Enquête en 4-4-2 : Loopsider, qui est derrière ce média d’information en vidéo ?

mise à jour le 04/03/21

Voilà encore un pure player qui s’adresse aux jeunes générations uniquement par le biais des réseaux sociaux. Etonnamment très proche du gouvernement, il se revendique concurrent de Brut, il a été créé par cinq associés.

Créateurs

Giuseppe De Martino : il travaille au sein de la direction juridique d’Arte et de Skyrock dans les années 90. Il rejoint AOL en tant que directeur juridique et réglementaire jusqu’en 2007, puis directeur juridique et secrétaire général de Dailymotion qu’il a vendu à Vivendi.
Il est également président avec Pierre Kosciusko-Morizet de l’ASIC, créé en 2007 par AOL, Google, PrinceMinister, Dailymotion et Yahoo ! et qui réunit d’autres gros groupes comme Microsoft, Amazon (jusqu’en 2018), Facebook, Twitter, Netflix et Loopsider.

Cette « association » qui prétend aider à « promouvoir » le « nouvel Internet » est en réalité une agence de lobbying, avec une activité de 100 000 euros, pour ce qui est déclaré officiellement à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Cette association est aux premières loges sur tous les sujets qui concernent les lois numériques proposées par le gouvernement français ou la Commission européenne.

Il côtoie le gouvernement de 2011 à 2012 en devenant membre du CNNum (Conseil national du Numérique) créé par Nicolas Sarkozy et dont le rapport est écrit, comme nous le verrons dans un prochain article sur Melty, par Pierre Kosciusko-Morizet alors patron de PriceMinister… le monde est petit !

Il collabore à la création et rédige des articles pour Slate jusqu’en 2013, il est relayé encore aujourd’hui par l’Altantico pure player dont Niel est actionnaire, et dans Stratégies (le magazine qui appartient à Papazian) apparemment jusqu’en 2017.

Il est aussi actionnaire et administrateur du réseau social du cinéma et de traitement de données Vodkaster et du site d’achat-vente-visionnage Riplay.

Il est le president de JAG à partir de juin 2019 (la société éditrice de Loopsider) et donc de Loopsider via sa société Itaque G2M Conseil.

Arnaud Maillard : il fait partie de l’association de De Martino, Media Club, qui affiche sur son site sa biographie. Il fait les mêmes études que De Martino dans les mêmes locaux (copinage). Maillard travaille chez AOL de 1996 à 2002 au développement de contenu et de partenariat internet en tant que directeur de programmation et directeur stratégique de contenu à la même époque que De Martino et donc se retrouve probablement autour de la création et des opérations de lobbying de l’ASIC.

En 2008, il rejoint le média Eurosport détenu par TF1 en tant que directeur développement/marketing, production éditoriale et Multimédia. En 2014, après le rachat de la chaîne par Discovery Communications, il cumule avec le poste (encore en poste aujourd’hui) de vice-président du secteur des médias numériques de la branche Discovery Networks International.

Il est co-directeur général de JAG via sa société Timely Media. et il est co-fondateur et chief operating officer de Loopsider.

Johan Hufnagel : comme nous le verrons pour Slate dont il est le co-créateur en France, Hufnagel, est le créateur des premières versions en ligne de Libération en 2001 puis rédacteur en chef de 20 minutes, puis du site de Marianne. A partir de 2014, il sera à la tête du journal Libération avec Laurent Joffrin au moment du rachat du journal par Altice Media Group où il participera à créer une politique de « discrimination positive ».
Il se trouve aussi que son frère Charles Hufnagel est le directeur de la communication de Matignon auprès d’Édouard PhilippeJohan Hufnagel est le codirecteur général de JAG, la maison mère de Loopsider.

Franck Papazian : deuxième actionnaire de Loopsider à sa création, il commence sa carrière au groupe Accord au service marketing des hôtels Mercure, passe par Publicis puis il rejoint la direction du groupe RTL. En 2002, il fait l’acquisition de MediaSchool qui s’est agrandie jusqu’à engloutir trente écoles en France et à l’international essayant de se positionner en tant que leader dans les domaines de l’éducation, du numérique, de la communication et du journalisme, avec notamment l’European Communication School et l’Institut européen de Journalisme. Il crée aussi l’IMM (Institut de formation pour cadres et dirigeants), qui forme tous ceux qui dirigent ou entrent dans les grands groupes… (voir ceux qui y sont passés !).

Le groupe détient également des médias et une trentaine d’événements. Il fait l’acquisition de CBNews, d’INfluentia, de Stratégies, du Cristal Event et a investi dans Libération en 2014 dans le cadre du plan de sauvetage lancé par le groupe Altice.

