Des tensions exacerbées par le « Piepergate »
Les relations entre Thierry Breton et Ursula von der Leyen se sont détériorées depuis le printemps dernier, lorsqu’il a mené une fronde contre le style de direction de la présidente, jugé peu collectif. Le commissaire français avait notamment critiqué l’éthique de la présidente après la nomination d’un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission.
Cette affaire, connue sous le nom de « Piepergate », a conduit à un vote de défiance du Parlement européen contre Ursula von der Leyen, en pleine campagne pour les élections européennes de juin. Finalement, Markus Pieper, le député allemand de la famille politique de la présidente, a été retiré de son poste.
I would like to express my deepest gratitude to my colleagues in the College, Commission services, MEPs, Member States, and my team.
Together, we have worked tirelessly to advance an ambitious EU agenda.
It has been an honour & privilege to serve the common European interest🇪🇺 pic.twitter.com/wQ4eeHUnYu
— Thierry Breton (@ThierryBreton) September 16, 2024
Une démission motivée par des raisons personnelles
Bien que proposé par Emmanuel Macron pour un second mandat, Thierry Breton affirme que son nom a été retiré de la composition finale de l’exécutif européen par Ursula von der Leyen elle-même, pour des raisons personnelles. « Vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles qui n’ont jamais été discutées avec moi – et offert en contrepartie politique un portefeuille prétendument plus influent pour la France dans le futur Collège », écrit-il dans sa lettre de démission.
Oh non !
Zut alors.
Tu vas nous manquer @ThierryBreton .
Petit ange parti trop tôt !
Avant d’avoir réussi à censurer tout internet.
En même temps, tu as remarqué ?
Quand tu entreprends quelque chose, ça foire.
Thomson, France Télécom, Atos…
C’est fou ça !
Pourquoi ? pic.twitter.com/P4E6QJnCxq— AuBonTouiteFrançais 🍾🍾🍾 (@VictorSinclair3) September 16, 2024
Une gouvernance contestée
Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur depuis 2019, s’est imposé comme une figure de l’exécutif bruxellois en s’attaquant à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. « Au cours des cinq dernières années, je me suis efforcé sans relâche de défendre et de faire progresser le bien commun européen, au-delà des intérêts nationaux et partisans. Ce fut un honneur », ose-t-il souligner.
Il conclut que, à la lumière des récents développements, il ne peut plus exercer ses fonctions au sein du Collège. « C’est un autre candidat qui va vous être proposé » par la France, a-t-il ajouté, mettant ainsi fin à une carrière marquée par des tensions internes et des défis politiques majeurs.
Voici la traduction de sa lettre :
Chère Présidente,
Le 24 juillet, vous avez écrit aux États membres leur demandant de nommer des candidats pour le Collège des Commissaires 2024-2029, en précisant que les États membres qui souhaitent proposer le membre sortant de la Commission n’étaient pas tenus de suggérer deux candidats. Le 25 juillet, le Président Emmanuel Macron m’a désigné comme candidat officiel de la France pour un second mandat au Collège des Commissaires – comme il l’avait déjà annoncé publiquement en marge du Conseil européen du 28 juin. Il y a quelques jours, dans la dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles que vous n’avez à aucun moment discutées directement avec moi – et avez offert, en échange politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France dans le futur Collège. Un autre candidat vous sera désormais proposé.
Au cours des cinq dernières années, je me suis efforcé sans relâche de défendre et de faire progresser le bien commun européen, au-delà des intérêts nationaux et partisans. Cela a été un honneur.
Cependant, à la lumière de ces derniers événements – témoignage supplémentaire d’une gouvernance douteuse – je dois conclure que je ne peux plus exercer mes fonctions au sein du Collège.
Je démissionne donc de mon poste de Commissaire européen, avec effet immédiat.
Sincèrement,
Thierry Breton
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