Netanyahou et son cabinet emmènent « Israël » vers l’Armageddon biblique

par Alastair Crooke,

Biden et son équipe, qui s’efforçaient d’obtenir un cessez-le-feu complet, ont rencontré une résistance totale. Le Cabinet israélien et l’armée étaient frustrés par les contraintes imposées par le cessez-le-feu. Une fois toute action militaire arrêtée, plus la période de « temps mort » est longue, plus il devient difficile de reprendre les hostilités. Comme prévu, la trêve est désormais rompue. Les attentes américaines étaient irréalistes, compte tenu du mécontentement du public et de la cohésion au sein du cabinet de Netanyahu.

En réalité, nous entrons dans une nouvelle phase de conflit, qui se distingue sensiblement de la précédente. D’une part, la direction du Hamas a annoncé que, dans cette étape à venir, la principale force combattante (représentant les trois quarts de tous ses combattants à Gaza) entrera en confrontation directe avec les soldats israéliens. D’autre part, il existe le risque que la guerre s’étende et prenne des directions nouvelles et inattendues.

Netanyahou et son équipe ont non seulement ignoré Biden, mais Blinken a informé Gallant en disant : « Il ne vous reste que quelques semaines », à quoi Gallant a répliqué : « Cela prendra des mois », et Blinken a rétorqué : « Je ne pense pas que vous ayez des mois » – cependant, de manière significative, les ministres du cabinet de Netanyahou ont également choisi la « ligne rouge » énoncée par les fronts unis de la Résistance : mettre fin au massacre à Gaza, sinon !

Les objectifs de guerre du Cabinet israélien subissent actuellement une métamorphose, en partie pour éviter la censure liée aux erreurs ayant conduit à la surprise du 7 octobre en Israël. Netanyahu, reconnu comme un expert en manipulation d’image, détourne l’attention du public de l’objectif initial en attribuant l’attaque du Hamas aux lacunes de l’armée et du renseignement. Il façonne une narration dramatique des événements du 7 octobre, les présentant comme le premier acte d’une « Seconde Guerre d’Indépendance ». En résumé, Israël semble mener une guerre perçue comme inévitable, sans alternatives. La survie d’Israël, ainsi que la survie politique personnelle de Netanyahu, semblent dépendre de la prolongation de cette « lutte nationale » formative.

La stratégie du cabinet repose effectivement sur le pari que l’opinion publique continue de soutenir les objectifs déclarés malgré la désapprobation personnelle de Netanyahu. Le soutien public massif actuel aux deux objectifs du cabinet de guerre, à savoir la destruction du « régime du Hamas » et de ses capacités, ainsi que la libération de tous les otages israéliens à Gaza, est considéré comme crucial pour maintenir la légitimité de l’État. L’action militaire en cours.

En substance, le cabinet est convaincu que la colère du public et l’appel à « écraser » le Hamas perdureront malgré l’estimation américaine d’une guerre de « quelques semaines » tout au plus. À cet égard, Netanyahu et son cabinet semblent sur des bases solides. Un sondage récent de l’Institut démocratique israélien a révélé que 90 % de la population soutient pleinement « l’anéantissement du Hamas ». Le directeur de l’IDI a souligné que le sondage indique qu’il n’y a aucune base dans l’opinion publique israélienne pour soutenir un cessez-le-feu ou une solution politique. Selon l’opinion publique israélienne, la stabilité ne sera possible que lorsque « le Hamas sera éradiqué ».

La deuxième mesure prix par le Cabinet israélien est de capitaliser sur le talent artistique de Netanyahu pour présenter la prochaine « guerre d’indépendance » comme une lutte héroïque et inévitable, en utilisant des termes manichéens absolus tels que la lumière contre l’obscurité et la Civilisation contre la barbarie. L’objectif est de susciter une vague de soutien en faveur de l’étape cruciale consistant à éliminer définitivement la « fiction » d’un accord politique avec les Palestiniens, proclamant que cela doit être fait « une fois pour toutes ».

La scène est prête pour une guerre israélienne prolongée contre le « mal cosmique ».

« Moi seul [Netanyahu] peux empêcher la création d’un État palestinien à Gaza, en Judée ou en Samarie » : « Je ne le permettrai pas ». « Il n’y aura jamais » [un État palestinien] ». « Moi seul peux gérer les relations avec Biden (une amitié de 40 ans). Moi seul sais comment gérer la psyché américaine.

« Je dirige »… « non seulement au nom de l’histoire juive mais aussi de la civilisation occidentale ».

Il s’agit d’une fanfaronnade narcissique typique de Netanyahu, cela est convenu. Cependant, une erreur trop courante en Occident est de sous-estimer ses adversaires. Les fanfaronnades de Netanyahu pourraient effectivement être efficaces, comme le suggèrent les sondages. Netanyahu est perçu comme un tacticien russe.

Amos Harel, correspondant aux affaires militaires de Haaretz , écrit

« La colère en Israël face à ces événements (aux alentours du 7 octobre) ne cesse de croître… les considérations émotionnelles viennent s’ajouter à l’idée dominante dans l’opinion publique selon laquelle sans la défaite totale du Hamas dans la bande de Gaza, il n’y a aucune perspective de réduction de la violence. dégâts causés par l’attaque surprise. De plus, sans une victoire militaire de cette ampleur, il sera impossible de dissuader le Hamas à Gaza et le Hezbollah au sud du Liban de tenter des actions similaires à l’avenir ».

Les déclarations de Netanyahu, en particulier la déclaration de « pas d’État palestinien », suggèrent qu’Israël fait pression pour une seconde Nakba. Netanyahu, avec son dualisme éclatant et son soutien populaire national, est en train de lancer un ultimatum silencieux à Gaza : « émigrez ou risquez l’anéantissement ». Cette pression pourrait s’étendre ultérieurement à la Cisjordanie.

Cela ouvre la voie à une « nouvelle guerre » : une guerre civilisationnelle hébraïque visant à établir un « nouvel » Israël sur la « Terre d’Israël » contre le nationalisme islamique émergent soutenu par une civilisation islamique non institutionnelle.

Le Hamas a en effet perturbé le paradigme, faisant disparaître le « concept de deux États ».

Source : Al-Mayadeen

Traduction : Réseau International