Littérature

Elsa Ruillère : « Les suspendus ont fait un choix et les conséquences sont horriblement puissantes. »

mise à jour le 03/03/23

En 2020, ces soignants étaient applaudis pour leur dévouement envers les patients, mais aujourd’hui ils sont persécutés, sanctionnés, virés et ostracisés de la société pour avoir refusé l’injection expérimentale anti-Covid. Ce sont les « suspendus », dont la vie a basculé ou a été brisée du jour au lendemain. Elsa Bruillère, assistante de gestion de formation, a rejoint le GHPP (Groupement Hospitalier Portes de Provence) à Montélimar en 2018 et y représente le personnel.


Elle coordonne également Les Collectifs Unis et est élue à la commission exécutive fédérale CGT santé depuis presque un an. Dans son livre « Paroles de soignants suspendus », elle nous présente des dizaines de témoignages bouleversants de ceux qui sont qualifiés de « complotistes » ou « d’antivax » et qui vivent des situations toutes plus ignobles les unes que les autres, simplement pour avoir osé dire non !


« Nous sommes invisibilisés et dénigrés, c’est inhumain, donc il faut que les citoyens se rendent compte d’eux même, car un jour il pourrait leur arriver la même chose.»

Le Média en 4-4-2 : Bonjour Elsa, bienvenue sur Le Média en 4-4-2 et merci d’avoir accepté notre invitation pour évoquer votre livre « Paroles de soignants suspendus ». Vous avez écrit celui-ci pour rendre compte de ce qu’il se passe réellement, pour informer nos concitoyens de cette situation scandaleuse. Comment se fait-il selon vous que presque un an et demi après l’entrée en vigueur de cette obligation vaccinale, il faille encore alerter l’opinion publique sur la situation des suspendus ?

Elsa Ruillère : Merci pour l’intérêt porté à cet ouvrage collectif. Pour répondre à votre question, c’est simple. Cela fait un an et demi que ça dure et que la situation s’aggrave. Nous sommes invisibilisés et dénigrés, c’est inhumain, donc il faut que les citoyens se rendent compte d’eux même, car un jour il pourrait leur arriver la même chose. D’ailleurs c’est aussi pour cette raison que les soignants tiennent aussi longtemps. Trop peu se souviennent que la vaccination pour tous a été proposée fin 2021 et personne ne sait que c’est la pression d’une organisation qui les a fait y échapper.

Le Média en 4-4-2 : Pouvez-vous revenir sur cet épisode ? Beaucoup de celles et ceux qui lisent ces lignes seraient en effet aujourd’hui dans une toute autre situation sans l’action de cette organisation…

Elsa Ruillère : Nous avons appris que lors des discussions sur la vaccination pour tous, pendant les mesures mises en place par le gouvernement sur les conditions de fréquentation des restaurants et lieux publics, qu’une organisation très influente a expliqué au gouvernement l’impossibilité de cette vaccination pour tous. Attention ceci est à vérifier. Chose qu’évidemment nous n’avons pas encore pu consolider.

« Les pressions sont fortes et les soignants ont toujours des craintes de représailles.»

Le Média en 4-4-2 : Pour en revenir à votre livre, comment avez-vous sélectionné ces témoignages parmi les 350 que vous avez reçus ? Certains d’entre-eux sont d’ailleurs anonymes : est-ce parce qu’il existe toujours et encore des représailles à leur encontre ?

Elsa Ruillère : J’ai sélectionné les témoignages les plus parlant et surtout je souhaitais marquer la pluralité des professions et situations. Le but étant d’informer, c’était évident de montrer des cas de figures qui sont encore plus invisibilisés. Bien sûr, les pressions sont fortes et les soignants ont toujours des craintes de représailles, car les directions sont libres de faire du zèle. Ce qui d’ailleurs a été constaté pendant cette période par nombre d’entre nous.

« Ils (les soignants vaccinés, ndlr) sont solidaires et comprennent bien au fil du temps qu’ils ont été dupés et le constatent sur le terrain.»

