Après le Mali, le Niger et le Burkina Faso, le Tchad met fin à sa coopération militaire avec la France

Le Tchad a officialisé la fin de son partenariat de défense avec la France, marquant une étape décisive dans ses relations diplomatiques avec son ancienne puissance coloniale. Cette décision implique le retrait des troupes françaises stationnées dans ce pays d’Afrique centrale, où environ 1 000 soldats et des avions de combat étaient déployés.

Un tournant dans les relations franco-tchadiennes

L’annonce a été faite jeudi par Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères, qui a souligné que le Tchad, tout en reconnaissant la France comme un « partenaire essentiel », revendique désormais sa souveraineté avec fierté. « Le Tchad a grandi, a mûri et est un État souverain jaloux de son indépendance », a-t-il déclaré.

Ce communiqué intervient peu après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et dans un contexte où le Tchad renforce ses liens avec d’autres puissances, notamment la Russie.

🇹🇩🇫🇷 Le Tchad decide de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense avec la France.
Communiqué du Gouvernement 👇 pic.twitter.com/YXeBjv2WZ4

— Ambassade du Tchad en France (@Ambatchadparis) November 28, 2024

Un repositionnement géopolitique stratégique

Longtemps considéré comme un allié clé des pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le Tchad se tourne progressivement vers de nouveaux partenariats. Cette décision s’inscrit dans une série de ruptures similaires, la France ayant déjà été contrainte de retirer ses troupes du Mali, du Niger et du Burkina Faso à la suite de changements politiques dans ces pays.

Le président Mahamat Idriss Déby, qui a succédé à son père en 2021 après trois décennies de règne, a exprimé sa volonté de diversifier les alliances du Tchad. Le pays, enclavé et situé au carrefour stratégique de l’Afrique centrale et sahélienne, partage ses frontières avec des zones instables comme la République centrafricaine, le Soudan et la Libye, où le groupe paramilitaire russe Wagner exerce une influence croissante.

Une souveraineté affirmée

Le ministère tchadien des Affaires étrangères a indiqué que cette décision permettra au pays de « redéfinir ses partenariats stratégiques ». Après 66 ans d’indépendance, le Tchad aspire à une collaboration internationale qui respecte pleinement sa souveraineté.

Le communiqué précise que la transition sera réalisée en conformité avec les modalités prévues par l’accord de défense signé avec la France en 2019, garantissant une résiliation ordonnée et concertée.

Cette dynamique s’inscrit dans un climat plus large de remise en cause des relations historiques entre la France et ses anciennes colonies. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a récemment exprimé une position similaire, déclarant que la présence militaire française dans son pays était désormais inappropriée.

Une nouvelle ère pour le Tchad

En affirmant son indépendance, le Tchad ouvre un nouveau chapitre de son histoire diplomatique. Cette décision, tout en redéfinissant ses alliances, reflète une tendance croissante des nations africaines à vouloir maîtriser pleinement leur destin, loin des héritages coloniaux.