Liquidation de la fonderie MBF : fin de l’industrie en France ?

mise à jour le 23/06/21

La fonderie MBF Aluminium à Saint-Claude dans le Jura, en redressement judiciaire depuis fin 2020, fabriquait des carters de transmission et d’huile. Elle vient d’être déclarée en liquidation judiciaire le 22 juin 2021. Pourtant le ministre de l’Économie déclarait, le 6 mai 2021, qu’il fallait éviter :  « la liquidation judiciaire immédiate des sociétés et de financer une période d’observation de trois mois pour réaliser une recherche de repreneurs ». Le seul repreneur, Michaël Azoulay ayant été écarté par l’État, il n’a pas fallu deux mois pour liquider MBF Aluminium avec ses 270 salariés en CDI et 30 CDD et intérimaires. 

Deux autres fonderies du même groupe sidérurgique familial de Sanjeev Gupta, GFG Alliance, sont en danger :

  • Aluminium Wheels à Diors (287 salariés fabriquent des jantes) — en redressement depuis le 20 avril 2021, 
  • Alvance Fonte Poitou à Ingrandes (300 salariés produisent des carters diesel) — en redressement depuis le 20 mai 2021. 

Au total 850 salariés vont perdre leur emploi. 

Le maire de Saint-Claude Jean-Louis Millet a appris la nouvelle de la liquidation judiciaire de MBF Aluminium par les journalistes. Il ne mâche pas ses mots : « Je pensais qu’on donnerait sa chance au repreneur. Je suis écœuré par l’Etat et par la Région, c’est un assassinat public, ce sont des salauds. L’Etat et la Région ont refusé d’accompagner la reprise, il faudra nous expliquer pourquoi.  »

Rebonjour les subprimes ! faillites bancaire et industrielles assurées

La faillite de la banque Greensill, le 8 mars 2021, a précipité l’effondrement de GFG Alliance. Une banque qui fait faillite ! Ça rappelle Lehman Brothers en 2008. A la City, personne ne s’est étonné que cette banque qui valait 7 milliards de dollars il y a quelques jours, ait financé 143 milliards de dollars en 2020 ? Et surtout pas l’ex-premier ministre David Cameron qui avait des parts dans l’affaire…

Greensill proposait à des entreprises de payer directement leurs factures fournisseurs à leur place. Greensill, alors propriétaire des créances, les transformait en titres financiers, eux-mêmes revendus à des investisseurs attirés par des rendements élevés à court terme. C’est le principe de la titrisation, celui-là même qui avait causé la crise financière des subprimes en 2008. Un château de cartes, fondé sur la confiance, qui s’est effondré à la suite du retrait d’un assureur, Tokio Marine, inquiet de la situation financière du groupe, lors de la crise sanitaire.

Après la faillite de Greensill, c’est au tour de Sanjeev Gupta. Ça commence par une enquête par le Serious Fraud Office, le parquet national financier britannique, pour « fraude, commerce frauduleux et blanchiment d’argent ». Ça se poursuit avec le retrait apeuré des partenaires financiers qui auraient pu lui fournir des prêts et la mise en redressement judiciaire depuis le 20 avril 2021. Et ça finit par des fermetures d’entreprises en France et sur toute la planète : 35 000 salariés dépendent de GFG Alliance.

Principal client des fonderies, Renault, fait défaut

Le marché automobile mondial s’est réduit dès 2018

Carlos Ghosn a mis trop de temps à renoncer à son plan de course au volume et à s’orienter vers la rentabilité. Ses successeurs, Thierry Bolloré, Jean-Dominique Senard n’ont rien fait pour rattraper cette erreur de gestion. 

Les mesures sanitaires ont accéléré la chute du marché automobile

Renault a enregistré une perte de huit milliards d’euros en 2020.

L’échec de nouveaux modèles

Les Scenic, Koleos, Espace et Talisman, Zoé, Nissan Micra ont été des échecs commerciaux.

Les délocalisations plombent les usines Renault en France

Les usines de Flins et Douai souffrent de quinze années de délocalisation (la Clio IV en Turquie , la Twingo en Slovénie).

Objectif de Renault : les voitures électriques

Renault a annoncé en mai 2020 un plan d’économies de 2 milliards d’euros sur trois ans. Il prévoit la suppression de 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600 en France.  

En appui de ce plan, Renault a reçu de l’État un prêt de cinq milliards d’euros  contre la sauvegarde de son usine de Maubeuge. Aucun problème ! Maubeuge ne sera pas fermé. En revanche Douai, Ruitz seront fermés, mais regroupés… à Maubeuge, dès janvier 2022, sous une bannière unique, Renault ElectriCity. Mauvaise nouvelle pour les fonderies car une voiture électrique n’utilise que 35 kg de fonte contre 120 kg pour un modèle à moteur diesel.

Objectif de l’État : la fermeture des fonderies

L’État pousse au choix de la voiture électrique et va promouvoir les démarches de consolidation du secteur, mais aussi résorber les surcapacités de production (traduisez licencier et fermer les usines) et « restaurer les capacités d’investissement » à l’international (traduisez délocaliser).

Le secteur des transports ne s’est pas remis de la gestion de la « crise sanitaire », à l’inverse de la pharmacie. L’investissement dans le secteur de la fabrication de matériels de transport ne rebondirait que légèrement en 2021 (+ 3 % après – 23 %). (voir tableau). 

 Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.

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