
Un projet de loi controversé
Depuis des années, la population néo-calédonienne est scindée en deux camps : les loyalistes, souhaitant conserver le lien avec la France, et les indépendantistes, réclamant la souveraineté de l’archipel. Trois consultations populaires ont déjà eu lieu, avec des résultats serrés en faveur du maintien dans l’Hexagone. Cependant, le dernier référendum, boycotté par les indépendantistes, a été jugé nul. L’Assemblée nationale envisage donc de modifier une loi pour débloquer le corps électoral, permettant ainsi aux résidents de Nouvelle-Calédonie depuis plus de 10 ans, mais nés hors du territoire, de participer aux votes.
Des violences ont éclaté, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai, au moment de l’examen à Paris d’une révision constitutionnelle relative au corps électoral. La situation est toujours très tendue sur place.#Nouméa #NouvelleCaledonie pic.twitter.com/XVjHjYNkwA
— 20 Minutes (@20Minutes) May 14, 2024
Une nuit d’émeutes et de destructions
Dans la nuit de lundi à mardi, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants indépendantistes ont embrasé Nouméa, la principale ville de l’archipel. Des dizaines de bâtiments et des centaines de véhicules ont été incendiés en marge d’une mobilisation contre la réforme constitutionnelle examinée à Paris. La circulation a été entravée par des carcasses de voitures calcinées et des amas fumants de pneus et de palettes. Les témoignages des habitants, comme celui de Sylvie, calédonienne de plusieurs générations, révèlent l’intensité des violences : « Le commissariat voisin en feu, une voiture embrasée devant chez moi, des cris incessants et des explosions, j’avais l’impression d’être en guerre. »
Situation insurrectionnelle en #NouvelleCalédonie à #Nouméa où les indépendantistes se soulèvent contre le dégel du corps électoral en attaquant les bâtiments publics et les commerces.
Soutiens aux Néo-Calédoniens, ainsi qu’à nos forces de l’ordre blessés en nombre ! 🇳🇨🇫🇷 pic.twitter.com/oEd63cwQd9
— Robin Ratto (@Robin_Ratto) May 14, 2024
Un bilan lourd et des appels au calme
Les pompiers ont recensé près de 1 500 appels et environ 200 foyers d’incendie durant la nuit. Des centaines de véhicules ont été détruits, ainsi qu’une trentaine d’entreprises, de commerces et d’usines, selon un regroupement des représentants du patronat. Au total, 82 personnes ont été interpellées. Face à la désolation, les témoignages de déception et de tristesse se multiplient, comme celui de Joëlle Vincent, gérante d’une société de gros en alimentation incendiée : « Toute notre vie était dans ce dock et tout est mort. J’ai de la déception et aussi du dégoût. » Dans ce contexte tendu, un couvre-feu a été instauré et les écoles ont été fermées.
Un débat politique national et local
Le projet de révision constitutionnelle, portant sur la question sensible du corps électoral propre au scrutin provincial de la Nouvelle-Calédonie, a suscité des réactions au niveau national. Mathilde Panot, cheffe de file du groupe LFI à l’Assemblée, a réclamé le « retrait pur et simple » du projet de loi. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a affirmé que « la priorité est de rétablir l’ordre, le calme et la sérénité », tout en semblant écarter la possibilité d’un report de l’examen du texte.
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