Le prix Nobel 2022 Annie Ernaux a des chances d’être un succès Gallimard. Avec Jean-Marie Le Clézio, prix Nobel 2008, et Patrick Modiano, prix Nobel 2014, les ventes avaient été multipliées par dix. Ainsi, Le Clézio a-t-il été vendu à 540 000 exemplaires, tous titres confondus, en 2008, l’année de son Nobel, contre 120 000 en 2007, et Modiano a été vendu à 404 000 exemplaires en 2014, contre 41 000 l’année d’avant.
BREAKING NEWS:
The 2022 #NobelPrize in Literature is awarded to the French author Annie Ernaux “for the courage and clinical acuity with which she uncovers the roots, estrangements and collective restraints of personal memory.” pic.twitter.com/D9yAvki1LL— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 6, 2022
Selon le Centre national du livre et Ipsos, les Français ont délaissé la lecture pendant le confinement. Même si 81 % d’entre eux se déclarent lecteurs — d’au moins un livre dans l’année ! —, cela représente 7 points de moins par rapport à 2018–2019. Pendant le confinement, les transports étaient moins utilisés, les bibliothèques restaient fermées ou soumises au protocole sanitaire, les librairies ont été longtemps fermées et le télétravail s’est révélé très chronophage. Le confinement a pourtant bon dos. Si en 2021, la France est le pays européen où on lit le moins, entre 2008 et 2015 (graphique de gauche), elle était déjà celui où l’on consacrait le moins de temps à la lecture (graphique de droite).
La faute aux lecteurs ou aux auteurs ? Disons que si on considère les auteurs classiques, la faute reviendrait aux lecteurs. Quant aux auteurs contemporains, ils ont certainement leur part de responsabilité. Quantitativement, Annie Ernaux n’y est pas pour grand-chose, si on fait le total du nombre de pages de ses livres les plus récents : Le Jeune homme, 31 pages imprimées en 2022, Hôtel Casanova, 96 pages en 2020, Monsieur le Président, 9 pages en 2020, Mémoire de fille, 119 pages en 2018, Je ne suis pas sortie de ma nuit, 112 pages, et Journal du dehors, 102 pages en 2017. Tout le monde n’est pas Balzac (11 143 pages de Comédie humaine), mais du temps où elle écrivait — avant 2011 —, Annie Ernaux avait quand même rempli 1088 pages d’un gros Quarto Gallimard joliment étoffé de cent illustrations, ainsi que de nombreux articles. Après tout, le Nobel consacre l’ensemble d’une œuvre et puis retourner en faveur de Macron un gilet jaune doublé castor, cela mérite un prix (740 000 euros).
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.