Éducation

L’EVARS : Quand l’éducation nationale corrompt les mineurs

De manière tout à fait décomplexée, l’État continue de se pencher sur la question du consentement des mineurs. Mais cette fois-ci, la question ne se pose plus d’un point de vue juridique ni pénal, mais éducatif. Le programme de l’éducation des enfants à la sexualité, pensé et progressivement élaboré depuis plusieurs années à présent (loi Aubry du 4 juillet 2001), est en cours de finalisation au ministère de l’Éducation nationale.

mise à jour le 09/12/24

Comment est né le programme EVARS ? Est-il sous-tendu par la science ou par une idéologie ? Quels sont les risques liés à cet enseignement sur les enfants ?

Oui, vous avez bien lu, l’éducation des enfants à la sexualité — dont l’idée interroge déjà en soi — prépare son entrée fracassante dans les classes de vos bambins, petits et grands, dès la maternelle. En mars 2024, le Conseil Supérieur des programmes a publié un projet dédié à l’EVARS. Déjà appliqué dans de nombreux établissements et source de polémiques (ces parents, décidément !), le programme EVARS (pour éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle) sera soumis au Conseil Supérieur de l’éducation ce 5 décembre pour être effectif au plus tard à la rentrée 2025, amenant avec lui des questions fondamentales, comme l’intimité, le plaisir, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

Outre la possibilité pour les enfants d’apprendre à découvrir la sexualité (il n’est jamais trop tôt), à opposer leur consentement (car, visiblement, c’est à eux de le faire), ou à le donner en connaissance de cause, ils obtiendront des éléments essentiels pour se construire et devenir les adultes instruits et équilibrés de demain. En tout cas, c’est le discours officiel.

Le paradoxe est frappant, puisque confronter un enfant à la sexualité est… puni par la loi. Il semble, pour Ariane Bilheran, philosophe et psychologue clinicienne, qui s’interroge sur cet engouement autour de la sexualité des enfants et dont les travaux approfondis à ce sujet sont une référence, qu’il y a « toute une ingénierie pour essayer de convaincre un certain nombre de personnes que l’enfant a une sexualité. Au-delà du corpus de psychologie de l’enfant […] le fait que l’enfant n’ait pas de sexualité, c’est la loi qui le prévoit, puisqu’un mineur, par définition, n’a pas de consentement. Donc, il n’y a pas de sexualité dans le sens qu’il ne peut pas pratiquer une sexualité. Donc venir conditionner les gens, introduire de la confusion à foison sur [l’idée que] l’enfant a une sexualité, c’est quelque chose, surtout venant de la part de gens qui n’ont pas d’expérience ».

En effet, le législateur, partant du principe que l’adulte n’a pas à transmettre ni à communiquer à l’enfant des détails relevant de sa sexualité, a pris soin d’écrire l’article 227-22 du Code pénal qui dispose que « le fait de favoriser ou de tenter de favoriser la corruption d’un mineur est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Ces peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsque le mineur a été mis en contact avec l’auteur des faits grâce à l’utilisation, pour la diffusion de messages à destination d’un public non déterminé, d’un réseau de communications électroniques ou que les faits sont commis dans les établissements d’enseignement ou d’éducation […] ».

De fait, et rien que d’un point de vue légal, il est légitime de considérer l’EVARS comme une violence sexuelle faite aux enfants dont il ne faut pas minimiser l’aspect traumatogène. La corruption de mineur est une infraction sexuelle punie par la loi. Le Code pénal ne donne pas de définition précise de l’acte de corruption. L’auteur des faits doit se livrer ou tenter de se livrer à un acte de corruption sur un mineur, devant un mineur, ou encore d’inciter les personnes mineures à se livrer à de tels actes sur eux ou entre eux.

La chambre criminelle de la Cour de cassation a pu préciser que cet acte résultait des « agissements qui, par leur nature, traduisent de la part de leur auteur la volonté de pervertir la sexualité d’un mineur ». En décrivant des actes sexuels, en partageant des pratiques sexuelles ou en montrant des dessins à caractère pornographique à un mineur, par exemple (Crim 25 janvier 1983), les établissements scolaires et leurs personnels se rendent coupables de corruption de mineurs au regard de l’article 227-22 du Code pénal. De plus, si les faits sont commis dans les établissements d’enseignement ou d’éducation, les peines prévues sont alourdies.

