
Dans une interview accordée le 2 septembre à l’occasion du forum russe New Knowledge, le lanceur d’alerte Edward Snowden a commenté de nouveaux outils d’Apple destinés à lutter contre les prédateurs sexuels et la pédopornographie, en affirmant que ceux-ci brouillent la frontière entre ce qui est privé et ce qui ne l’est pas et qu’ils peuvent permettre à terme aux gouvernements de s’immiscer dans la vie privée des individus.
Une mise en garde contre une capacité d’intrusion sans limite dans la vie privée L’ancien employé de la NSA a critiqué ce nouvel arsenal informatique en ces termes :
«Fondamentalement, la distinction ici est qu'[Apple] supprime cette séparation entre ce qu’ils possèdent et ce que vous possédez. Et maintenant, ils disent à votre appareil ce qu’il doit chercher […] Vous ne savez pas ce qu’il recherchent en scannant, même Apple ne connaît pas les fichiers spécifiques qu’il recherchent, ils font juste correspondre des « empreintes » qui leur ont été fournies par une organisation extérieure».
«Une fois qu’Apple a abattu cette barrière entre leurs serveurs et votre téléphone […] ils peuvent le scanner pour rechercher n’importe quoi : des critiques politiques, des dossiers financiers», a expliqué Edward Snowden, en considérant que problème ne concernait pas uniquement Apple mais aussi les gouvernements et les législateurs, qui peuvent utiliser cette technologie «de la manière qu’ils veulent».
«Apple peut-il dire « non » au gouvernement des Etats-Unis ? Peut-il dire « non » au gouvernement russe ? Peut-il dire « non » au gouvernement chinois ?», a interrogé de façon rhétorique le lanceur d’alerte, avant de répondre : «Bien sûr, la réponse est « non » – s’ils veulent continuer à vendre leurs produits dans ces pays».
Devenu célèbre après avoir révélé la surveillance de masse illégale exercée par les Etats-Unis et leurs alliés lors de la présidence de Barack Obama, Edward Snowden a obtenu l’asile politique en Russie où il réside avec sa femme et leur enfant depuis 2013.