Thomas Jolly (directeur artistique des JO 2024) : « Jeanne d’Arc, une des plus grandes travesties de notre histoire »

Thomas Jolly, directeur artistique des Jeux olympiques de Paris 2024, revient sur la cérémonie d'ouverture qui a suscité de nombreuses critiques. Interrogé par Le Monde, il a notamment évoqué la polémique autour de la séquence mettant en scène des drag-queens et le chanteur Philippe Katerine, (presque) nu et peint en bleu pour incarner le dieu grec Dionysos.

mise à jour le 12/09/24

Thomas Jolly : Les rois en talons et Jeanne d’Arc en travestie, une histoire revisitée.

Thomas Jolly assume pleinement le caractère « politique » de la cérémonie, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas de faire du prosélytisme. « Ma mission était de dire qui nous sommes. Dans tous les tableaux, on voyait des corps différents, de la diversité, des femmes et des hommes maquillés ou costumés. Le théâtre était omniprésent, tout comme la question des genres », a-t-il déclaré au Monde.

Pour défendre ses choix artistiques, Thomas Jolly a rappelé des faits historiques méconnus. « Les rois français se poudraient et portaient des talons », a-t-il souligné, avant d’ajouter que « Jeanne d’Arc était une des plus grandes travesties de notre histoire ». Il a poursuivi en expliquant que « Jeanne d’Arc n’a-t-elle pas été condamnée parce qu’elle était vêtue en homme ? Notre culture est faite de cette fluidité de genres ».

Une partie de la cérémonie d’ouverture avait été particulièrement critiquée, notamment la séquence avec la DJ Barbara Butch et des drag-queens, disposées de manière à évoquer le tableau La Cène de Léonard de Vinci. Face aux nombreuses indignations, Thomas Jolly avait réagi en précisant qu’il s’agissait plutôt d’une représentation du Festin des Dieux de Jan van Bijlert. « L’idée était de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe, l’Olympisme », avait-t-il déclaré, en expliquant la présence de Dionysos, « le dieu de la fête, du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve ».

Dans le Volume III des Essais (2022), dans l’essai « du féminisme », Stanilas Berton avait anticipé ce genre de déclaration aussi provocante que stupide :

« En France, la personne de Sainte Jeanne d’Arc semble, en apparence, transgresser les distinctions entre les sexes (ce sera d’ailleurs un argument utilisé par ses bourreaux pour justifier sa condamnation). Pour éviter toute équivoque ou subversion de cette sainte figure, il convient de noter que si Jeanne prend les habits d’homme pour guerroyer, c’est d’une part pour respecter l’ordre naturel des choses (pour faire la guerre, il faut ressembler à un homme) et d’autre part, pour obéir à la volonté de Dieu. La transgression temporaire de Jeanne ne se fait pas au nom de sa liberté ou de son émancipation personnelle mais dans un esprit de service et d’abandon à une volonté supérieure. Là où Satan et ses acolytes refusent de servir (non serviam), les soldats du Christ obéissent et servent. »

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