Le Health Data Hub (dossier médical partagé) hébergé par Microsoft Azure a été stoppé par la Cnil en janvier 2022. Au cœur du problème : le Cloud Act, qui permet aux autorités américaines d’accéder à des données quelle que soit leur localisation. Qu’importe ! le financement du Health Data Hub a été établi à 12,6 millions d’euros peu de temps après le blocage de la Cnil. Rendez-vous est pris pour après l’élection présidentielle. Faire numériser les données de santé des Français par Bill Gates, c’est un projet que Macron n’a jamais abandonné. Le 12 mai un arrêté est publié au JO.
Emmanuel Macron, non seulement réélu mais aussi président du Conseil européen jusqu’à fin juin, a trouvé un nouveau packaging pour justifier le projet des « Data Challenges au service de la santé » de Microsoft : « Cet événement n’est pas organisé par le Gouvernement français. Il est cependant autorisé par celui-ci à utiliser l’emblème de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. »
Et le Health Data Hub recrute !
L’espace santé numérique, un grand pas vers le remplacement de l’État par les Gafam
Le test de lancement de Mon Espace Santé par Ameli auprès des assurés en 2021 avait été un échec. Quasiment personne n’en avait fait la demande. Cette année, Ameli ne vous demande pas votre avis. L’Espace Santé de chaque assuré est créé automatiquement, sauf pour ceux qui s’y sont opposés à temps. Nous vous avions donné le mode d’emploi pour vous y opposer. La délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) a lancé le 23 mai un « Tour de France de l’inclusion numérique » pour promouvoir Mon espace santé. La DNS est en train de recruter 18 coordinateurs régionaux auprès des agences régionales de santé, plus de 4 000 médiateurs, formés à l’accompagnement d’usagers de l’espace numérique de santé, tout cela avec le soutien des acteurs de l’inclusion numérique comme Emmaüs Connect, la Mednum, le réseau Aidants connect, entre autres. Des bénévoles, baptisés « ambassadeurs Mon espace santé », feront la promotion de l’Espace numérique santé auprès de leur entourage. Pour toute la France 432 ont déjà été recrutés, ce qui est peu et, de plus, cela a des airs de vente pyramidale à la Tupperware.
Vers un marché unique européen des produits et services de santé numériques
Depuis le 1er février 2022, il est interdit de se déplacer au sein de l’Union européenne sans une preuve numérique attestant qu’une personne a été vaccinée contre le covid-19 ou a un résultat de test négatif ou s’est rétablie du covid-19.
Dans la foulée, la Commission européenne a lancé début mai l’Espace européen des données de santé (EHDS). Il permettra à l’Union, dit-elle, de métamorphoser la manière dont les soins de santé sont dispensés aux citoyens de toute l’Europe. Il donnera aux citoyens le pouvoir d’utiliser leurs données de santé dans tous les États européens. Et, surtout, il favorisera un véritable marché unique des produits et services de santé numériques, et permettra l’utilisation des données de santé à des fins de recherche, d’innovation, d’élaboration des politiques et de réglementation. Oui, vous avez bien lu, vos données de santé serviront aux laboratoires qui vous veulent du bien. La commission ajoute — et comment ne pas être rassuré ? — « tout en garantissant le plein respect des normes élevées de l’UE en matière de protection des données ».
Après le diagnostic à distance, les thérapies à distance
Des complotistes se plaignent du manque de personnel soignant. Le gouvernement a trouvé la parade : non seulement le diagnostic peut être fait à distance, mais également le traitement. « Le numérique est une révolution industrielle, donc il est normal que ça soit long et qu’il y ait de la résistance au changement, mais ce n’est pas si différent de l’arrivée d’une nouvelle technique de médicaments arrivant sur le marché », a estimé Maryne Cotty-Eslous, faisant allusion aux thérapies géniques anti-covid-19 qui ont un peu de mal à s’implanter dans la durée. Vos données de santé sont aux mains des Gafam et de Big Pharma. Et c’est un marché juteux qui va s’ouvrir, à en croire Maryne Cotty-Eslous, PDG de la start-up Lucine, et Franck Le Meur, PDG de TechToMed. Ils donnent en exemple la société américaine Pear Therapeutics, entrée sur le Nasdaq fin 2021 et valorisée à 1,6 milliard de dollars, qui propose des thérapies numériques auprès des patients et des professionnels de santé. Pour l’instant les bénéfices ne sont quand même pas à la hauteur de l’investissement (chiffre d’affaires de 2021 : 4,2 millions de dollars).
En route, petits pas par petits pas, vers le meilleur des mondes ou un monde meilleur ?
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.