Soigner par les plantes, c’est interdit !

mise à jour le 17/05/21

herboristerie

La loi du 11 septembre 1941 du gouvernement de Vichy supprime le métier d’herboriste, au profit de la création d’un Ordre des Pharmaciens à qui est confié le monopole de la vente et du conseil en matière de plantes. Seuls les pharmaciens peuvent vendre les 148 plantes médicinales qu’on  trouve sur le site de l’ANSM — sur les 546 inscrites à la pharmacopée française — et donner des conseils de santé.

Des pharmaciens accusés d’exercice illégal de la pharmacie

Une ordonnance du 1er septembre 1945 autorise les herboristes diplômés d’avant 1941 à continuer exercer leur métier. Les structures mises en place par Pétain demeurent les mêmes à la Libération. L’Ordre des Pharmaciens n’a pas hésité une seconde à porter plainte pour  « exercice illégal de la pharmacie » (2 ans de prison, 30 000 € d’amende) contre des propriétaires d’herboristeries qui étaient pharmaciens ! 

 

L’artémisia annua, la grande oubliée (en France)

L’ANSM présente sur son site la liste des plantes aux effets indésirables supérieurs aux bénéfices thérapeutiques. L’artémisia annua utilisée depuis 2 000 ans en Chine, à Madagascar contre le paludisme et en prévention du Covid-19, n’y figure pas. Pas plus que dans la liste des plantes aux effets bénéfiques. Oubliée, tout simplement.

En Belgique, où la profession d’herboriste est pleinement reconnue et le commerce des plantes autorisé — mais pas en vrac —, l’arrêté royal plantes range l’artemisia annua dans les plantes dangereuses (page 6). Nos amis belges ne l’ont donc pas oubliée, eux. Mais pour la dénigrer.

Pas d’études de phytothérapie pour les pharmaciens 

Rien sur les plantes médicinales n’est prévu dans le cursus des six années de pharmacie en France. Cela n’empêche pas les pharmaciens d’en vendre. Mais seulement les 148 plantes considérées par l’ANSM comme ayant des propriétés médicinales et sur lesquelles ils ont l’autorisation de donner des conseils de santé. Demandez donc à un pharmacien si les champignons que vous avez ramassés sont comestibles. C’est un test. Ils n’en savent pas plus que vous.

Des formations, mais pas reconnues par un diplôme d’État

Il existe une formation en phytothérapie, à l’université (80 à 100 heures pour 1 400 €). Elle est ouverte aux médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, vétérinaires, sage-femmes, masseur-kinésithérapeutes, ostéopathes. D’autres formations, privées celles-là, organisées par la Fédération Française des Écoles d’Herboristerie coûtent 2 000 à 3 000 €. De toute façon, les pharmaciens gardent le monopole de la vente et du conseil.
Les herboristeries ne sont pas interdites. On pourra vous y vendre du thym comme tisane alimentaire, mais on ne pourra pas vous dire qu’il est intéressant pour  soigner votre toux.

Le Sénat en plein conflit d’intérêts

Un sénateur écolo, pour redonner aux herboristes la possibilité de donner des conseils de santé, a créé une mission en 2018. La présidence en a été confiée à… une pharmacienne. Sans grande surprise, en 2020 la réponse du ministère a été négative : toujours aucun diplôme d’État d’herboriste et question renvoyée aux instances européennes.

La phytothérapie : un marché en plein essor

La taille du marché mondial de la phytothérapie a été évaluée à 84,5 milliards de dollars en 2019 et le chiffre d’affaires devrait croître de 20,5 %. Le coût relativement faible de ces produits et leur valeur ajoutée pour les clients sont les principaux facteurs de développement du marché, nous disent les laboratoires. Traduction : ça coûte pas cher et ça peut rapporter gros. Nombreux sont les laboratoires qui s’y intéressent.

Covid-19 : une solution « clé en main » à base de plantes

La société franco-canadienne Angany s’est alliée  avec l’Américain Phylloceuticals pour proposer « une solution clé en main ». On est très loin de la vente de plantes en vrac, vous allez voir. Angany isole au printemps dernier les anticorps de patients infectés par le coronavirus, afin de les reproduire dans des plantes. Les plantes reçoivent un gène identifié puis incubent. Ces végétaux sont ensuite broyés et le jus est filtré, purifié et « concentré pour extraire les anticorps ». Tout naturellement. On n’en est qu’aux essais.

Conclusion : soigner par les plantes, c’est bien à condition que ce soit Big Pharma et les pharmaciens qui en profitent. Quant aux plantes sur lesquelles planchent les laboratoires pour élaborer des traitements, ce sont des OGM, tout naturellement.

Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.

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