D’un point de vue psychologique, cette transmission de la sexualité faite de manière prématurée est susceptible de provoquer un clivage de la personnalité. Par un phénomène de distorsion cognitive, on justifie cette intrusion dans l’intime par la nécessité de fournir aux enfants les clés pour grandir, se connaître et se protéger, et ce, malgré les sonnettes d’alarme tirées par les psychologues et psychiatres. Les intervenants se persuadent et tentent de persuader les parents du bien-fondé de ce programme, en tant qu’apport significatif dans le développement positif de la jeune génération, et prétendent venir répondre à une demande émanant des enfants qui « posent des questions », tout en rejetant la responsabilité sur les donneurs d’ordre.

Bien sûr que les enfants « posent des questions », c’est leur boulot. Le nôtre, en tant qu’adultes, c’est d’y répondre correctement et dans un cadre et une forme adaptés. Si le « bon moment » n’est pas identifié comme propice pour un enfant (car chaque individu est différent), selon son âge, sa sensibilité et sa maturité, en plus d’introduire des questions telles que l’identité de genre, le risque est de provoquer une dissociation (amnésie dissociative ou trouble dissociatif de l’identité), sans parler de celui de conduire de plus en plus d’enfants à se mutiler pour « correspondre à leur genre » en pensant que cela leur permettra de « trouver [leur] place dans la société et de s’y épanouir », comme on a pu le lire récemment, et de se construire de façon équilibrée.

Dans cet article que nous venons de citer, on nous fait part du contenu de ce programme pas si nouveau, mais pas encore imposé partout, en des termes plutôt rassurants. Rien de bien inquiétant jusque-là. On se demande même ce qui peut tant choquer les parents. On y apprend que, dès la maternelle (à partir de 3 ans), l’enfant apprendra à « mieux connaître son corps », à « identifier et nommer les différentes parties de son corps ». À première vue, un programme spécifique ne semble pas indispensable pour cela. Dès l’élémentaire (environ 6 ans), il pourra « explorer la question du consentement », notion très à la mode en ce moment et qui, entre nous, ne veut pas dire grand-chose si on ne creuse pas un peu. Au passage, on ne doit pas omettre les questions du genre, du corps, de l’intimité, censées aider les enfants à s’épanouir. Il y a tout un pont à franchir — plusieurs même — pour en arriver à une telle conclusion.

Pas de quoi s’offusquer, me direz-vous. Mais que nenni, l’intégralité des textes n’est jamais présentée au grand public. Concernant la question du consentement, justement, ce même article précise que les enfants « apprendront à comprendre qu’une hésitation ou un doute ne compte pas pour un oui, et que l’on peut toujours dire non ». Très bien. Et si l’enfant omet de dire « non », il se passe quoi ? S’il peut dire non, cela veut-il dire a contrario qu’il peut dire oui ? Dans ce cas, s’il donne son consentement, un adulte pourrait-il s’en prévaloir devant monsieur le juge ?

Pour Ariane Bilheran, « le simple fait de montrer des images à caractère sexuel à un enfant qui n’est pas du tout, par définition, en capacité de réceptionner ces représentations crée du traumatisme », le risque étant qu’il développe à l’âge adulte des addictions, une forte impulsivité, de la violence, ou encore des problématiques suicidaires, du moins dépressives.

D’après ses travaux approfondis sur la question des droits sexuels, les origines de ce projet et les fondements des standards de l’OMS ne sont pas scientifiques, mais bien idéologiques, et il est « vain de tenter de décrédibiliser la parole » des parents, des professeurs et des experts sur ces questions. Les personnalités officielles qui sont invitées sur les plateaux TV pour s’exprimer à ce sujet n’ont en réalité aucune réelle connaissance sur ces questions, ce qui crée une sorte de confusion favorisée par un flou sensationnaliste. On met plus volontiers en scène des réactions animées, voire hystériques, qualifiées de complotistes, face à des individus qui rappellent que, quand même, c’est bien de parler de sexualité aux enfants, ne serait-ce que pour qu’ils apprennent à se protéger des violences sexuelles… Et on gobe, parce que ça semble plus digeste.

