Carole Fouché : « La destruction des services publics est bien entamée et va continuer dans les années à venir »

mise à jour le 30/08/22

Neuvième épisode de « Paroles de suspendus » avec Carole Fouché, pharmacien-biologiste et enseignant-chercheur, suspendue. Cela fait un an que Emmanuel Macron a annoncé l’une des mesures les plus honteuses de ces dernières décennies : la vaccination obligatoire pour le personnel soignant. Surtout depuis que l’on sait, de source officielle, que le « vaccin » n’empêche pas la transmission du virus… En leur donnant la parole, nous avons décidé de rendre hommage à notre manière à ces citoyens qui refusent de s’injecter un traitement en phase expérimentale pour conserver leur emploi.


Le Média en 4-4-2 : Bonjour Carole, et merci d’avoir répondu à l’invitation du Média en 4-4-2. Pouvez-vous vous présenter en 4-4-2, c’est-à-dire de manière concise et efficace ?

Carole Fouché : Je suis Carole, j’ai 40 ans, mariée et 3 enfants. J’étais pharmacien biologiste et également enseignant-chercheur. C’est-à-dire que la moitié de mon temps de travail était dédiée à la réalisation du diagnostic des maladies infectieuses à l’AP-HM et l’autre moitié du temps, je donnais des cours à la faculté de Médecine de Marseille et je faisais de la recherche en santé.

La machine administrative de l’hôpital fonctionne très bien lorsqu’elle le veut ; mais pas pour nous aider dans notre travail de soin.

Le Média en 4-4-2 : Cela fait un an, le 12 juillet 2021, que Macron a annoncé l’obligation vaccinale pour les soignants. Comment avez-vous appris cette nouvelle et quelle a été votre réaction ?

Carole Fouché : J’ai appris cette nouvelle par les réseaux sociaux alors que je travaillais. Je l’ai vécue comme un « coup de com’ » étant donné que le président annonçait cette mesure sans même que la loi soit déjà votée par les parlementaires. Mes collègues étaient très anxieux. Au départ, je prenais ça avec humour : je leur disais que l’administration hospitalière, qui met habituellement un temps infini pour répondre à nos demandes, ne réussirait jamais à nous « suspendre en temps et en heure »; qu’on ne serait pas suspendus avant la Pâques ou la Trinité. J’ai bien déchanté. J’ai pu constater, non sans étonnement, que la machine administrative de l’hôpital fonctionnait, en réalité, très bien lorsqu’elle le voulait ; mais pas pour nous aider dans notre travail de soin malheureusement.

Le Média en 4-4-2 : Le 15 septembre 2021, la « vaccination » a donc été rendue obligatoire pour votre profession. Et vous avez décidé de ne pas vous y soumettre. Comment cela s’est-il passé avec votre employeur ? Quand et comment avez-vous été suspendue ?

Carole Fouché :
Étant pharmacien, mon rôle est justement de garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments. J’ai décidé de refuser cette injonction vaccinale en raison de doutes sérieux quant à l’efficacité, la qualité et la sécurité des médicaments proposés à ce moment-là. J’ai été suspendue le 9 octobre 2021 après avoir reçu un RAR par la poste. Fin de partie !

La solidarité est là ; c’est touchant et magnifique à observer.

Le Média en 4-4-2 : Cela fait donc presque un an que vous êtes suspendue : comment cela se passe-t-il au jour le jour, maintenant que vous n’avez plus de revenu et que vous ne pouvez pas travailler ailleurs ?

Carole Fouché : Je n’ai plus de revenu, mon mari ne peut plus exercer son métier non plus. Je vis au jour le jour, j’apprends à vivre dans la plus grande incertitude pour le lendemain. Parfois c’est difficile et anxiogène, parfois la vie nous réserve de vraies belles surprises ; essentiellement dans les rencontres. J’ai rencontré des scientifiques exceptionnels avec lesquels je n’aurais sans doute jamais pu échanger sans cette crise. J’ai croisé de très nombreuses personnes lumineuses qui se mettent au service d’un monde plus juste et plus humain. J’apprends énormément de toutes ces rencontres, tant sur l’Homme et la société que sur plein d’autres sujets. La solidarité est là ; c’est touchant et magnifique à observer.

