« Caliméro Feel Good » de Ludie, Mobespierre et HaEx : Une excellente réinterprétation du « Feeling Good » de Nina Simone

Les paroles de « Caliméro Feel Good » oscillent entre espoir et désillusion, reflétant les sentiments complexes de notre époque numérique.

Nos artistes explorent les thèmes de l’aliénation et de la dépendance technologique, critiquant un monde où les données personnelles sont exploitées et où les interactions humaines sont remplacées par des écrans. Ils expriment un désir de retour à une vie plus simple et authentique, loin des distractions numériques.

Paroles : 

Birds flying high
You know how I feel
Sun in the sky
You know how I feel
Breeze driftin’ on by
You know how I feel
It’s a new dawn
It’s a new day
It’s a new life
For me
And I’m feeling good

Je bloque. Je deviens fou. Tétanisé face au clavier. Rien ne veut sortir de ma plume. Je voudrais sortir de la brume. Une enclume dans la tête. Le cœur pas à la fête. De mon cerveau il ne reste que des miettes. Je suis figé tel un insecte face au danger. De cette vie, le sens je n’ai pas pigé. J’aimerais parfois m’enfuir mais je sens en TIG et mon maton banquier ne propose que la 4G. Nouvelles routes numériques pour fuites fictives. Tous les chemins s’offrent à vous et vos données dérivent.

Fish in the sea
You know how I feel
River running free
You know how I feel
Blossom on a tree
You know how I feel
It’s a new dawn
It’s a new day
It’s a new life
For me
And I’m feeling good

Dragonfly out in the sun, you know how I feel, don’t you know
Butterflies all havin’ fun, you know how I feel
Sleep in peace when day is done, that’s how I feel
It’s a new world and a new world
And a bold world
For me

Ici tout est permis, Eldorado moderne où Google et ses amis te pompent jusqu’à ton sperme. Je m’enferme, ne veux pas de cette issue. Je m’y sens mouche au milieu de cette toile tissée. Car c’est bien d’un piège dont il s’agit, subtilement maquillé. Te faisant oublier le jour, la nuit, le bon et le mauvais. Désorientation de nos êtres, inversion de nos pôles. Refuge pour nos cœurs meurtris et nos frêles épaules. Où tous les vices s’expriment, où les gens changent de rôle. Schizophrénie latente, dédoublement de la personnalité. À moins que ton enveloppe corporelle ne se vide au détriment du numérique rassasié. Mais quoi alors ? Plus de technologie ? Des chèvres, de la sciure et une vie en autarcie ? Marre de ce monde bicéphale, bipolaire, manichéen qui ne fait que rendre les gens amers.

For me.

Je veux voir changer les règles du jeu. Avoir du temps libre pour vivre, partager et profiter de nos vieux. Moins de temps au taf. Moins de tune. Mais le temps de cultiver des légumes. S’occuper du terrain, c’est du sport. Pas besoin de payer une salle à prix d’or. Manger nos salades ou nos patates. Finie la nourriture au glyphosate. J’ai hâte. Mais pour cela il faut partager, oublier son confort et faire place aux compromis. Vivre à plusieurs, cela nous est permis. Plus de mains, moins de besoins, plus de temps, moins d’argent. Je veux travailler à temps partiel pour voir grandir mon enfant et admirer le ciel. Moins de temps pour le CAC 40 et plus pour moi. Ce n’est pas une folie en soi. Mais si, dans ce monde confit où tous les soirs on nous sert du conflit. On nous pousse au confinement. On cultive la peur de l’autre et l’individualisme. Les seuls modèles de coloc’ qu’on nous balance sont des cons écervelés qui, toute la journée, manigancent, s’offensent les uns les autres. Des gens qui feraient passer Hanouna pour un apôtre. Pas étonnant que chacun se sente bien chez soi, qu’il ait l’impression de faire sciemment ce choix. Et nous voilà de nouveau isolés, à douter de tout le monde, à fuir les livres, les ondes. Constamment connectés par l’ombilical, à téter notre goutte numérique. Grâce à l’évolution technologique nous sommes soumis à la castration chimique de nos envies, de nos êtres, de nos âmes. Même plus de distinguo entre les hommes et les femmes. Bientôt un entre deux pour les indécis aphones, qui n’auront envie de se reproduire qu’avec leur iPhone. Cela m’affole, mais j’ai besoin de le formaliser. Comme disait Wilde : « critiquer les autres est une forme malhonnête de se flatter ». De se jouer de la flûte, pour mieux s’endormir les sens. Afin de faire face à ce monde Mad Maxien où règnent le chaos et l’essence. Dégénérescence. D’ailleurs ce n’est pas pour rien si l’on constate que le QI moyen est en mode descente. Inversion de la courbe. On veut des armes et des fentes. Bienvenue dans le moyen-âge numérique. En file indienne et à coup de trique. On baise le troc car le truc c’est le trek technologique. Mets tes chaussures de marche car la route est infinie, bordée de bidules, de machins et autres applis. Obsolescence programmée, il te faudra le dernier, le 250 gigas, le 20 millions de Pixels. De belles photos c’est important surtout quand tu les mates seul.

Il n’y a rien à faire. Je préfère rester amer. Arpenter les rues noires et sombres de mes deux hémisphères. Je préfère rester amer.

Stars when you shine
You know how I feel
Scent of the pine
You know how I feel
Oh, freedom is mine
And you know how I feel

Je veux me sentir vivant. Ne pas craindre la pluie, ne pas craindre le froid et ne pas craindre les gens. Je veux des moments de partages véritables et sincères. Une vie ponctuée de joies éphémères. Je vous regarde et je me dis « Éteins ton poste. Va voir tes potes. »

Bref, je me dis des trucs cons et toujours anachroniques car je suis le Caliméro de cette ère numérique.

And I’m feeling good.

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