La FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) se déroule chaque année à Paris. Elle est l’occasion d’exposer des œuvres d’art de tous les pays. Certaines œuvres ont été installées dans les jardins en 2021, comme en 2019. Elle est surtout l’occasion de se poser la question : qu’est-ce que l’art contemporain ?


Comment en est-on arrivé à cette foire qu’est l’art contemporain ?
Cela remonte à 1917, au temps du surréalisme. Marcel Duchamp avait exposé un urinoir sur un socle, comme une œuvre d’art. Et surtout comme une bonne blague, une façon de dire que ce qui fait l’œuvre d’art c’est la façon de voir le monde, qu’on soit artiste ou spectateur, que l’objet ne compte pas. L’art serait dans la vision de l’artiste et non dans l’objet représenté. Cette critique de l’art officiel a été récupérée par les marchands d’art. Heureusement qu’il y a des panneaux explicatifs !

Cet art officiel dépourvu de sensibilité est en fait une bulle spéculative reproductible à l’infini par des techniques industrielles (comme les billets de banque…). Andy Warhol, qui exposait des séries de boîtes de soupe Campbell, a profité de la notoriété de la marque pour être visible tout en faisant passer ça pour une création critique de la société de consommation. Depuis, rien n’a changé. Les marchands d’art n’ont guère trouvé d’autre argument explicatif à leur art officiel qui serait transgressif : soit il critiquerait la société de consommation, soit l’art des siècles passés. Ainsi Jean-Jacques Aillagon, directeur du château de Versailles, a exposé, dans l’écrin valorisant de la Galerie des Glaces, des œuvres de Jeff Koons qui appartenaient à François Pinaud, avant de se replier au Palazzo Grassi à Venise (également propriété de François Pinaud).
Cette bulle spéculative perdure. Au moins tant que le public n’ose pas dire que le roi est nu. D’ailleurs, s’il ose le dire, les médias s’empresseront de lui expliquer qu’il est ringard, figé dans des conceptions esthétiques d’un autre temps. Bref, le public n’est pas de son temps. Encore une façon de déposséder les gens de leur liberté de jugement, tout en blanchissant des capitaux flottants dans le marché des œuvres d’art, certaines fausses ou volées, mais toutes cotées chez Sotheby’s (Patrick Drahi), Christie’s (François Pinaud) ou Tiffany (Bernard Arnaud). L’avantage : échapper au fisc. C’est mieux que d’investir dans l’économie, plus sûr qu’en Bourse — les prix sont fixés par les sociétés de ventes entre elles. Un détail : le billet d’entrée à la FIAC en 2021 est de 40 €. Une façon de dire qu’il s’agit de commerce et non d’art.
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2