Comprendre le système électoral américain : un processus unique pour élire le président des États-Unis
Le système électoral américain diffère considérablement de celui que nous connaissons en France. Aux États-Unis, l’élection présidentielle repose sur un processus de suffrage universel indirect : ce sont des grands électeurs, réunis au sein du collège électoral, qui choisissent le président et non les citoyens directement. Ce mécanisme implique des étapes précises et un fonctionnement unique, où le vote populaire ne décide pas toujours de l’issue finale de l’élection.
Un vote populaire suivi d’un choix des grands électeurs
Le 5 novembre 2024, les citoyens américains se rendront aux urnes pour exprimer leur préférence entre Kamala Harris et Donald Trump, dans le but d’élire le successeur de Joe Biden. Cependant, contrairement à une élection directe, leur vote vise à désigner les grands électeurs de chaque État, ces derniers étant responsables du vote décisif en faveur du futur président.
Le collège électoral américain, composé de 538 grands électeurs, répartis dans les 50 États et le district de Columbia, joue un rôle central dans ce processus. Ces grands électeurs sont des délégués, désignés en grande partie par les partis démocrate et républicain, lors de conventions organisées avant l’élection. Ni les sénateurs, ni les membres de la Chambre des représentants ne peuvent être nommés grands électeurs. Ce sont donc d’autres élus ou sympathisants locaux des deux partis qui composent le collège électoral.
Une répartition inégale selon les États
Chaque État dispose d’un nombre de grands électeurs proportionnel à sa population. Cette répartition dépend de la somme des représentants de chaque État au Congrès, comprenant deux sénateurs et un nombre de députés calculé en fonction de la population de l’État. Ainsi, les États les plus peuplés, comme la Californie avec ses 54 grands électeurs, possèdent une influence plus importante dans l’élection présidentielle, tandis que des États peu peuplés, tels que le Wyoming, n’en comptent que trois.
Le déroulement de l’élection : « winner takes all »
Le processus électoral américain se déroule en deux étapes. D’abord, lors du vote populaire du 5 novembre, les citoyens expriment leur préférence entre les candidats. Dans presque tous les États, le candidat qui remporte la majorité du vote populaire obtient l’intégralité des grands électeurs de cet État, selon la règle du « winner takes all ». Seuls le Maine et le Nebraska se distinguent en utilisant une répartition proportionnelle des grands électeurs en fonction des résultats dans leurs circonscriptions.
Ensuite, le 17 décembre, les grands électeurs se réuniront pour exprimer leur vote final. Pour remporter l’élection, un candidat doit obtenir la majorité absolue de 270 grands électeurs sur 538. Bien que les grands électeurs soient généralement fidèles à leur parti, il n’existe aucune obligation légale les contraignant à voter en ce sens dans certains États. Par conséquent, bien que rare, il est possible qu’un grand électeur change d’allégeance à la dernière minute.
Les spécificités qui rendent le système américain complexe
Le fonctionnement unique du collège électoral américain peut amener un candidat à remporter la présidence sans obtenir la majorité du vote populaire. Ce fut notamment le cas en 2016, lorsque Donald Trump accéda à la présidence avec 304 grands électeurs malgré un total inférieur de voix populaires par rapport à sa concurrente Hillary Clinton. Ce système « winner takes all » crée une dynamique où certains États-clés deviennent essentiels pour obtenir la majorité des grands électeurs, rendant possible une divergence entre le vote populaire et le résultat final.
L’issue de l’élection sera officiellement confirmée lors d’une session du Congrès début janvier 2025, avant l’Inauguration Day fixé au 20 janvier. En cas d’égalité parfaite entre les candidats, c’est la Chambre des représentants qui départagerait les candidats, une situation rarissime qui ne s’est produite que deux fois dans l’histoire, en 1800 et 1824.
Premières estimations vers 1h du matin en France
Une question centrale pour les électeurs et les observateurs internationaux est la suivante : quand les résultats de la présidentielle américaine 2024 seront-ils annoncés ? Concrètement, les premières estimations commenceront à tomber dès la fermeture des bureaux de vote sur la côte Est, à partir de 19h, heure locale (soit 1h du matin, heure française). Un résultat définitif pourrait être disponible en fin de soirée aux États-Unis, donc au petit matin du mercredi en France.
Cependant, les sondages récents montrent une course très serrée entre les candidats, ce qui pourrait retarder l’annonce du vainqueur. Le processus de dépouillement, surtout pour les votes par correspondance et les bulletins électroniques, pourrait s’étendre sur plusieurs heures, voire plusieurs jours dans certains États. Ce retard potentiel concerne surtout les États clés, où les écarts de voix sont souvent minimes et où le dépouillement devient crucial pour l’issue de l’élection.
Le suspense du dépouillement et le seuil des 270 grands électeurs
Pour être élu, un candidat doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs (la moitié plus un). Cette règle rend le rôle du collège électoral déterminant. Dans une élection aussi serrée que celle de 2024, il n’est pas exclu qu’un ou plusieurs États prennent du temps pour dépouiller chaque bulletin, repoussant ainsi l’annonce du vainqueur.
Les recours et contestations peuvent également retarder les résultats, comme en 2020. Si l’un des candidats remet en question le résultat dans certains États, cela pourrait déclencher des recomptages ou des actions en justice, prolongeant encore la période d’incertitude.
Délais historiques des élections présidentielles américaines
Les dernières élections ont montré des délais de proclamation variables. En 2020, Joe Biden avait été déclaré vainqueur le 7 novembre, quatre jours après l’élection du 3 novembre. Cette année-là, un nombre record de votes par correspondance avait compliqué le dépouillement dans des États clés comme la Pennsylvanie et la Géorgie. Donald Trump, refusant d’accepter le résultat, avait contesté les résultats jusqu’au 6 janvier, date marquée par l’assaut du Capitole par ses partisans.
À l’inverse, l’issue des élections était plus rapide dans les années précédentes. En 2016, Donald Trump fut déclaré vainqueur la nuit même grâce à des marges confortables dans plusieurs États-clés. Barack Obama, en 2012 et 2008, fut également déclaré vainqueur le soir même, en remportant les États déterminants avant minuit.
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