En tant que coprésident du CCAFF, Franck Papazian, qui dans cette fonction est plus souvent désigné sous le nom de Mourad Papazian, a ses entrées et de l’influence auprès des gouvernements successifs de Sarkozy, de Hollande puis de MacronIl participe à la création de Loopsider et investit à hauteur de 8% dans le pure player. Papazian y occupe le poste d’administrateur.

Bernard Mourad : il sort de Science Po et d’HEC, et commence sa carrière en 2012 au sein de la banque américaine Morgan Stanley installée à Londres (qui a au passage The Vanguard Group comme actionnaire) où il est nommé directeur de la branche technologie media et télécoms.

De retour à Paris en 2006, directeur general chez Morgan Stanley, il développe des relations avec Xavier Niel qu’il conseille sur le rachat de l’opérateur Alice, et surtout avec Patrick Drahi qu’il aide en 2014 avec Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie, au rachat de SFR par Altice (groupe de Drahi) et à son introduction en Bourse. Mourad connaît Drahi depuis 2004, et le conseille dans ses investissements.

Après cette opération, il quitte la banque Morgan Stanley, et Drahi le nomme directeur d’Altice Media Group en 2015 comme un retour de faveur après l’avoir aidé au rachat de tout le complexe médiatique dont Mourad détient une partie du capital. Altice (et Mourad en tant qu’actionnaire) détient Libération, L’express, I24News, NewsEco et BFMTV, RMC entre autres, depuis la création en 2015 puis du rachat en 2016 du groupe NextRadioTV d’Alain Weill.

En 2016, Mourad revend ses parts et quitte la direction d’Altice Media Group, pour rejoindre l’équipe de campagne de Macron comme conseiller spécial sur les questions économiques, mais surtout comme directeur de campagne. Par ailleurs, son frère, Jean-Jacques Mourad devient le conseiller santé de Macron avant de quitter le gouvernement à cause de conflits d’intérêts.

Après la campagne, il déclare partir du gouvernement pour intégrer la plus grande banque américaine, Bank of America (The Vanguard Group et Black Rock Fund Advisors qui fait acquérir à la Bank of America 87 milliards de fonds monétaires, font partie de ses actionnaires) en tant que directeur à Paris, fonction qu’il quittera un an après en 2019.

Mourad est aussi écrivain à ses heures perdues, et ses livres traduisent les penchants mondialistes qui l’animent. Comme avec Attali, on se demande si son livre n’est pas à lire comme le manifeste d’une prophétie auto-réalisatrice : 

« « Les actifs corporels“ raconte lhistoire dun homme introduit en Bourse, coté, jaugé comme un produit financier. » (source : Vanityfair)

En 2017, en parallèle de la campagne de Macron et avant son intégration à la Bank of America, il participe à la création et au lancement en janvier 2018 de Loopsider dont il occupe le poste de président.

Brigitte Macron, Christophe Barbier, Emmanuel Macron et Bernard Mourad (photo : Paris Match)

Mourad, en plus d’être le conseiller spécial sur le plan économique, l’est aussi sur le plan médiatique et entretient des rapports très proches avec Macron (lire cet article mielleux mais édifiant…). L’article nous fait bien comprendre que la relation Mourad/Macron fonctionne comme un duo de longue date dont l’un est dans l’ombre tandis que l’autre s’affiche.

Ce même article nous indique que les deux hommes sont amis depuis plus de quinze ans, (Mourad a aidé Macron à entrer chez Rothschild), et qu’ils partagent les mêmes idéaux. C’est lui qui travaille en coulisse et aide Macron d’abord lorsque celui-ci est au poste de conseiller de Hollande, puis lorsqu’il devient secrétaire général adjoint et enfin ministre de l’Économie.
En 2011, il envoie à Macron une note de 17 pages, sur le programme économique à mettre en œuvre durant le quinquennat de Hollande. Mourad (alors directeur de Morgan Stanley) et Macron (sorti de chez Rothschild) participeraient-ils à brader la France aux banques depuis un bon moment ? En tout cas, Mourad est souvent invité au Palais, il y introduit ses clients comme Drahi. On suppose facilement qu’ils suivent les mêmes objectifs depuis très longtemps.

Par ailleurs, il ne s’occupe pas que des questions économiques mais est consulté sur le fond, la forme et la stratégie, sur absolument tous les sujets médiatiques et politiques. Il aide Macron à travailler son image. Mourad s’amuse de la candidature de Macron et lui lance ironiquement que « sur un malentendu ça peut marcher ».