Pour Régis Brunod, le risque est qu’à l’âge adulte, les enfants qui auront reçu ces enseignements dès leur plus jeune âge (rappelons que l’entrée en maternelle se fait autour de 3 ans) estiment qu’ils ont été abandonnés par les adultes qui n’auront pas su les protéger. Car, ce n’est plus à prouver, les traumatismes psychiques ne se révèlent que bien plus tard dans la vie. Sur le moment, il ne sera pas possible d’évaluer les effets d’un tel enseignement sur les enfants. Le discours officiel est dans le déni de l’effraction traumatique. On se demande si cette dissociation des circuits n’est pas déjà présente chez les adultes qui appliquent rigoureusement ce programme ou, du moins, qui en minimisent la gravité.

On peut concevoir la difficulté pour les parents d’imaginer, de se rendre compte de ce que cela implique ; d’abord parce que ce programme est établi dans le cadre de l’école, un lieu d’apprentissage et de bienveillance par définition, ensuite parce qu’il est inconcevable de penser que des personnes élaborent spécifiquement des plans pour détruire les enfants. Pourquoi cet empressement ? Pourquoi ne pas proposer plus d’études, si la volonté initiale est le bien-être et l’équilibre des enfants ? Pourquoi ne pas solliciter plus d’experts, plutôt que de les taxer de complotistes ?

« […] on ne pourra jamais insister sur l’importance du traumatisme et en particulier du traumatisme sexuel comme facteur pathogène. »
Sandor Ferenczi

Ariane Bilheran précise : « Sans parler des orientations idéologiques, c’est introduire davantage de confusion ». Elle explique que notre rôle en tant qu’adultes est d’aider les enfants à « clarifier les choses » en rappelant les quatre piliers fondamentaux de la civilisation : l’interdit de l’inceste, celui du meurtre, la différence des générations et la différence des sexes. Les enfants ont besoin de les intégrer pour se construire psychiquement de façon stable.

En réalité, ce qu’on devrait enseigner à nos enfants, c’est de dire non à un adulte qui veut lui parler de sexe et de jouissance. Et de rappeler aux adultes qu’ils n’ont pas le droit de le faire. Ce qui est très dérangeant, c’est que, si l’intention diffère, ces acteurs procèdent de la même manière que les prédateurs.

À l’heure actuelle, en dehors d’échanges peu approfondis et en l’absence de réel débat mené par de vrais experts, il n’est pas possible de parler réellement de ce programme, de s’interroger sur son contenu, voire de le critiquer, sans s’exposer à des attaques violentes et des menaces de mort. Pour Ariane Bilheran, « critiquer l’OMS est inconcevable pour la majeure partie des gens, l’OMS étant considérée comme un organisme qui nous veut du bien. Il y a une censure conformiste, mais aussi médiatique, avec un mélange de vrai et de faux et énormément de propagande en faveur de cette sexualisation de l’enfant ». Elle rappelle également qu’il y a du « business » derrière cette question des droits sexuels de l’enfant, « notamment l’accès à la pornographie », avec des financements provenant de cette industrie. Cela, les médias se gardent bien de le préciser. Pour info, le trauma infantile entraîne, entre autres, des addictions, notamment à la pornographie, comme l’avait déjà évoqué Judith Reisman.

Toutes ces informations sont accessibles en ligne, les véritables experts sur ces questions n’inventent rien et basent leur jugement sur des éléments tangibles, scientifiques et vérifiables. L’une des premières sources est le rapport sur les standards de l’OMS, publié en 2017. Ce rapport de l’OMS est fondé sur la déclaration des droits sexuels, qui trouvent leur fondement soi-disant scientifique sur les travaux du Dr Kinsey (vous savez, celui qui masturbait les bébés pour étayer sa théorie sur l’orgasme des nourrissons), travaux financés par la Fondation Rockefeller, rien de moins. Il est soutenu par le Planning familial international (IPPF) qui, rappelons-le, a été créé par l’eugéniste Margaret Sanger, et financé, en partie, par la Fondation Bill et Melinda Gates, et dont Bill Gates est l’un des principaux actionnaires.

