Devenez un bon professeur pour votre enfant

mise à jour le 10/09/21

Un bon professeur

En commençant à faire la liste de ce que doit savoir chaque niveau de classe en fin d’année, je me suis aperçu que certains conseils pouvaient se donner pour tous les niveaux. Plutôt que de les répéter, j’ai préféré vous proposer un article différent qui les regroupe tous. Vous trouverez, donc, ici, des conseils pour améliorer votre qualité d’enseignement. Ils sont classés en quatre parties : votre attitude d’enseignant, l’attitude de votre enfant, les activités proposées et l’aide à l’apprentissage. C’est parti…

Votre attitude d’enseignant

Les mots s’impriment
Dans un autre article, je vous parlais de la bienveillance que vous devez avoir avec votre enfant. Le stress bloque les apprentissages, c’est un fait. Mais les petits mots négatifs font bien pire, ils s’impriment. Évitez donc de dire à votre enfant qu’il est feignant, bête, qu’il ne comprend jamais rien. Et si, sous le coup de la colère, cela vous arrive, pensez à aller effacer « l’ardoise » dans la tête de votre enfant en vous excusant quand vous serez calmé.

Détecter pour mieux aider, dédramatiser
En expliquant une notion, vous allez peut-être vous rendre compte que votre enfant n’a pas les prérequis. Par exemple, en expliquant un problème qui nécessite une division, vous comprenez que votre enfant ne sait pas poser une division. Ne vous agacez pas et gardez toujours en tête qu’avec le confinement et l’école qui a été chamboulée, plusieurs notions sont passées à la trappe. Reprenez simplement la notion manquante, et, lorsqu’elle sera maîtrisée, vous pourrez revenir au problème. Cela peut paraître évident. Pourtant, dans les faits, vous risquez d’être confronté à un enfant qui va essayer de vous cacher qu’il ne sait pas. La confiance doit s’instaurer entre vous. De même, si vous ne savez pas ou si vous ne vous souvenez plus d’une notion, n’hésitez pas à le lui dire. Dédramatisez l’erreur ou l’ignorance.

Réagir aux questions
« Papa, maman, je ne comprends pas… » À chaque exercice, votre enfant vient vous voir pour vous dire qu’il ne comprend pas ce qu’il faut faire. Il se peut que cela soit réel. Votre enfant peut avoir des difficultés à comprendre l’énoncé d’un exercice parce qu’il n’en maîtrise pas le vocabulaire. Il se peut aussi que, face à sa copie, votre enfant prenne peur. Lui qui est habitué à se laisser porter par la classe, le voilà face à un précipice qui le sépare du savoir. Voici une petite astuce qui pourrait vous épargner quelques crises. Avant de commencer, regardez ensemble les exercices et créez ensemble une feuille sur laquelle se trouvent les consignes. Dans une colonne, les verbes qui constituent les consignes (réponds, relie, relève, souligne…) avec des exemples, dans une autre colonne, ce qui doit être cherché (les verbes, l’image, le texte…). Votre enfant aura ainsi un exemple d’exercice et cela l’autonomisera pour comprendre les suivants.

L’attitude de votre enfant

La tenue du stylo
Voilà un des sujets les plus importants de cet article. Savoir tenir son crayon, c’est essentiel, d’abord pour la qualité de l’écriture, mais aussi pour la fatigabilité. Autrement dit, si votre enfant écrit comme un cochon ou a rapidement des crampes dans la main, c’est certainement qu’il tient mal son stylo. La position du corps est aussi importante. Vous verrez, dans la partie apprentissage, qu’il est possible d’apprendre en bougeant, mais pour écrire, il faut vraiment garder son corps fixe. Bien assis, le dos droit, le cahier légèrement tourné vers la main qui écrit. Un peu comme un rituel.
En ce qui concerne le stylo, je ne peux que conseiller le stylo plume. Certes, au début, votre enfant va avoir les doigts tout bleus, mais le soin, ça s’apprend. Il suffira d’imposer quelques règles pour qu’il ne joue pas avec. Si je conseille le stylo plume, c’est parce que l’encre en sort toute seule. On ne s’en rend pas compte, mais lorsqu’on écrit avec un stylo à bille, on a tendance à se crisper dessus. Il faut appuyer sur le papier pour faire rouler la bille. La plume glisse sur le papier. Dans les classes plus grandes, si votre enfant a l’habitude d’écrire avec son stylo, gardez-le, mais si votre enfant est en maternelle ou au CP, préférez la plume.

