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Jean-Marie Le Pen, « le menhir » de la politique française, s’éteint à 96 ans

L’ancien dirigeant historique du Front national, Jean-Marie Le Pen, s’est éteint à l’âge de 96 ans, a annoncé sa famille. Cet homme au parcours atypique a laissé une empreinte durable sur la scène politique française, marquée par plus de quarante ans d’engagement et de polémiques.

mise à jour le 08/01/25

Le fondateur du Front National, Jean-Marie Le Pen, nous a quittés à 96 ans.

Une jeunesse marquée par la guerre

Né en 1928 à La Trinité-sur-Mer, en Bretagne, Jean-Marie Le Pen perd son père, marin-pêcheur, pendant la Seconde Guerre mondiale. Déclaré pupille de la nation, il s’oriente vers des études de droit à Paris après le conflit. Déjà impliqué dans les milieux étudiants, il préside la Corpo, une organisation influente à l’époque. Son engagement militaire le conduit ensuite dans la Légion étrangère pour participer à la guerre d’Indochine.

Les débuts en politique : des racines socialistes au positionnement nationaliste

Le parti socialiste SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) part en guerre en Algérie en 1957 sous le gouvernement de Guy Mollet. Après un court passage sur le terrain militaire, il revient au Palais Bourbon et, en froid avec ses anciens alliés, siège parmi les non-inscrits. Réélu en 1958, il perd son siège en 1962, mais reste actif en dirigeant la campagne présidentielle de l’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965. Cette période lui permet de se forger une identité politique unique, mêlant nationalisme et provocation.

L’émergence du Front national

Les années 1980 marquent un tournant dans la carrière de Jean-Marie Le Pen. En 1972, il cofonde le Front national (FN), mais c’est au début de la décennie suivante qu’il s’impose véritablement. En 1984, il est élu député européen avec un score historique de 10,95 %. Deux ans plus tard, il revient à l’Assemblée nationale avec 34 députés grâce au retour du scrutin proportionnel lors des législatives de 1986. Ses discours, centrés sur l’immigration et la souveraineté nationale, rencontrent un écho grandissant.

Cependant, ses déclarations polémiques, notamment sur les chambres à gaz qu’il qualifie de « point de détail » de l’Histoire, lui vaut une diabolisation politique et médiatique sans précédent. Malgré cela, il reste une figure clé de la politique française et européenne, plaidant pour une Europe des nations face à une intégration supranationale qu’il dénonce.

Un leadership marqué par les divisions

Malgré ses succès électoraux, Jean-Marie Le Pen doit faire face à des tensions internes au sein du FN. Dans les années 1990, son ancien bras droit, Bruno Mégret, crée un mouvement concurrent, provoquant une scission majeure.

La Réconciliation

À la même époque, il s’entoure de conseillers comme Alain Soral, qui tentent d’insuffler une nouvelle ligne au parti et prend un virage social, synthétisant « la gauche du travail et la droite des valeurs ». Ce positionnement culmine avec le discours de Valmy, dans lequel Jean-Marie Le Pen appelle à une réconciliation nationale.

Ce que l’on ne sait pas

Malgré les critiques, certaines facettes méconnues de son parcours méritent d’être soulignées. Opposé aux guerres en Irak, en Syrie et en Libye, Jean-Marie Le Pen se revendiquait anti-impérialiste. Il critiqua vivement Israël à plusieurs reprises, dénonçant le traitement inhumain infligé aux habitants de Gaza. Contrairement à la diabolisation politique et médiatique dont il fut l’objet, peu de personnes savent qu’il fut le premier homme politique français à présenter la candidature d’un Arabe à la députation à Paris en 1957. De plus, il fut également le premier à faire élire une femme musulmane en 1986 au conseil régional d’Île-de-France, ainsi que le premier à dénoncer publiquement à la télévision le système béké aux Antilles le 10 février 2007 dans l’émission Chez F.O.G. diffusée sur France 5.

La surprise de l’élection présidentielle de 2002

L’élection présidentielle de 2002 reste un moment charnière de sa carrière. Alors qu’il est donné hors course, Jean-Marie Le Pen accède au second tour face à Jacques Chirac, provoquant une onde de choc dans le pays. Cette percée, largement attribuée à un vote protestataire, met en lumière la profondeur de son influence politique. Cependant, il est largement battu au second tour.

Il se représente en 2007, mais son score reste en deçà des attentes, avec moins de 10 % des voix.

Une transition familiale conflictuelle

En 2011, Jean-Marie Le Pen cède la présidence du FN à sa fille Marine, marquant le début d’une nouvelle ère. Cette dernière amorce une stratégie de « dédiabolisation » pour rendre le parti plus acceptable dans l’opinion publique. Les relations entre père et fille se dégradent rapidement, aboutissant en 2015 à l’exclusion de Jean-Marie Le Pen du parti qu’il avait cofondé.

La transformation menée par Marine Le Pen, soutenue par des figures comme Jordan Bardella, s’accompagne d’un rapprochement avec le sionisme et d’une entrée dans « l’arc républicain ». Ces choix stratégiques contrastent fortement avec les positions historiques de son père.

Un héritage politique complexe

Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui une empreinte durable sur la politique française. Sa fille Marine a atteint deux fois le second tour de l’élection présidentielle, tandis que sa petite-fille, Marion Maréchal, poursuit son engagement politique au sein du mouvement Reconquête ! d’Éric Zemmour avant de le quitter.

Son influence, à la fois admirée et décriée, illustre l’évolution du nationalisme en France et les défis d’un parti cherchant à concilier tradition et modernité.

Conclusion

Jean-Marie Le Pen a traversé plusieurs décennies de vie politique avec fracas, suscitant à la fois l’admiration et la controverse. Sa mort marque la fin d’une époque pour la politique française, mais son héritage continue d’alimenter les débats.

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