Le Média en 4-4-2 : Une des nombreuses choses qui nous choquent et qui nous interpellent dans la plupart de vos témoignages, c’est le manque de soutien des collègues vaccinés. Nous avions fait le même constat suite à notre série « Paroles de suspendus« . Comment peut-on expliquer que la solidarité qui semblait forte dans ces professions se soit effondrée du jour au lendemain ?

Elsa Ruillère : Il y a différents cas de figure possibles, ce ne sont que des suppositions…
1. On nous raconte n’importe quoi sur l’avis du personnel encore en poste
2. Les faux vaccinés ne peuvent se permettre de réagir avec solidarité
3. Ils ont peur des réactions de leurs directions ou le déni est trop dur à vivre, ce qui est compréhensible pour nous.
Dans tous les cas, ils sont solidaires et comprennent bien au fil du temps qu’ils ont été dupés et le constatent sur le terrain. Mais difficile de se manifester au grand jour. Ceci n’empêche pas le soutien.

Le Média en 4-4-2 : Les agents du public ont un devoir de désobéissance aux actes présentant « de toute évidence un caractère illégal ». Les suspendus se retrouvent donc punis parce qu’ils ont accompli ce devoir… On ne va pas les plaindre parce qu’ils ont encore une source de revenu, eux, mais les « faux vaccinés » dont vous nous parlez ne doivent pas avoir la conscience tranquille !

Elsa Ruillère : Et bien, non, nous ne pensons pas du tout que c’est bien fait et qu’ils ne sont pas à plaindre car ce doit être difficile d’être aussi coincé dans cette situation.  De plus, ils ne se montrent pas puisque c’est très compliqué de lutter dans leurs conditions. Je dirais plutôt que je les comprends mais je les plains et ne voudrais pas être à leur place. Et puis c’est un choix comme un autre. Les suspendus aussi ont fait un choix mais les conséquences sont horriblement puissantes.

Le Média en 4-4-2 : On se demande d’ailleurs où est passé le droit de disposer de son corps et le droit à l’intégrité physique… On a l’impression qu’une partie de l’opinion publique a justement été choquée de voir des concitoyens forcés à se faire injecter contre leur gré pour conserver leur revenu. Parmi toutes les discriminations, pressions et difficultés rencontrées par les suspendus, quelle est pour vous la situation la plus « parlante » pour alerter celles et ceux qui n’ont pas encore conscience de la réalité de leur situation ?

Elsa Ruillère : En effet la discrimination est de mise dans cette situation, mais surtout la maltraitance. Il faut rappeler qu’à ce jour, les suspendus et interdits d’exercer sont privés de revenus. Et que lorsqu’ils souhaitent quitter leur poste, on leur refuse les ruptures conventionnelles pour motif impérieux (car « personnel indispensable » !), mais encore, il leur est proposé dans le secteur public une disponibilité, qui ne donne pas plus de droit au chômage. Mais encore, certains employeurs ne fournissent pas les fiches de paye, surtout dans le public. L’inégalité de traitement entre secteur obligatoire et privé se fait sentir aussi au niveau du tribunal et des décisions de justice plus favorables lorsqu’il s’agit du code du travail, par rapport au statut de la fonction publique. Pourquoi ? Est-ce un lien avec l’accélération de la privatisation de notre santé ?

Le Média en 4-4-2 : On en vient à la question : « pourquoi font-ils tout ça ? ». Si Emmanuel Macron refuse de réintégrer les suspendus, ce n’est pas seulement pour « emmerder les non vaccinés »… Les suspendus ont-ils franchi la ligne rouge en s’opposant à cette Médecine d’État pilotée par Big Pharma, où le « solutionnisme vaccinal » (comme le dit Michèle Rivasi) est une des règles fondamentales ?