Ensuite, la tenue : pour saisir son stylo, l’enfant doit faire une pince avec l’index et le pouce. Il attrape ensuite son stylo en refermant la pince à une courte distance de la pointe. Enfin, le majeur se replie vers la paume de la main et vient soutenir le stylo par en dessous.

Si votre enfant a pris de mauvaises habitudes et qu’il a du mal à maintenir une bonne prise de stylo, il existe différents guide-doigts qui s’installent sur les stylos et qui peuvent l’aider à reprendre de bonnes habitudes.

Il ne veut pas travailler
Il se peut que votre enfant ait du mal à admettre que vous passiez du rôle de « papa », « maman »… à celui d’enseignant. Il va falloir expliquer les raisons de votre choix. Le travail scolaire ne pourra se faire qu’avec son accord. S’il traîne trop, ne veut rien faire, vous pouvez tester le minuteur. Une heure, c’est le maximum que vous pouvez accorder pour une page d’exercices. Mettez-le dans de bonnes conditions de travail, avec le minimum de sources de distraction, le minimum de matériel. Et surtout, ne désespérez pas. L’apprentissage peut sembler long, mais ne doutez pas de la réussite de votre enfant.

Les activités proposées

Les écrans, s’ennuyer, jouer
Lorsqu’on est enseignant, il est facile de dire, parmi ses élèves, qui regarde la télévision de manière intensive ou non. Et force est de constater que cela est souvent corrélé avec la réussite scolaire de l’élève. Les enfants qui regardent beaucoup les écrans ont plus de difficulté à se concentrer et moins d’imagination. Ils ont aussi souvent moins de facilité motrice et plus de mal à se représenter des objets dans l’espace. Éliminez donc autant que possible tous les écrans. Si votre enfant était un gros consommateur d’écran, il va rapidement tourner en rond et venir vous solliciter : « Maman, papa, je m’ennuie. » C’est excellent ! De l’ennui naît la créativité. Vous pouvez lui proposer un exercice tout bête. Sur internet, imprimez quelques personnages sur un papier cartonné. (Je vous conseille ceux de Chilifranco ou de Luigi Lucarelli, mais il y en a d’autres). Proposez-lui de les découper et laissez-le jouer avec.

Découper, coller, colorier, tenir un cahier
Toutes ces actions s’apprennent. Ouvrir un cahier et commencer à écrire sur la première page n’est évident pour vous que parce que vous l’avez appris. Vous n’êtes pas obligé d’exiger que votre enfant écrive la date, tous les jours, qu’il tire des traits à la règle entre chaque exercice. En revanche, son cahier doit être bien tenu, les exercices séparés par un espace et son travail doit être lisible. De même, découper soigneusement n’est pas si évident. Il pourrait donc être utile, parfois, de faire découper et coller un exercice sur le cahier. Apprendre à mettre de la colle sur une feuille peut aussi s’avérer être une activité compliquée (et salissante). Enfin, les enfants doivent apprendre à colorier proprement, sans dépasser. Pour les plus petits, un coloriage sera très bien. (Pensez à bien vérifier la tenue du crayon.) Pour les plus grands, des activités telles que le pixel-art se révéleront agréables et utiles pour travailler le soin, mais aussi le repérage spatial.

