
France Info reprend donc la déclaration de notre ministre des Affaires étrangères. Trois paragraphes purement factuels, sans la moindre mise en perspective. France Info n’ayant pas jugé utile d’effectuer le travail, effectuons-le nous-mêmes. Commençons par l’auteur. Pour France Info, monsieur Barrot est ministre des Affaires étrangères démissionnaire.
Bien sûr, chaque mot est une perle de vérité, mais comme le dirait Cyrano : « C’est un peu court, jeune homme ! » La fiche Wikipédia de ce monsieur est un peu plus complète et nous apprend de croustillants sujets :
Jean-Noël Barrot est lauréat (promotion 2020) du programme « Young Leaders » de la French-American Foundation. En 2013, il est nommé professeur assistant de finance à la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Le 5 juillet 2022, il envisage de se décharger des dossiers concernant Uber, sa sœur occupant le poste de directrice de la communication de cette entreprise.
Vastes sujets, non ? Monsieur Barrot est certes ministre, mais un homme dont les liens avec les États-Unis en pleine guerre d’influence avec la Russie peuvent conduire à s’interroger sur l’existence d’un préjugé antirusse ! Je vous aide, la French American Foundation n’est pas un nid d’agents pro-russes !
Bref, on le voit, l’indépendance de Monsieur Barrot ne saurait être garantie, mieux, le sujet dépend-il de lui ?
Normalement, il existe en droit français un délit d’intelligence avec une puissance étrangère. Si monsieur Barrot a connaissance d’actes d’intelligence avec la Russie, il lui revient de le notifier au parquet pour que celui-ci diligente une enquête. Aucun mot ne pointe dans ce sens dans l’article, nous sommes donc dans une situation où monsieur Barrot lance des accusations sans qu’elles se traduisent en droit, comme le code pénal lui en fait pourtant obligation.
Surtout, les sujets de ce type devraient relever du ministère de l’Intérieur, qui dispose, lui, des services de renseignements intérieurs, ou du ministère de la Défense. Là encore, l’anomalie interpelle et, à la lumière des différents éléments, la bonne foi de monsieur Barrot pourrait même être soupçonnée. (Mais la paranoïa fait partie intégrante de ma si douce personnalité).
Le journaliste aurait pu présenter ces éléments, interroger, solliciter du ministre des Affaires étrangères une réponse sur ces sujets. Nous demeurerons sur notre faim et FI se comporte comme un amplificateur alors que, naïf citoyen, j’aurais attendu un filtre décidé à investiguer !
On retrouve là la méthode de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères où le document final se concentra sur les ingérences « russes ». Dommage pour le témoignage de François Fillon ! Celui de monsieur Montebourg sur la souveraineté énergétique de la France. Les deux, coupables de mentionner l’influence hostile des Américains et ses conséquences, ont d’ailleurs été poussés hors de la vie politique !
Là, nous ne parlions pas d’une poignée d’influenceurs (9 selon monsieur Barrot) dont les vidéos seraient plus efficaces que les campagnes politiques, la presse officielle et autres. En réalité, soit ces influenceurs sont sans efficacité significative et alors il convient d’arrêter de perdre son temps avec eux et de sous-traiter le sujet au commissariat de leur quartier. Soit, ils exercent une influence suffisante pour justifier l’intérêt d’un ministre des Affaires étrangères et celui de l’Assemblée nationale. Alors, je vais les gratifier d’un conseil professionnel : Ne travaillez pas pour les Russes, contactez les boîtes de lessives, leurs services marketing vous rémunéreront bien davantage. Si vous n’aimez pas la lessive, essayez Pampers, Danone… le placement produit est infiniment plus rentable que la politique.
Oups, monsieur Barrot aurait aussi pu arranger cela en trois coups de fil, mais curieusement, il ne semble pas y avoir pensé ! À croire que l’essentiel ne soit de déblatérer sur une éventuelle ingérence russe, même si elle est non significative. Peut-être, mais encore une fois je suis paranoïaque, car les amis américains de monsieur Barrot veulent mobiliser l’opinion française dans leur guerre contre les Russes !
Peut-être la commission aurait-elle pu poser la question à monsieur Barrot ? Ou France Info ? Après tout, la charte de Munich impose :
Point 3 : Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents.
En matière de réserves, nous restons sur notre faim comme nous l’avons vu. Il y avait des questions à poser, elles ne le sont pas et ainsi, l’article se contente de blanchir, amplifier les déclarations de monsieur Barrot. Cette absence d’équilibrage, d’approfondissement ou de remise en question pourrait presque conduire à parler de parti pris ou de propagande !
En l’absence de cela, j’éprouve le pénible sentiment d’être victime d’une opération d’influence et cette fois-ci, pas russe, mais US !
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