Elsa Ruillère : Pourquoi ? Plusieurs hypothèses : je ne sais pas, mais probablement… Accélération de la privatisation du soin, comme le prévoyait « ma santé 2022 »? Projet ayant pris du retard à l’époque. Avancée rapide de la e-santé ? Peut-être que le gouvernement est en retard sur ce projet là ? Ou encore, Michèle Rivasi a raison de poser cette question…. Mais surtout, se rendent-ils compte de l’impacte maltraitante de leur manière de servir, en tant qu’employés de l’État ? Pourquoi ne respectent-ils presque plus rien de nos droits et libertés à tous ? Dans quel but, ils sont les seuls à le savoir….

« La réintégration ne suffit pas, si l’abrogation de la loi ne suit pas. Et surtout, qu’il va falloir payer les préjudices, continuer les procédures pour récupérer notre dû de salaires, trimestres de retraites et préjudice moral. »

Le Média en 4-4-2 : La Haute Autorité de Santé envisage la fin de la vaccination obligatoire anti-Covid chez les soignants, tout en réservant son avis définitif pour fin mars. Quelle est votre réaction à cette annonce ? Qu’en pensent vos collègues suspendus ?

Elsa Ruillère : Il faut déjà savoir dire cette annonce de la HAS date du 20 février, et qu’ avec 36 collectifs dont 4 syndicats nous avons saisi par le conseil de l’avocate Maud Marian, le Conseil consultatif national d’éthique contre la 4e dose obligatoire en date du 17 février. C’est 29 pages argumentaires sur les incohérences à maintenir l’obligation. Est-ce en rapport ou juste une coïncidence de calendrier ? Mais qu’en pense t-on ? Et bien, que la réintégration ne suffit pas, si l’abrogation de la loi ne suit pas. Et surtout, qu’il va falloir payer les préjudices, continuer les procédures pour récupérer notre dû de salaires, trimestres de retraite et préjudice moral. Ce n’est pas fini !

Le Média en 4-4-2 : Après cette bataille de la réintégration viendront effectivement celles de l’indemnisation et de la réparation car de nombreuses carrières et vies ont été brisées… Dans notre série « Paroles de suspendus« , beaucoup de nos invités nous ont expliqué que c’était inenvisageable pour eux de retourner à leur travail car ils n’avaient reçu aucun soutien de leurs collègues. Ils n’ont d’ailleurs plus aucune nouvelle d’eux. Qu’en est-il des suspendus qui ont témoigné dans votre livre ?

Elsa Ruillère : En effet, les avis sont partagés à ce sujet. Pourtant, on découvre au fil du temps plus de soutien de nos collègues. Mais le plus dur pour y retourner, c’est la manière dont les soignants ont été traités par les directions de certains établissements, ce qui est différent partout. Chaque établissement a géré à sa manière puisque le gouvernement les a laissé faire, en déchargeant toutes les décisions aux directions. D’où les multiples inégalités de traitement même entre des suspendus de même établissement.

« Cette mésaventure nous a apporté un point fort, se rappeler que sans contact et lien direct entre êtres humains on est rien. Mais tous unis et solidaires on peut tout. »

Le Média en 4-4-2 : Merci Elsa pour le temps que vous avez consacré pour nous présenter votre livre. Nous sommes convaincus que celui-ci joue un grand rôle dans cette prise de conscience collective sur l’ignoble discrimination que subisse les suspendus. Nous vous laissons le mot de la fin.

Elsa Ruillère : Le mot de la fin sera le suivant : cette mésaventure nous a apporté un point fort, se rappeler que sans contact et lien direct entre êtres humains on est rien. Mais tous unis et solidaires on peut tout. Nous allons réussir à récupérer nos droits et libertés grâce à cette union. Et ce sera marqué dans l’histoire pour que nous enfants s’en souviennent. Alors merci ! Bravo aux résistants ! A la fin, c’est nous « qu’on gagne » ! Prenez soin de vous et prenons soin de nous.
Bravo à tous les médias qui comme vous, font entendre nos voix, car nous sommes tous concernés par ce qu’il est en train de se passer.

Vous pouvez vous procurer le livre « Paroles de soignants suspendus » ici. Elsa vous invite à suivre Les Collectifs Unis sur leur site internet et à les aider via leur cagnotte en ligne.

Le Média en 4-4-2

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