Dans un verdict qui a laissé les associations antiracistes bouche bée, la cour d’appel de Nîmes a confirmé la relaxe d’un graffeur qui avait représenté Jacques Attali en marionnettiste manipulant le président Emmanuel Macron en Pinocchio. Cette décision a été prise malgré les accusations d’antisémitisme dont l’œuvre était la cible.
Le graffeur, connu sous le nom de Letko, avait réalisé cette peinture murale en juin 2022 sur un transformateur électrique à l’entrée d’Avignon. La peinture représentait Jacques Attali, qui est juif, en un Gepetto au regard inquiétant manipulant telle une marionnette un Emmanuel Macron caricaturé en Pinocchio. Selon plusieurs associations antiracistes (SOS Racisme et la LICRA), cette peinture reprenait l’iconographie antisémite de l’entre-deux-guerres.
Mais surtout, le dessinateur se reposait sur les déclarations de Jacques Attali qui disait fièrement avoir inventé le président Macron :
« Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. À partir du moment où je l’ai mis rapporteur, où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective. » Citation tirée du livre d’Anne Fulda, « Emmanuel Macron. Un jeune homme si parfait », Plon, Paris, 2017.
👉 Le graffeur Letko, qui avait réalisé à Avignon une fresque représentant Attali manipulant Macron, a été relaxé en appel des chefs d’injure publique et de provocation à la discrimination. SOS Racisme et la LICRA s’étaient portées partie civile. pic.twitter.com/fj7jcjcSJQ
— TVL (@tvlofficiel) May 7, 2024
Cependant, Letko a nié toute intention antisémite, affirmant avoir ignoré que Jacques Attali était juif. Il a expliqué qu’il aimait « tourner en dérision ceux qui ont du pouvoir« . Le tribunal correctionnel l’avait relaxé sur toute la ligne, alors que le parquet avait requis contre lui 6 000 euros d’amende, dont 2 000 euros avec sursis.
Le tribunal a estimé qu’« aucun élément (…) ne permet d’affirmer avec une absolue certitude que l’utilisation (par le prévenu) d’une image de marionnette à fil, dont l’usage dépasse largement la seule utilisation à des fins racistes, ait été conduite par un sentiment antisémite ». Le juge a également affirmé que la fresque « ne contenait aucun appel ou exhortation, même implicitement formulé, à la discrimination, à la haine ou à la violence ».
Pour Me Emmanuel Ludot, explique la décision de la cour d’appel de Nîmes :
« On a le droit de se moquer de Jacques Attali comme on a le droit de se moquer de M. Dupont ou Durand. L’antisémitisme n’a rien à voir dans la fresque qui est reprochée à ce dessinateur. Donc la décision est logique et saine, et je pèse mes mots… Jacques Attali a commis la faute qu’il ne fallait pas commettre en déposant plainte et elle lui revient en pleine figure. Jacques Attali a ouvert un débat d’une dangerosité inouïe et il ne sait plus comment le maitriser et l’arrêter »
Cette décision de justice rappelle aux hommes puissants tels que Jacques Attali qu’ils ne peuvent pas jouer de leur judéité pour accuser le monde entier d’antisémitisme.
Rappelons que Alain Soral avait été définitivement relaxé pour la publication d’un photomontage montrant Emmanuel Macron bras levés devant un globe terrestre, avec un brassard d’allure nazie orné d’un dollar à la place d’une croix gammée. Le tout sur fond de drapeaux américain et israélien et les photos de Patrick Drahi, Jacob Rothschild et Jacques Attali, et barré du slogan « En marche vers le chaos mondial ».
Le photomontage que Macron n’aime pas 😉 pic.twitter.com/SZXY4T9AM7
— Laurent Ananda (@lumieresurgaia) November 16, 2017
Rappelons également que le président Macron avait perdu son procès contre le publicitaire Michel-Ange Flori qui le représentait sous les traits de Hitler et Pétain.
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