Jacques Thomet, auteur de « La pédocratie à la française – la chute des intouchables » (Fabert Editions), et Karl Zéro qui lance la revue « L’envers des affaires » s’attaquent aux réseaux politiques et institutionnels de la pédocriminalité. Tant que les violeurs d’enfant sont des individus égarés, les grands médias veulent bien accueillir les témoignages, l’émotion. Si des journalistes mettent en cause les complices de ces individus, à quelques exceptions près, les médias ferment leurs portes.
Des contre-enquêtes qui font peur
Les chiffres produits par l’enquête de Jacques Thomet sont effrayants : en France un adulte sur dix a été victime d’inceste ou de viol pendant son enfance, soit six millions de Français dont 50 % ont fait au moins une tentative de suicide, et seulement 0,3 % des plaintes d’enfants arrivent jusqu’à la Justice. Karl Zéro annonce un autre chiffre : en Europe un adulte sur cinq a été victime de viol ou d’inceste.
En 2013, quand toutes les maisons d’éditions fermaient leurs portes à Jacques Thomet, Kontrekulture a osé accepter « Retour à Outreau, contre-enquête sur une manipulation ». Cette année, ce sont les éditions Fabert qui ont publié « La pédocratie à la française », dans le cadre d’une collection sur la pédagogie. Quant à Karl Zéro, en lançant son journal, « L’envers des affaires », il est à présent son propre maître.
De l’affaire d’Outreau aux meurtres de Fourniret et de Nordahl Lelandais, les victimes sont traitées en accusés, les coupables parfois libérés et les complices laissés en liberté. Détails et preuves dans les livres et la revue. Ce sont de vraies enquêtes faites par de vrais journalistes.
SudRadio et CNews bravent l’omerta… à regret
A l’exception de SudRadio, aucun média n’a invité Jacques Thomet, qui a travaillé à l’AFP, entre autres. Karl Zéro, qui bénéficie d’une certaine notoriété depuis Canal+, a été invité à L’heure des pros sur CNews, pourtant propriété de Bolloré qui l’a viré de Canal+ pour avoir déjà trop parlé des affaires de pédocriminalité.
Côté SudRadio, nous n’avons pas de journalistes d’investigation. Ce sont plutôt des présentateurs. Valérie Expert, a commis un livre sur la cuisine, « Je me ferais bien un… », et Gilles Ganzmann, un livre sur le tatouage, des stars, « Tattou d’une star ! » Côté Cnews, nous avons Pascal Praud, un animateur qui est invité à l’Élysée, et Jean-Marc Morandini, qui devrait être jugé quand il y aura de la place au palais de justice, pour corruption de mineur — autrement dit la bonne personne pour juger de livres sur la pédocriminalité. Entre les présentateurs et leurs invités, ce sont donc deux univers très différents.
Les questions qui tuent
A SudRadio, durant les entretiens, le malaise est flagrant.
Valérie Expert à Jacques Thomet : « Vous sous-entendez d’une certaine manière et il faut faire très attention, c’est qu’il y a une sorte d’organisation qui fait que au plus haut sommet de l’État on veut. Enfin, au sommet de l’État, j’accuse évidemment ni le président de la république ni le gouvernement, mais d’une manière générale, depuis des années, il y a quelque chose qui fait qu’on met euh… on ne veut pas parler de cela. »
Valérie Expert à Karl Zéro : « Pourquoi en parler maintenant ? Moi, ça m’a un petit peu choquée, ça m’a même choquée, parce que vous avez la famille qui est là. Vous sortez des choses. On sait pas… Enfin vous n’avez pas le début de la queue d’une preuve pour l’instant. » A propos des sites pédopornographiques : [Les enfants ] « viennent principalement d’Asie. J’ai interrogé un policier, moi, ce matin, en lui disant — un ancien patron de PJ — Est-ce qu’il y a eu beaucoup d’enfants en France qui ont été enlevés à des fins de trafic ? Il m’a répondu : ça a pu arriver, mais c’est quelque chose de relativement rare. » Et puis, défiante : « Les chiffres ! Est-ce que vous avez des chiffres d’enfants qui ont été enlevé et vendus ou… »
Gilles Ganzmann pose à Karl Zéro la question qui tue : « Alors qui couvre tous ces réseaux pédo-criminel ? » Gros piège menant droit au fameux complotisme. Allègrement déjoué par Karl Zéro. Mais Ganzmann ne renonce pas. A propos de l’entrevue avec un dirigeant de Canal+ (décédé entre-temps) qui l’a viré : « Mais il ne peut plus se défendre. » Une façon de traiter Karl Zéro de menteur et même de sans-cœur.
Et voici l’auditeur surprise !
Après cette question à Jacques Thomet : « Il y a aussi, vous le savez, une forme de complotisme qui tendrait à penser qu’il y a une organisation pédo-criminelle de tous les États pour couvrir… C’est pas ce que vous dites non plus ? Faut pas tomber là-dedans. Vous appartenez pas à Qanon ? »
L’auditeur surprise arrive (à 10’38) : « Alors un auditeur dit “ça c’est l’effet Qanon, je ne suis pas client.” Donc, vous l’avez dit, vous ne faites pas partie du groupe Qanon ? [deuxième fois que la question est posée] »
Dans l’interview de Karl Zéro, le fameux auditeur arrive avec un peu de retard, à 12’45 : « On a un auditeur qui nous dit “c’est du complotisme. Vous êtes complotiste”. »
Pascal Praud : un grand moment de trouille !
Bon, on vous a gardé le meilleur pour la fin avec Pascal Praud invitant Karl Zéro sur CNews.
Karl Zéro vient d’affirmer que Nordahl Lelandais avait des commanditaires. Si vous voulez savoir quels sont les signes évidents de la peur, il n’y a qu’à voir et surtout écouter la réaction de Pascal Praud : « Il faut faire attention à ce que nous disons. Il faut penser aux téléspectateurs qui nous écoutent, à la famille de Maelys qui nous écoute. Mais vous dites quelque chose de lourd en disant que Nordahl Lelandais n’est pas le loup solitaire qu’on présente. »
Pas d’auditeur surprise sur CNews pour traiter l’invité de complotiste et récupérer le malaise évident de Praud. C’est Jean-Marc Morandini (oui il est toujours sous le coup d’une inculpation de pédophilie) qui s’y colle : « Malaise ce matin sur le plateau de Pascal Praud sur CNews quand Karl Zéro, invité pour faire la promotion de son nouveau magazine, s’est mis soudain à développer une thèse “complotiste” autour de Nordahl Lelandais. Pascal Praud est alors intervenu très calmement mais aussi très fermement pour recadrer le journaliste. »
Après le livre de sa belle-fille, Camille Kouchner, « Familia Grande », Olivier Duhamel est descendu de sa présidence du Siècle. Les médias continuent pourtant à accueillir à bras ouverts les Lang, Cohn-Bendit, Mitterrand… et à fermer les portes à ceux qui poursuivent les enquêtes pédocriminelles étouffées. A propos du « petit » 800 mètres carrés d’Epstein 22 avenue Foch à Paris, rien ne filtre dans les médias : les gens de pouvoir se défendent.
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.