Une décision qui déclenche une crise constitutionnelle
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a surpris le pays et le monde entier en proclamant la loi martiale : « Dans les 10 prochains jours, je vais éradiquer les forces anti-étatiques… », une mesure exceptionnelle qui n’avait pas été utilisée en Corée du Sud depuis 44 ans. Face à une vague de critiques et à une opposition ferme de l’Assemblée nationale, il a finalement été contraint de revenir sur cette décision quelques heures plus tard.
Cette déclaration, initialement justifiée par la nécessité de contrer des menaces « pro-nord-coréennes » et de préserver l’ordre constitutionnel, a rapidement plongé le pays dans une crise politique et constitutionnelle majeure.
Une opposition qui monte au créneau
L’Assemblée nationale, dominée par le Parti démocrate d’opposition, a voté en urgence pour bloquer l’ordre de loi martiale, annulant ainsi la décision présidentielle. Sur les 300 députés, 190 se sont prononcés en faveur de la révocation, rendant la mesure « nulle et non avenue », selon Woo Won-shik, président de l’Assemblée.
La Confédération coréenne des syndicats, l’un des plus grands rassemblements syndicaux du pays, a annoncé une grève illimitée jusqu’à la démission du président. Parallèlement, les députés de l’opposition ont déposé une motion de destitution, qui pourrait être soumise au vote dans les 72 heures.
Des manifestants tentent d’arracher les fusils des soldats des forces spéciales sud-coréennes qui bloquent le Parlement, deux heures seulement après la déclaration de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol :
🇰🇷 | Manifestantes intentan arrebatar los rifles a soldados de las fuerzas especiales surcoreanas que bloquean el Parlamento, apenas dos horas después de la declaración de ley marcial por parte del presidente Yoon Suk Yeol. pic.twitter.com/pB0QTpNEVO
— UHN PLUS (@UHN_Plus) December 3, 2024
Une situation tendue sur le terrain
La déclaration de la loi martiale a immédiatement entraîné des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre devant le Parlement à Séoul. Des véhicules blindés et des soldats lourdement armés ont été déployés, ravivant des souvenirs douloureux de l’époque de la dictature militaire.
Lee Jae-myung, leader du Parti démocrate, a vivement critiqué cette mesure, déclarant : « Des tanks et des soldats ne doivent pas diriger un pays démocratique. » Même au sein du parti de Yoon, des voix se sont élevées pour dénoncer une décision « mauvaise et inappropriée ».
Les forces spéciales sud-coréennes brisent les vitres du Parlement et entrent pour empêcher les députés de voter sur l’annulation de la loi martiale du président :
🚨🇰🇷 Séoul : Les forces spéciales sud-coréennes brisent les vitres du Parlement et entrent pour empêcher les députés de voter sur l’annulation de la loi martiale du président
Le président Yoon Suk Yeol affirme qu’il protège son pays des « forces communistes ». pic.twitter.com/MSqLdly5nE
— Trump Fact news 🇺🇸 (@Trump_Fact_News) December 3, 2024
Une levée sous pression
Sous la pression des manifestations et des critiques internationales, Yoon Suk Yeol a finalement annoncé la levée de la loi martiale. Selon Yonhap, cette décision est intervenue après que son cabinet a voté en faveur de l’annulation, moins de six heures après la déclaration initiale.
L’opposition accuse Yoon de durcir les lois pour museler ses adversaires, tandis que le président critique les tentatives de l’opposition de saper son gouvernement. Avec une cote de popularité en berne, Yoon fait face à une défiance croissante de la part des citoyens et des institutions.
La dernière déclaration de loi martiale en Corée du Sud remonte à 1980, lors des soulèvements en faveur de la démocratie contre le régime militaire. Pour de nombreux Sud-Coréens, la réactivation de cette mesure évoque des souvenirs sombres et une menace pour la démocratie durement acquise.
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