Le 7e continent, un géant de déchets

mise à jour le 27/01/22

Le 7ème continent, un géant de déchets

Situé en plein océan Pacifique, ce vortex de plastique s’étend sur 3,43 millions de km², soit six fois la taille de la France. Une véritable catastrophe écologique que l’on tend à minimiser voir à oublier.

Une découverte inopinée

C’est en 1997 que Charles Moore, océanographe et skipper américain, découvre ce continent de plastique.
Alors qu’il est en compétition avec son équipe sur la Transpac, trajet qui rallie Los Angeles à Hawaï, sur le chemin du retour, le navigateur prend la décision de dévier de sa trajectoire en préférant un courant peu fréquenté par les marins.
La surprise est de taille, l’équipage se retrouve face à une mer de débris.
Un spectacle désolant s’affiche sous leurs yeux, ils découvrent un tourbillon, plus spécifiquement un gyre océanique, qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre et concentre ainsi les déchets venant des plages et des bords de mer en un même point.
On estime en moyenne à plus de 300 000 le nombre de déchets plastiques au kilomètre carré situé dans le 7e continent. Un chiffre reflétant une triste réalité, celle d’une habitude de consommation qui tend à polluer nos terres, nos airs et nos mers.
Depuis, le capitaine Charles Moore utilise sa fondation Algalita, créée en 1994, pour sensibiliser les jeunes à la protection des écosystèmes marins, organiser des journées de collecte de déchets et trouver des solutions au recyclage des débris.

« Nous devons travailler à un monde où la pollution plastique soit impensable. » Capitaine Charles Moore

La soupe de plastique, késaco?

Il ne s’agit pas d’une nouvelle recette au goût plus que douteux mais plutôt de l’autre surnom donné au 7e continent.
Un surnom attribué à la quantité de débris translucides qui s’apparente à un énorme vortex invisible depuis les satellites, raison pour laquelle son existence était restée inconnue jusqu’à la fin du 20e siècle.
Les micro-déchets poussés par le vent et la houle vont se fractionner en microparticules et rester ainsi à la surface de l’eau formant « une soupe de plastique » ou « the Great Pacific Garbage Patch ».

De nombreux débris peut être immergés de quelques centimètres comme de plusieurs mètres sous la surface, rendant l’étendue du vortex presque impossible à mesurer.
Photo : National Oceanic and Atmospheric Administration

Composés de plastique à 90%, 80% des déchets proviennent de la terre.
« Chaque année, 8 à 10 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans. »¹
Cette pollution insidieuse est considérée comme une véritable catastrophe écologique qui se révèle être destructrice pour les espèces marines.
L’ONG Greenpeace estime à 267 le nombre d’espèces qui seraient affectées par la catastrophe. En effet, les mammifères marins, les poissons et les oiseaux confondent ces microparticules avec du plancton qu’ils ingèrent et qui causent bien souvent leur mort par étouffement ou par occlusion intestinale.

Mais il existe malheureusement d’autres gyres de plastique situés en Atlantique Nord et Sud, dans le Pacifique Sud et dans l’Océan Indien.

« Avec 60 millions de tonnes de plastique produites par an, l’Europe est le deuxième plus grand producteur mondial de plastique après la Chine. »²

Et c’est la Méditerrannée qui remporte le titre de la mer la plus polluée au monde.
Selon François Galgani, chercheur à l’Ifremer³ « La mer Méditerranée connaît, en moyenne, les densités de plastique les plus importantes au monde : 250 milliards de micro-plastique en Méditerranée. »⁴

Pas étonnant, lorsque l’on sait que « 27 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits chaque année en Europe, seulement un tiers est recyclé, et la moitié des déchets plastiques en Italie, en France et en Espagne finit en décharge. »⁵
Sans compter que la France s’affiche comme un très mauvais élève en matière de recyclage.
En 2018, selon un rapport de PlasticsEurope, la France se retrouve en avant-dernière position, juste devant la Finlande, avec un taux de recyclage de 22,2%, alors que la moyenne européenne est de 40%. Dans ce même rapport, l’on retrouve en tête du classement la Norvège (43,4%), la Suède (40,6%) et l’Allemagne (37,7%).

D’autant plus scandaleux, qu’en juillet 2017, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe déclarait à l’Assemblée nationale que la France diviserait « par deux les déchets mis en décharge » et recyclerait « 100 % des plastiques sur tout le territoire d’ici à 2025 ».
Nous sommes fin 2020 et rien n’augure que cet objectif sera tenu.

Les solutions possibles

Notre consommation de plastique est en grande partie responsable de cette catastrophe écologique.

Des solutions existent et elles sont à notre portée, si seulement nous décidions de changer nos habitudes de consommation.
Nous avons été bercés puis élevés au prêt à consommer, au plaisir du moindre effort.

Regardez-nous déambuler à travers les étals des supermarchés, subjugués par les emballages tous plus attirants les uns que les autres. Les industriels mettent le paquet dans le visuel et pour cause, c’est toute la base de leur communication.
Même les fruits et légumes se retrouvent emballés comme des pièces uniques qu’il ne faudrait surtout pas abimées.
Et c’est tout le problème !
A l’inverse de nos ainés, nous nous sommes laissés subjuguer par des discours tous plus mensongers les uns que les autres, emportés par une modernité toujours à la pointe de l’innovation. Et aujourd’hui, on en paye les conséquences. Pour autant, rien n’est encore perdu.
Depuis une bonne décennie maintenant, plusieurs courants sont à la mode: on peut facilement devenir végan, végétarien ou végétalien, crudivore, être adepte du zéro déchet, être autonomiste, et j’en passe. Grâce à internet, des comportements qui autrefois étaient considérés comme sectaires, prennent un tout autre sens.
A chacun de se faire sa propre opinion, de tester ou non, mais une chose est certaine si à cet instant je vous demandais de faire l’inventaire chez vous des objets contenant du plastique, vous seriez surpris, à quelques exceptions près…
Tout n’est qu’une histoire de plastique finalement : sacs, emballages, bouteilles, jouets, stylos, brosses à cheveux, vaisselles jetables, brosses à dents, pailles….

La pseudo crise sanitaire devrait être l’occasion pour bon nombre d’entre nous de se poser les vraies questions. Dans quel monde voulons-nous évoluer ? Quelle vie voulons-nous laisser à nos enfants ?
La multiplication des centres commerciaux est-elle si indispensable, changer de garde-robe chaque année est-ce si essentiel ?
Voulez-vous poursuivre cette frénésie du toujours plus qui n’est que le reflet d’un grand rien ?
Ou sommes-nous prêts à revenir à la source, aux valeurs de chacun, à la simplicité dont sait faire preuve l’être humain, au partage, à la bienveillance et à l’écoute de notre Terre et des éléments qui la constituent ?
Nous sommes à un tournant de notre histoire et il est temps de s’accorder une belle introspection pour que le monde de demain soit enclin au changement constructif et bénéfique pour chacun d’entre nous.

Kate pour Le Média en 4-4-2

Chères lectrices, chers lecteurs,

Soyez acteur du changement en soutenant un journalisme véritablement indépendant et de qualité en vous abonnant à notre média financé par les dons de personnes comme vous.

Accédez à des contenus exclusifs
et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

partagez cet article !

Newsletter

La Boutique du 4-4-2

Environnement

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous

Accédez à des contenus exclusifs et soutenez notre indépendance

Abonnez-vous