Leur relation est d’autant plus proche qu’il lui envoie aussi des messages très personnels à coup de « tiens bon mon lapin », de « love u » ou pour le meeting porte de Versailles, « Je viens avec une perruque rose et un string En marche ! tas intérêt à être bon », à se demander quelle est la nature de leur relation dans le domaine privé… Ça illustre bien en tout cas les rapports de proximité qu’entretient le créateur de Loopsider avec Macron.

En 2016, Mourad affirme avoir imposé Macron en gros plan en couverture de L’Express et en 2017, avoir organisé l’interview de Macron avec Barbier alors directeur du même magazine. Mais il ose nier dans un article dans Le Monde l’influence qu’il affirme par ailleurs… Et ce pauvre Barbier qui essaye encore malgré cela, de nous persuader dans le même article de son indépendance… Alors même que quelque temps avant, il est rapporté que Mourad pique un violent coup de sang quand les salariés de L’Express demandent des garanties d’indépendance.

Mourad entre à la Bank of America alors que la banque américaine part de la City en prévision du Brexit et s’implante en France dans l’objectif de reconquérir des parts de marché dans le conseil en fusions et acquisitions du pays. Les bureaux de la banque sont installés sur les Champs-Elysées grâce à Bruno Lemaire, et malgré les démentis, on remarque, comme par un hasard fortuit, que cette banque où Mourad occupe le poste de président, se charge du dossier sur la privatisation d’Aéroports de Paris voulue par Macron.

Les connivences des cinq collaborateurs de Loopsider

L’alliance des cinq membres de Loopsider ne s’est pas faite par hasard. Ils se connaissent tous de longue date. Lorsque Mourad s’occupe du rachat d’Altice Media Group, Hufnagel est nommé à la direction de Libération. Par ailleurs, ce dernier connaît De Martino, probablement en tant qu’homme influent et lobbyiste du Web à travers l’ASIC, mais surtout parce qu’il a été rédacteur chez Slate dont Hufnagel est le co-créateur.

Lors du rachat de Libération par Altice, Papazian en devient actionnaire et témoigne de son rapprochement avec Mourad et Hufnagel au moins sur le plan économique.

Et enfin, Arnaud Maillard alors vice-président de Discovery Europe, déjà proche de De Martino (passés par AOL tous les deux), s’est probablement rapproché de Mourad et Papazian, au moment du partenariat entre Altice Media Group et Discovery effectué en 2016.

De plus, on a vu qu’à différents niveaux, Mourad, Papazian, De Martino et Hufnagel avaient leurs entrées au gouvernement français.

Loopsider un point de vue unilatéral

Loopsider est lancé officiellement en 2017, et d’après les informations présentées précédemment il semblerait qu’il soit un pure player très proche de l’Elysée. Le média fonctionne sur le principe du Data science « qui permet de repérer les contenus et les thèmes tendances qui rythment lactualité ».

Il se finance grâce à l’engagement économique de ses actionnaires, Mourad, Papazian et l’agence graphique du web Upian d’Alexandre Brachet, qui a aussi participé au lancement de Slate en France. Le Brend Content pour Carrefour, Veolia, Bouygues Telecom, LVMH vient remplir les caisses, « tant et si bien quil est parfois difficile de déterminer si la vidéo est à caractère informatif ou publicitaire ». Et vu les fonctions que pourrait occuper chacun des membres du média dans le monde des affaires, on a du mal à déterminer les intérêts qu’ils y trouvent comparé à une quelconque place ailleurs. C’est pour le moins intrigant…

La ligne éditoriale de la gauche mondialiste

La ligne éditoriale de Loopsider, comme celle de L’Express, de Libération et de tous les pure players que nous allons voir, sert toujours la même idéologie sous couvert de non-engagement politique : le magazine a lancé en 2019 une catégorie sur le genre et le corps, et participerait à endoctriner les jeunes en faveur du projet sur la « bioéthique » et de la loi sur l’avortement jusqu’à terme, passée en 2020.

« Ainsi, le ton qui émane de ces vidéos reste similaire à celui que lon peut trouver dans Libération, mais sans aucune analyse de fond ou critique politique explicite. Loopsider réussit le tour de force d’être un média engagé, mais vidé de toute substance politique, dont la seule raison d’être est de servir de caisse de résonance aux thématiques mondialistes afin dapprofondir le formatage des jeunes cerveaux (environnement, féminisme et droits de lhomme sont à la fête). […] » (source : Observatoire du journalisme)

Paul pour « Le Média en 4-4-2 »

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