« Dutroux, L’Enquête Assassinée » : les révélations du gendarme écarté, Aimé Bille

Dutroux, l’enquête assassinée, révélation d’un gendarme écarté de l’enquête. Le livre est signé par le gendarme (à la retraite) Aimé Bille et l’éditeur est Investig’action. Le thème : une enquête sur l’étouffement d’une enquête.

Sautons les préfaces. Nous nous retrouvons en pleine action. L’enquête sur des enlèvements, des viols, des actes de torture et des meurtres d’enfants est double. Elle vise, d’une part, Marc Dutroux et ses complices haut placés, d’autre part, de hauts gradés de la gendarmerie et des magistrats.
La corruption se manifeste pleinement en avril 1992. Condamné pour viol, Marc Dutroux bénéficie pourtant d’une libération anticipée accordée par le ministre de la justice, Melchior Whattelet. Libéré, Marc Dutroux en profitera pour tuer.

Aimé Bille et Patriek De Baets, les gendarmes chargés d’éplucher les comptes bancaires de Dutroux, découvrent d’importants versements après plusieurs enlèvements d’adolescentes.
Désignée dès la disparition de deux petites liégeoises, Julie et Mélissa, le 24 juin 1995, la juge d’instruction Martine Doutrèwe ne perd pas de temps et s’empresse de partir en vacances. Se rendre sur les lieux de l’enlèvement, ce sera pour plus tard.

Le 19 décembre 1995, le maréchal des logis René Michaux perquisitionne la maison de Dutroux dans le cadre d’une affaire de vol de voitures. En fait, depuis longtemps pour Michaux et d’autres gendarmes, Dutroux est le suspect principal de l’enlèvement des deux jeunes filles. Michaux ne remarque pas les aménagements de la cave pourtant évidents. Lorsqu’il perçoit ce qu’il appelle « des chuchotis« , il lance un retentissant : « Taisez-vous ! » à ses collègues pour mieux entendre. Cela fait taire Julie et Melissa terrées dans la cache. Dutroux les avait conditionnées pour qu’elles se méfient des « méchants »… « J’en ai déduit à tort, et malheureusement, que les chuchotis provenaient de la rue », expliquera René Michaux. Trois mois plus tard les petites recluses mourront de faim et de soif.

Dans le film Hot Fuzz, un enquêteur « trop » scrupuleux se rend compte que ses chefs et ses collègues, loin de l’aider, ne sont que de dangereux zombis. C’est une comédie. Dans la réalité, le scénario est tragique, la corruption est humaine, mais l’impression d’étrangeté est identique. Au fur et à mesure de leur enquête, Aimé Bille et Patriek De Baets se heurtent à leur hiérarchie, laquelle finit par les accuser de falsification pour les mettre à l’écart.

Le juge d’instruction Jean-Marc Connerotte, sans doute beaucoup trop honnête, est lui aussi écarté ! Le 14 octobre 1996, la Cour de Cassation de Belgique, top des institutions judiciaires belges, le dessaisit pour manque d’impartialité. Motif : il avait participé à un repas de spaghetti avec une association de défense des victimes de Dutroux. Quelques jours après l’indigne « arrêt spaghetti », le 20 octobre 1996, plus de trois cent mille personnes s’unissent pour une Marche blanche. Faute de confiance dans les institutions, ce rassemblement ne se structurera pas et restera sans lendemain.

Malgré les fonctionnaires corrompus, une commission d’enquête du Parlement parvient à établir un rapport sur l’affaire Dutroux en 1997. C’est un réquisitoire contre la Justice et la police belges.

En 2009, WikiLeaks publie le dossier judiciaire de l’affaire Dutroux. Une des victimes y déclare que plusieurs membres de la famille royale belge ont assisté aux viols qu’elle a subis (voir pièces jointes, témoignage pages 1072 et suivantes).

Les deux gendarmes Aimé Bille et Patriek De Baets ont finalement été blanchis de toute accusation. Mais leur enquête est abandonnée. Réseaux pédophiles et criminels sont bien protégés. D’autant que la famille royale serait impliquée.

Les médias ont présenté Marc Dutroux comme un tueur isolé. Pourtant, selon son propre avocat Me Magnée, il faisait partie d’un réseau criminel de notables.

Le site belge 🇧🇪 de RTL a supprimé la 🎞️ de Me Xavier Magnée, l’avocat de Marc DUTROUX, un criminel condamné à la prison à perpétuité.

👉 « Dutroux n’était pas un prédateur isolé. Il fournissait des gamines à des gens puissants. » 💥 #réseau #trafic #enfant #censure pic.twitter.com/nqfcgrUvFN

— Benoit Martin ⚜ (@benoitm_mtl) May 18, 2024

Les médias sont-ils complices ? Il semble que oui. En France, sous la IVe République, les médias enjolivaient la pédo-criminalité en évoquant ballets roses et bleus, sans mentionner l’âge des victimes. Actuellement ils ignorent le livre-enquête La pédocratie à la française de Jacques Thomet. Est-ce parce qu’une liste de visiteurs huppés de l’appartement de Jeffrey Epstein à Paris y figure ?

Le film Sound of Freedom sur le trafic d’enfants n’a obtenu de la presse qu’un accueil dédaigneux. Sur Allociné les critiques professionnels le notent 1,9 sur 5. En revanche les spectateurs lui attribuent 4,1. Les distributeurs le boudent. Wikipedia qualifie le film de complotiste et peu fiable. Dérange-t-il tant que cela ?

Depuis sa parution le 7 avril 2024, le livre enquête de Aimé Bille, Dutroux, L’enquête assassinée Révélation d’un gendarme écarté de l’enquête, n’est pas diffusé sur les sites de vendeurs professionnels. On peut le commander directement chez l’éditeur, Investig’action.

Les gendarmes Patrick De Baets et Aimé Bille dans l’émission « Controverse » du 11 octobre 1998 :

Que ce soit en France ou en Belgique, la vérité sur les réseaux pédo-criminels continue d’être étouffée.