Le redressement des comptes publics, « c’est bien l’affaire de tous », a déclaré le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin. Il s’adressait donc, entre autres, aux malades. La sécurité sociale ne dépense pas. Elle creuse son trou. L’enterrement a été prévu cette année à 10 milliards d’euros. Le premier président de la cour des comptes, Didier Migaud, ne sait pas combien font 7 x 9. Quant au président de la République, il refuse de prouver à Jean-Jacques Bourdin qu’il sait ses tables… Alors, l’erreur était inévitable. Le trou se révèle donc finalement de 18,5 milliards.
Poudre de perlimpinpin numérique
Avec la santé mentale, c’est une grande cause nationale qui est en jeu ! Que faire ? Il a fallu tout d’abord inventer des termes ronflants qui fassent sérieux : un Grand défi numérique « santé mentale » avec des Dispositifs médicaux numériques, alias DMN. Pour cela il a certainement fallu recourir à l’aide un cabinet conseil.
Ensuite il a fallu débloquer un budget pas trop important : 25 millions d’euros de budget en deux vagues. Le covid en a eu quatre. Le terme convient bien à une période incertaine, où les comptes de la nation sont flous et l’avenir plutôt vague. Un appel d’offres sera lancé. Qui va fournir ces dispositifs médicaux numériques dans le domaine de la santé mentale et de la psychiatrie ? Un comité d’experts ! On l’aurait parié !
Appel d’offres avec conflits d’intérêt à la pelle
Le comité d’expert est présidé par Raymund Schwan, professeur de psychiatrie d’adultes , et piloté par Line Farah, pharmacienne, et par le Ludovic Samalin, psychiatre.
Que nous dit Transparence Santé sur le Pr Raymund Schwan ? Il a 42 déclarations de liens d’intérêt dont 46 290 € donnés par Bioserenity, sans compter les contrats d’expert scientifique « non renseignés ». Cela tombe bien puisque ce laboratoire développe des dispositifs médicaux connectés, et une offre de services dans l’électrophysiologie. Juste ce qu’il faut pour le Grand Défi numérique.
Ludovic Samalin, lui, déclare très tranquillement avoir participé à des réunions d’experts, des conférences et avoir été impliqué dans des études cliniques pour les laboratoires AstraZeneca, Bristol-Myers Squibb, Janssen Cilag, Lundbeck, Otsuka (qui produit Abilify pour le traitement de la schizophrénie), Roche, Sunovion, Takeda. De plus, Transparence Santé révèle qu’il a touché, entre autres, 27 928 € de contrat de recherche le 21 mars 2024 avec Compass Pathfinders. Ce laboratoire fabrique des antidépresseurs (Psilocybin).
Quant à Line Farah, elle a fait une thèse sur l’évaluation médico-économique d’une chirurgie robot-assistée (Da Vinci) par rapport à une radiothérapie avec l’intelligence artificielle (Cyberknife) dans le cancer de la prostate. Elle a ensuite travaillé chez Johnson & Johnson.
La grande cause nationale de la santé mentale semble une bonne affaire surtout pour ceux qui dirigent l’appel d’offres. Quant aux malades, ils se débrouilleront avec des prescriptions par ordinateur et des médicaments en guise de rapports humains et de thérapeutes.
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