Science et technologie

Parlez de croissance, j’entends énergie

mise à jour le 23/01/22

Parlez de croissance, j'entends énergie

Croissance, croissance, la sainte croissance dont nous parlent tant les politiques, celle qui va résoudre tous nos problèmes de déficit. Elle va revenir un jour, du moins on l’espère ! Mais encore mieux cette fois, elle sera écologique : « [Je suis pour] la croissance écologique, pas la décroissance verte », disait notre ministre lors de sa première allocution à l’Assemblée nationale (https://www.youtube.com/watch?v=SbhqfwCUWN0). Déjà qu’ils n’arrivent pas à nous faire de la croissance, alors maintenant elle sera verte ? Personne n’est contre, mais force est de constater que ça n’arrive pas. Nos énarques nous vendent le retour à la croissance depuis 2008, date de la crise des subprimes, car la croissance résout tous leurs problèmes. En période d’expansion, le seul souci d’un politique est de savoir comment le surplus d’argent va être distribué. Mais petit hic, la croissance du pouvoir d’achat ne revient pas, ne reviendra pas, bref c’est fini. Un peu de physique s’impose, parlons d’énergie !

 

La croissance, c’est quoi ?

La croissance économique se définit par la « variation positive de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée ». En langage plus courant, cela donne : un pays qui croît économiquement est un pays qui produit plus de richesses et consomme plus ! Pour ça il suffit d’avoir de l’argent à investir (capital), et des petites mains pour bosser (travail).

La croissance ne fait que compter des transactions entre des personnes. La croissance ne fait que compter des flux d’argent. En revanche, chaque flux d’argent correspond à un flux physique ! Avant de vendre, il faut produire ! Extraire les matériaux dans des mines, les transformer dans des usines, puis transporter les babioles chinoises vers la France. Pour les services, c’est pareil ! Le coiffeur doit bien s’équiper avec des biens physiques avant de vous coiffer dans son salon flambant neuf (marketing oblige). Ainsi, pour définir correctement ce qu’est l’économie, il faut rajouter les ressources de la planète. En effet, sans elle, il n’y a rien ! Pas de métal, pas de fourchettes à vendre. Pas de forêts, pas de papier. Tout simplement, qui dit absence de ressources dit absence d’économie.

Quand je parle de ressources planétaires, je parle de deux choses : les matières premières d’une part (cuivre, fer, terres rares, bois, etc), et l’énergie d’autre part (charbon, pétrole, nucléaire, vent, soleil, etc.). Mais en réalité, la réelle ressource qui compte est l’énergie car tout se ramène à elle. Si on prend la définition, l’énergie est ce qui permet les fameux flux physiques, ceux qui permettent de faire la sainte croissance ensuite. En effet, l’énergie se définit en physique par la capacité à « provoquer des modifications » [3]. L’énergie c’est ce qui caractérise la transformation du monde vivant. Ainsi, la première énergie qui est utilisée, est la vôtre, celle de votre organisme. La nourriture, qui n’est que de l’énergie, vous est essentielle pour bouger.

Maintenant, passons de l’homme aux machines

Vous allez comprendre l’incroyable utilité de l’énergie. Prenons l’exemple simple de l’agriculture. Vous allez plus vite à faire la récolte de blé avec une moissonneuse batteuse qu’avec une faucille. Et puis prenons aussi l’exemple du transport…

On pourrait prendre l’exemple des usines à fourchettes, des grues de bâtiments, ou autre. L’idée derrière ça, est que grâce à l’énergie, on a pu faire les choses plus vite avec moins d’hommes. Merci l’énergie. Du coup, tous ces bras, ce travail, s’ils ne sont plus aux champs, il faut bien les faire travailler quelque part. Et là arrive la croissance économique. En consommant de plus en plus d’énergie, l’homme est devenu efficace et a pu se substituer aux machines. Ainsi, l’Homme a pu se consacrer à la fabrication d’autres produits. On continue dans cet engrenage, et on arrive à la croissance économique ! Sans énergie, pas de PIB !

Si vous n’êtes toujours pas convaincu, regardez le graphe ci-contre de Jean-Marc Jancovici : le PIB (en dollars constants) et la consommation d’énergie sont parfaitement corrélés à l’échelle mondiale !

On peut résumer ainsi : ce qui permet de faire toute cette croissance (de pouvoir d’achat), c’est l’énergie ! Et j’irai même plus loin : c’est une énergie pas chère, concentrée et facilement extractible qui permet de faire de la croissance. L’homme a trouvé une énergie plus rentable que son propre corps. Autrement dit, quand les politiques parlent de croissance, ils feraient mieux de parler d’énergie.

Alors, où en sommes-nous actuellement ?

Un Français moyen, un smicard, consomme l’équivalent de « 200 esclaves énergétiques ». Autrement dit, il consomme en énergie, l’équivalent de 200 esclaves qui travaillent en permanence pour lui. Pour un cadre, les mêmes qui nous font la morale sur l’écologie et la décroissance, c’est plutôt 1000. Or le problème derrière ça est double : outre le réchauffement climatique, l’énergie « rentable » se raréfie. Or qui dit raréfaction de l’énergie, dit décroissance (du pouvoir d’achat). Autrement dit, les politiques vous enfument avec la croissance économique du PIB qui ne reflète en rien le pouvoir d’achat. La physique impose évidemment ses limites, et la décroissance s’installe doucement, les Gilets Jaunes avec aussi. N’oubliez jamais cette phrase : une croissance infinie dans un monde fini est impossible, hormis pour les économistes.

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