parlementaire, mais aussi diplomate sans fonctions officielles
Peu à peu, Meyer Habib devient le conseiller et le représentant de « Bibi » [surnom de Benyamin Netanyahou], ce qui lui permettra de participer à plusieurs entretiens entre Benyamin Netanyahou et des personnalités françaises. Porte-parole de l’ambassade d’Israël à Paris au début des années 90, puis ambassadeur de son pays en France de 2006 à 2010, le diplomate israélien Daniel Shek en a fait les frais : « J’ai croisé Meyer très souvent. Il se permettait certaines prétentions de représentation quasi officielle d’Israël, ou du moins de son Premier ministre auprès des instances françaises. »
« Lors d’un entretien entre Netanyahou et Sarkozy, Netanyahou m’a demandé de ne pas assister à l’entretien, alors que Meyer Habib y a participé. C’est problématique. Le Premier ministre a évidemment le droit d’inviter qui il veut. Mais l’ambassadeur est normalement considéré comme le représentant officiel de l’État d’Israël en France. »
Daniel Shek, ambassadeur d’Israël en France de 2006 à 2010
à Franceinfo
« Si vous ne me mettez pas dans la délégation française, j’irai dans la délégation israélienne »
Entre 2009 et 2021, alors que Benyamin Netanyahou dirige le gouvernement israélien, Meyer Habib devient un acteur incontournable des relations franco-israéliennes. Lors de la visite officielle de François Hollande en Israël et en Cisjordanie en novembre 2013, une personnalité française invitée du voyage, connue pour ses positions pro-palestiniennes, se souvient : « Quarante-huit heures avant le voyage, l’Élysée me dit que je ne suis plus le bienvenu. Après m’être directement adressé à François Hollande, j’apprends que c’est sous la pression de Meyer Habib. » Un ministre de l’époque, proche du chef de l’État, raconte : « Il a voulu s’imposer dans la délégation présidentielle et a demandé à assister à tous les entretiens. Il a même menacé : si vous ne me mettez pas dans la délégation française, j’irai dans la délégation israélienne. » Meyer Habib ne participe finalement pas aux discussions entre François Hollande et les officiels israéliens. Il est cependant présent le soir au dîner d’État, au cours duquel les convives chantent « La vie en rose » et où il joue de la guitare.
Des actions de sociétés non déclarées
Benyamin Netanyahou à peine remplacé, la cellule d’investigation de Radio France s’est courageusement élancée sur la piste son fidèle ami Meyer Habib. Et il apparaît, à la lecture de documents officiels israéliens, que ce dernier est actionnaire de trois sociétés de droit israélien non déclarées, contrairement à ses obligations légales. Il s’agit de :
– Raananel Ltd : une société d’investissement immobilier enregistrée le 14 juillet 2005 où il est actionnaire à 7 % en tant que citoyen français.
– Hamishpaha Haviva devenue Mishpahat Liliane : société enregistrée le 24 novembre 2014 où il a été actionnaire à 80 % jusqu’au 18 mai 2021 en tant que citoyen israélien. Cette société détient elle-même 3,33 % de la société immobilière Ariel Projet Geula 14-18 LTD enregistrée le 16 juillet 2004.
– Track Performance : créée le 7 novembre 2005 au consulat d’Israël en France, puis enregistrée au registre des sociétés en Israël le 23 février 2006 où il est actionnaire à 25 % en tant que citoyen français (structure mise en sommeil).