Quelles disciplines enseigner ?
Toutes. Le français et les mathématiques sont évidemment essentiels, mais ne négligez pas l’histoire, la géographie et les sciences. Ces dernières leçons peuvent se concevoir sous forme de leçon de choses, mais aussi sous forme de lecture ou de visionnage de documentaires, de recherches pour un exposé. Et si vous avez un centre d’intérêt, une passion qui n’est pas enseignée à l’école, vous pouvez l’inclure dans les apprentissages.

Le vocabulaire est la discipline la plus importante aujourd’hui. Il a été prouvé que la violence est souvent liée à la difficulté de s’exprimer. Autrement dit, le manque de vocabulaire engendre la violence. De plus, il permet de comprendre les textes lus et d’enrichir ses propres écrits. Les plus grandes carences de connaissances concernent les verbes. Or ce sont eux qui donnent du sens à l’action dans la phrase. L’utilisation de temps plus complexes comme le passé simple ou le plus-que-parfait a été oubliée. Même les « Club des cinq » de notre enfance ont été réédités au présent et au passé composé, prétendument pour en simplifier la lecture, mais cela a seulement pour effet d’appauvrir les connaissances. Lisons donc à nos enfants, et proposons-leur des lectures, qui contiennent des temps plus complexes…

Ce vocabulaire peut donner lieu à un petit jeu : l’employer le plus possible dans une journée, montrer les objets ou les actions proposées par le parent. Notre cerveau, pour retenir un mot, doit l’entendre ou l’utiliser au minimum sept fois dans des circonstances variées (et à des jours différents). Ne faites donc pas l’impasse sur les lectures diverses, la poésie qui permet d’acquérir un vocabulaire varié et imagé, les rédactions et autres écrits qui peuvent sembler rébarbatifs, mais sont essentiels. Pour les plus grands, vous pouvez exiger, par exemple, qu’ils obtiennent une récompense contre une rédaction. (Tu veux une nouvelle console ? OK, si tu m’expliques par écrit ce que cela va t’apporter avec introduction, développement, conclusion.) Il faut chercher la motivation là où elle est.

La lecture
Voilà un autre sujet essentiel. Lire ou ne pas lire, telle est la question. Il y a une énorme différence entre déchiffrer et savoir lire. La lecture comprend : le déchiffrage, la compréhension et la fluence. Il suffit qu’il manque un de ces trois éléments pour bloquer la lecture.

Le déchiffrage : il s’agit de connaître le son des lettres et des groupes de lettres. Son étude s’appelle la phonologie. C’est la base de l’apprentissage.

La compréhension : encore une fois, le vocabulaire est essentiel, mais pas que. Plus votre enfant sera confronté à des types de textes différents, mieux il lira. Faites-lui donc lire des BD, des mangas, des documentaires, des romans, mais aussi des articles de journaux, des recettes, des notices de construction…

La fluence : il s’agit de la fluidité de la lecture. Et là, pas de secret, il n’y a que l’entraînement qui permet de travailler cet élément. Chaque jour, définissez un moment de lecture libre d’au minimum 15 à 20 minutes. Selon son âge une partie pourra être lue à haute voix, pour que vous puissiez le corriger les mots oubliés ou mal lus, et une partie « dans sa tête ».

En ce qui concerne la méthode d’apprentissage de la lecture, syllabique, globale, mixte… voici ce que j’en pense : aucune de ces méthodes ne fonctionne vraiment, si elle n’est pas couplée avec l’apprentissage de l’écriture. C’est en écrivant qu’on apprend à lire. La dictée sera donc quotidienne et liée à la leçon de phonologie du jour. SI votre manuel de lecture n’en propose pas, créez-les.

Aide à l’apprentissage

Bouger pour apprendre et se latéraliser
L’hémisphère droit de notre cerveau a plutôt pour fonction la reconnaissance des formes géométriques, l’écoute des bruits et la mémoire visuelle, tandis que l’hémisphère gauche a plutôt celle de reconnaître les lettres pour permettre la lecture, l’écoute du langage et la parole. Certaines de nos activités ont besoin de coordonner l’activité des deux hémisphères. Or le cerveau de nos enfants est encore en construction et la latéralisation est en cours de fixation (normalement, il se termine vers 8 ans, mais il arrive que cela arrive plus tard). Un des moyens de connecter ses deux cerveaux lorsque l’on fait un exercice, c’est de bouger son corps. Et voilà pourquoi votre enfant s’assied mal et gigote sur sa chaise.