Pour exemple, l’article 5 de cette déclaration, concernant le droit à l’autonomie et à la reconnaissance devant la loi, dispose que « toute personne a le droit d’être reconnue devant la loi et à la liberté sexuelle. Cela implique pour chacun l’opportunité pour chacun d’exercer le contrôle sur ce qui touche à sa sexualité, de décider librement de ce qui touche à sa sexualité, de choisir ses partenaires sexuels, de rechercher à atteindre son plein potentiel et plaisir sexuels, ce dans un contexte non discriminatoire et en tenant pleinement compte des droits d’autrui et des capacités évolutives de l’enfant ».

De plus, selon ces standards, l’objet de l’éducation sexuelle est de « développer le potentiel sexuel de l’enfant et le droit de tous à l’éducation sexuelle partout dans le monde et tout au long de la vie », suggérant qu’il y a une sexualité dès la naissance. Ainsi, l’enfant va, entre 0 et 4 ans, acquérir la compétence en matière de sexualité (c’est-à-dire qu’on va la lui enseigner), à savoir « le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce ; la découverte de son propre corps et de ses parties génitales ; le fait que le plaisir lié au contact physique est un aspect normal de la vie de chacun ; la tendresse et le contact physique comme une expression de l’amour et de l’affection », sans oublier de préciser que « l’adulte est le partenaire de l’enfant pour cet enseignement ». On croirait lire les propos d’un pédocriminel sur un réseau social. Sont détaillés dans ce rapport, dans un tableau bien organisé, l’ensemble des objectifs d’acquisition des connaissances et des compétences en matière de sexualité par classe d’âge, à partir de 0 an.

Selon les principes et objectifs de l’éducation sexuelle défendus par l’OMS, on retrouve par exemple : « 1. L’éducation sexuelle est adaptée au niveau de développement et aux capacités intellectuelles de ses destinataires, en phase avec leurs réalités socioculturelles et leur genre. Elle correspond à la réalité de vie des jeunes. », mais aussi : « 5. L’éducation sexuelle commence dès la naissance. » Parmi les caractéristiques de l’éducation sexuelle, on apprend qu’elle « doit être donnée en étroite collaboration avec les parents et la communauté afin de créer un environnement consensuel et stimulant. Les parents sont impliqués dans l’éducation sexuelle à l’école ; ils sont informés au préalable et peuvent exprimer leurs souhaits comme leurs réserves. Écoles et parents se soutiennent mutuellement dans le processus durable de l’éducation sexuelle. La coopération avec d’autres groupes d’acteurs (groupes de jeunes laïcs et religieux, promotion de la santé, centres de consultation, etc.) est également bénéfique ». Dans ce cas, que se passe-t-il si une majorité de parents s’y opposent ? Pourquoi ne sont-ils pas mieux informés ?

Parents, il en va de la responsabilité de chacun, et chacun est libre de se faire sa propre opinion, à condition de connaître le sujet. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Si vous doutez, si vous n’avez pas confiance, si, pour vous, les complotistes sont responsables des tensions qui émergent autour du programme EVARS, faites vos recherches par vous-mêmes, lisez, renseignez-vous. L’avenir de vos enfants est entre vos mains.

Chères lectrices, chers lecteurs,

Soyez acteur du changement en soutenant un journalisme véritablement indépendant et de qualité en vous abonnant à notre média financé par les dons de personnes comme vous.

Accédez à des contenus exclusifs
et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

partagez cet article !

Pas encore de commentaire sur "L’EVARS : Quand l’éducation nationale corrompt les mineurs"

Laisser un commentaire

Newsletter

La Boutique du 4-4-2

Éducation

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous