Il y a vraiment de quoi se marrer en ce moment avec ces histoires de vaccins… Voilà que le vaccin russe contre le coronavirus décrié il y a encore de ça quelques mois, semble maintenant envisagé en Europe et en France ! A-t-on de nos jours plus de recul pour valider son usage, ou est-ce parce qu’on ne veut pas montrer qu’on en aura pas assez ? Quand les méchants Russes et Chinois d’un temps, deviennent subitement nos amis…
Allez, on prend au hasard : août 2020, l’immunologue Alain Fisher déclarait que l’annonce de la disponibilité par Vladimir Poutine du vaccin russe était « un effet d’annonce ».
« C’est un effet d’annonce, c’est politique. Cela n’a aucun sens, et c’est délétère, parce que c’est jouer avec la vaccination. Comme vous le savez, il existe quelques réticences dans une partie de la population, même si ce vaccin ne concerne pas directement la France. Mais manipuler une information autour de la vaccination comme le fait Monsieur Poutine est, de mon point de vue, absolument irresponsable ». LCI
Toujours au mois d’août, Libération cette fois, donnait la parole au chercheur suisse François Balloux, spécialiste en génétique : « c’est totalement irresponsable ».
« C’est une décision insensée, et surtout dangereuse. Une décision politique qui intervient dans une course folle à l’armement au vaccin contre le Covid. C’est totalement irresponsable, quels que soient les faits. Si ce n’est pas une fake news, l’irresponsabilité demeure car les autorités russes vont administrer un vaccin en s’affranchissant de ses trois phases de développement nécessaires. Un pari fou. Si par chance, l’issue s’avère positive, le procédé pour y parvenir met fin à un consensus médical, historique, centenaire, et accepté par la communauté scientifique qui impose d’être transparent et de respecter un protocole très encadré. Si, enfin, il y a des effets secondaires sévères, ce sera un désastre pour les personnes qui en seront victimes. Et cela renforcera encore la défiance envers les politiques sanitaires et, plus généralement, vis-à-vis des gouvernements ». Libération
Bon allez, comme on se marre bien en fouinant sur Internet, en voici encore un du journal La Croix. Brigitte Autran, membre du comité scientifique sur les vaccins Covid-19 déclarait en décembre dernier :
« Les informations scientifiques disponibles sur les vaccins chinois ou russes ne sont sans doute pas fausses, mais elles manquent trop de précision, de transparence et de rigueur pour que l’on s’appuie dessus, sans compter le mur d’opacité concernant l’éthique des essais. » La Croix
Chez BMFTV, le Dr Patrick Berche, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille Nord, nous dit que « Poutine fait du Trump… ça n’est pas raisonnable. »
Et puis, ce matin, la presse française nous annonce que l’UE envisage les vaccins russes et chinois.
« Dès qu’une demande d’autorisation sera soumise par le producteur », a déclaré Emmanuel Macron, « les autorités européennes et nationales regarderont scientifiquement ce vaccin de manière indépendante et, en fonction des résultats, l’homologueront ou pas ». Quoi qu’il en soit, « ce n’est pas une décision politique » pour le Président. « C’est une décision scientifique, et heureusement. Il faut que nos concitoyens soient protégés. »
Le commerce avant tout !
Les vaccins russes et chinois n’avaient pas été commandés par l’Union européenne pour une raison (officiellement) très simple : il manquait les résultats des essais de phase III. Entre-temps les vaccins de Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont été acceptés par l’Agence européenne des médicaments. Pourtant leurs tests de Phase III ne sont pas achevés (la phase III dure deux à cinq ans). Ce deux poids deux mesures fait penser à un choix politique plus que scientifique. Il y a des retards de livraison ? qu’à cela ne tienne, Russes et Chinois peuvent approvisionner l’Europe de leurs vaccins pas plus fiables que ceux déjà précommandés. Le commerce avant tout !
Thierry et Jacqueline pour « Le média en 4-4-2 »