Pour l’aider à se latéraliser, vous pouvez lui proposer des exercices de « brain gym » et ce, dès la maternelle. Les exercices sont simples et les résultats rapides s’ils sont faits régulièrement. Ils consistent souvent en des mouvements croisés, par exemple toucher alternativement son genou gauche avec sa main droite puis son genou droit avec sa main gauche. Je ne vais pas détailler ici les exercices, vous en trouverez facilement en tapant « Brain Gym latéralisation » dans votre moteur de recherche.

Nous n’avons pas tous la même façon de nous concentrer et d’apprendre. Certain d’entre nous sont plus auditifs, d’autres plus visuels et certain plus physiques. Si c’est le cas de votre enfant, permettez-lui d’essayer d’apprendre ses leçons en bougeant, en dansant. C’est un des avantages de l’école à la maison, cela permet de tester des méthodes d’apprentissage différentes.

Comprendre, travailler avec une aide, apprendre
Imaginons que votre enfant soit en train d’apprendre à repérer les natures des mots, à repérer les noms, les déterminants et les verbes. Vous pouvez lui proposer une aide. Une fiche sur laquelle sera inscrite la liste des déterminants, des noms… Le travail est alors plus fluide et se sera la répétition des recherches sur la fiche qui lui feront apprendre la leçon. Apprendre, c’est donc d’abord comprendre le but de l’exercice, réaliser la tâche plusieurs fois jusqu’à l’obtention d’une réussite importante, puis réaliser l’exercice sans aide.

Recréer les problèmes dans le réel
Il s’agit, ici, de problème de mathématiques. Pour expliquer le mécanisme de résolution d’un problème, n’hésitez pas concrétiser le problème avec des fruits, des Playmobil ou tout ce qui vous semblera utile.

La dictée
La dictée n’a pas bonne réputation parce qu’elle nous semble difficile et que le décompte de nos erreurs est souvent décourageant. Elle est pourtant absolument nécessaire. Une par jour travaillé serait l’idéal. Pour faire progresser votre enfant en dictée, je vous propose une petite méthode. Le but est de lui apprendre à réfléchir à l’orthographe des mots, à chercher les accords…

• Dictez le texte une première fois, votre enfant l’écrit.
• Demandez à votre enfant de vous relire ce qu’il a écrit (déjà vous risquez d’être surpris)
• Demandez à votre enfant de souligner les verbes
• Il peut maintenant chercher les sujets des verbes pour les accorder
• Reprenez enfin la dictée et mettez en avant quelques difficultés en posant une question pour le guider.

Par exemple : La maman réfléchit à ce qu’elle va proposer aux enfants maintenant qu’ils sont grands.

Qui est-ce qui réfléchit ? « à », c’est le verbe « être » ou la préposition « à » comme dans  : je vais à l’école ?
Ce, c’est le déterminant ou le pronom personnel réfléchit qui accompagne un verbe ?
Proposer, est-ce qu’on peut le remplacer par prendre ? Peut-on dire : la maman réfléchit à ce qu’elle va prendre ? Si c’est le cas, le verbe est à l’infinitif.
Aux enfants – combien y a-t-il d’enfants ?
Qu’est-ce que remplace « ils » ?
Sont – est-ce que c’est le verbe être ou l’adjectif possessif son ?
Grand – est ce que tu peux trouver sa terminaison en le mettant au féminin ?

Bien entendu, vous n’allez pas faire ça pour chaque phrase de la dictée, mais vous pouvez sélectionner un ou deux éléments dans chaque dictée et passer à d’autres quand ils seront acquis.

Simone pour Le Média en 4-4-2

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