
L’invasion russe de l’Ukraine a provoqué une crise humanitaire massive et des effets d’entraînement sur l’économie mondiale. Larry Fink, PDG de BlackRock, explique comment cette guerre économique perturbe les chaînes d’approvisionnement, l’inflation et la mondialisation.
Répondant aux questions de Samara Epstein Cohen, Larry Fink analysait la particularité du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine et qui a des répercussions sur l’économie mondiale. Selon le PDG de BlackRock, la mondialisation est terminée, elle est en panne.
« Au cours des trente dernières années, les entreprises du monde entier se sont développées géopolitiquement et dans différentes zones géographiques. Nous avons construit toute cette fondation de la mondialisation. Nous avons bâti ces marchés de capitaux mondiaux. Mais la fondation, de la façon dont nous avons construit le modèle mondial, est maintenant terminée. Il est en panne. Maintenant, nous essayons de réévaluer pour comprendre ce que cela signifie pour l’avenir. Et nous n’avons pas encore assez de réponses parce que nous ne connaissons pas le résultat. Comment pouvons-nous avancer en tant qu’entreprises, en tant que pays ? J’ai été au téléphone avec de nombreux PDG aujourd’hui et hier et tous les jours depuis l’invasion, et j’entends de la peur à l’inquiétude, mais le plus inquiétant est cette incertitude. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que cela signifie pour la mondialisation ? »
Selon le milliardaire de BlackRock, la démondialisation est en marche à la suite de la montée du nationalisme et des tensions géopolitiques. Les chaînes d’approvisionnement vont se déplacer là où se trouve la demande. « Je pense qu’en regardant maintenant les dépendances de la Russie, en se concentrant sur les dépendances d’autres parties du monde, que ce soit en Chine ou ailleurs, je pense qu’il y a une autre réévaluation des chaînes d’approvisionnement. Et cela signifie-t-il une démondialisation ? C’est probablement le cas. Et donc, en raison de la montée du nationalisme, des tensions géopolitiques et de la nécessité d’avoir de meilleures chaînes d’approvisionnement, cela signifie que tout le monde les rapproche de là où se trouve la demande. Et c’est un grand renversement dans la façon dont les entreprises ont construit leurs plateformes et leurs entreprises. Et donc beaucoup de cela est réévalué. Et cela signifie à la marge moins de mondialisation. »
Conscient et partie prenante dans cette guerre économique, Larry Fink rappelle aux chefs d’entreprise que l’accès aux marchés financiers mondiaux est un privilège et non un droit. Les sanctions contre la Russie vont dans ce sens : « Ce que vous voyez, c’est que la réponse économique est immédiate et rapide. Et je pense que ça va avoir beaucoup d’impact. Je pense que c’est un rappel pour chaque pays, comme c’est un rappel pour chaque entreprise, l’accès au capital est un privilège, pas un droit. » Une réponse qui est semblable aux propos du young leader Emmanuel Macron concernant le devoir qui passe avant le droit. Le pouvoir profond tente d’appliquer à la Russie la même stratégie qu’elle a appliquée à chaque citoyen du monde pendant le Covid, ce qui donne concrètement une vaccination contre la liberté. Se soumettre au pouvoir profond pour avoir des droits. Le Kremlin sera donc privé de McDonald, Puma, Netflix, Disney, Nike, Google, Starbucks… sauf que sur un peuple qui à 95 % est croyant orthodoxe, ne pas porter des Nike le dimanche à l’église est de peu d’effet.
Larry Fink annonce donc la fin de cette forme de mondialisation, mais garde l’espoir en un gouvernement mondial avec une mondialisation des devoirs, restrictive, très orwellienne. Joe Biden l’avait annoncé face à General Motors, Apple, Amazon, JP Morgan… Un combat qui est loin, très loin d’être gagné face à une puissance militaire russe, unie par son leader et l’Église, et alliée à une Chine surpuissante.
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