La Série Noire
Boeing, autrefois référence mondiale en matière d’aéronautique, est aujourd’hui confronté à une série noire qui pourrait bien le clouer définitivement sur le tarmac. Depuis 2018, la firme plus que centenaire accumule les accidents et les avaries en si grand nombre et en si peu de temps qu’elle a fini par attirer l’attention des autorités et pire, du grand public. Les incidents, allant de l’incendie électrique au pare-brise fissuré, ont heureusement encore fait peu de victimes, mais ce n’est pas le cas des 737 MAX flambant neufs qui se sont écrasés en 2018 en Éthiopie et en 2019 en Indonésie, emportant avec eux la vie de 346 personnes.
Petit morceau d’Histoire
Pour comprendre ce mal, il faut remonter à 1997. À cette époque, Boeing était le leader incontesté de l’aviation commerciale. Fondé en 1916 par William Boeing et son associé George Westervelt, la société démarra dans un petit hangar à Seattle. Dès ses débuts, la Boeing Airplane Company se distingua par le soin apporté à la fabrication de ses appareils. Après avoir produit une cinquantaine d’avions pour l’armée pendant la Première Guerre mondiale, la société se lança dans l’aviation civile dès les années 20 et révolutionna le transport aérien avec des appareils comme le Boeing 247, premier avion de ligne moderne dès 1933. Après la Seconde Guerre mondiale, Boeing domina l’aviation commerciale avec des modèles emblématiques comme le 707, le 727, le 737 et le mythique 747 Jumbo Jet en 1970.
Viser la Lune
Au milieu des années 90, Boeing commença à se sentir à l’étroit. En 1996, il débourse plus de 3 milliards de dollars pour s’offrir la branche espace et défense du groupe Rockwell International. L’année suivante, il fusionne avec McDonnell Douglas pour devenir un conglomérat aérospatial. Boeing passe du statut de fabricant d’avions commerciaux à celui de géant de l’aérospatiale. Cependant, cette transformation ne fit que commencer. Petit à petit, de nouvelles têtes apparurent au sein de l’équipe de direction, remplaçant les anciens ingénieurs par des comptables et des financiers. La logique financière prit le dessus, et les méthodes de travail furent bouleversées pour réduire les coûts et augmenter les profits.
La Révélation
En 2018, la politique de sécurité de Boeing fut remise en question lorsque deux 737 MAX s’écrasèrent en Indonésie et en Éthiopie. L’enquête révéla que les accidents étaient liés à un logiciel d’aide au pilotage qui prit les commandes de l’avion sans que les pilotes ne puissent rien y faire. Boeing reconnut avoir dissimulé l’existence du logiciel pour éviter de délivrer une formation supplémentaire aux pilotes. Cette révélation secoua le monde de l’aéronautique et ternit l’image de Boeing. Sans parler des lanceurs d’alerte qui décèdent mystérieusement…
No Boeing !
Face aux enquêtes et aux médias, la direction de Boeing maintint que la sécurité restait l’objectif numéro un. Cependant, les incidents continuèrent de se multiplier, poussant les voyageurs à refuser de monter à bord des avions Boeing. La direction changea plusieurs fois, mais les problèmes persistèrent. Aujourd’hui, Boeing fait face à un défi colossal : reconstruire sa culture, retrouver l’excellence technique et regagner la confiance du public et de l’industrie.
Se relever ?
Boeing, autrefois considéré comme « too big to fail », doit maintenant se relever d’une série de revers. La grève depuis le 13 septembre de 33 000 ouvriers, machinistes et ingénieurs réclamant des augmentations de salaire après 16 ans sans revalorisation, ajoute à la pression. Boeing doit retrouver l’excellence technique qui faisait sa fierté et sa réputation, recruter de nouveaux techniciens qualifiés et regagner la confiance du public et de l’industrie. Mais avec six ans sans bénéfice et dépassé par Airbus sur le marché, la nécessaire hausse de qualité semble impossible, puisque afin de pouvoir emprunter, le constructeur a annoncé la suppression de 17 000 emplois.
Voila le résultat de la financiarisation. Il est vrai qu’il fallait conspuer le « paternalisme ». Dommage pour Boeing. D’autres dégats ont eu cours et suivront jusqu’aux attaques contre la bonne santé non rentable par des inoculations aux profits immédiatement bancables et aux résultats des plus dangereux , le climatique source d’énormes profits supputés, l’escroquerie éolienne, les voitures électriques, un remake ou reprise d’échoué non pas une invention, et des meilleurs encore. Tant que le citoyen contemplera ébloui l’hypothétique modernité vanté par le mensonge publicitaire et la propagande…