J’ai l’impression que la destruction des services publics est bien entamée et va continuer dans les années à venir. J’espère que de nouvelles initiatives vont émerger sur leurs cendres pour refaire du commun et de la solidarité en plus humain et local.

Le Média en 4-4-2 : Le gouvernement ne semble pas vouloir réintégrer les suspendus… Comment voyez-vous votre avenir, ainsi que celui de notre société ?

Carole Fouché : Effectivement, le gouvernement ne semble pas vouloir réintégrer les suspendus ; il faudrait pour cela accepter d’avoir peut-être eu tort, et faire face aux mécontentements de tous ceux qui ont été forcés… Faire un deuil de toutes mes années d’études et des sacrifices pour « le service public » n’est pas choses aisée. J’aimais travailler pour l’hôpital public. Je considérais que l’hôpital public était comme un phare dans la nuit. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, qui que vous soyez, gentil ou méchant, puissant ou misérable, il existe un lieu dans lequel la lumière est toujours allumée pour prendre soin. Il suffit de frapper à la porte, des soignants sont là pour vous accueillir dans votre souffrance. J’étais fière de participer à maintenir la lumière allumée avec tous mes collègues. Depuis la mise en place d’un pass pour entrer dans l’hôpital, j’avais la nausée de cette négation de l’accueil inconditionnel. Cela m’était devenu insupportable. Quelque part, la suspension m’a libérée de cette nausée, de ce sentiment de trahison que j’avais pour les personnes refoulées à l’entrée qui ne pourraient pas bénéficier de soin. Plus globalement, j’ai l’impression que la destruction des services publics est bien entamée et va continuer dans les années à venir. J’espère que de nouvelles initiatives vont émerger sur leurs cendres  pour refaire du commun et de la solidarité en plus humain et local.

Parler au cœur des Hommes quels qu’ils soient ; même si on n’a pas les mêmes idées, même si on est pas d’accord et même si on est en conflit, voilà une toute petite chose qui peut changer au moins un « petit monde », le vôtre.

Le Média en 4-4-2 : Merci Carole pour le temps que vous nous avez consacré ! Nous vous laissons le mot de la fin.
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Carole Fouché : Je souhaiterais témoigner de l’importance des petites choses dans la vie. On croit souvent que ce sont les grandes actions qui sont les plus importantes et qui changent le monde. Peut-être ou pas. Depuis plusieurs années, nous confectionnons des petits sablés et partons les offrir à chaque porte du quartier avec les enfants en chantant des chants de Noël. Au printemps, nous offrons aux commerçants et voisins des petits bouquets de fleurs des bords de route, vous savez ces fleurs un peu délaissées que la mairie cherche toujours à éradiquer des trottoirs et qui pourtant soulèvent le béton de leur élan vital. Parfois, nous écrivons des petits mots gentils illustrés d’un dessin que nous portons aux gens que nous croisons. Vous ne pouvez imaginer le nombre de larmes aux yeux ou de grands sourires tirés par ces attentions minimes et négligeables. « Tu es important à nos yeux, même si nous sommes différents et que nous ne nous comprenons pas toujours », voilà le message envoyé par ces présents éphémères. Parler au cœur des Hommes quels qu’ils soient ; même si on n’a pas les mêmes idées, même si on est pas d’accord et même si on est en conflit, voilà une toute petite chose qui peut changer au moins un « petit monde », le vôtre.
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Yoann pour Le Média en 4-4-2.
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Note de la rédaction : Retrouvez cette semaine notre entretien vidéo avec le médecin anesthésiste-réanimateur Louis fouché.


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