
Des délais d’attente en hausse : un système à bout de souffle
L’étude révèle une augmentation significative des durées de passage aux urgences. En 2023, la moitié des patients passent plus de 3 heures dans les services d’urgence, soit 45 minutes de plus qu’en 2013. Cette hausse concerne tous les parcours de soins, mais elle est particulièrement marquée pour les patients placés en observation en unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD), dont la durée médiane de passage atteint désormais près de 15 heures. Pour les patients rentrant à domicile sans hospitalisation, le temps passé aux urgences a également augmenté, passant de 1 heure 50 en 2013 à 2 heures 30 en 2023. Ces chiffres illustrent un système saturé, incapable de répondre efficacement aux besoins croissants de la population.
Les personnes âgées, premières victimes d’un système défaillant
Les patients âgés sont les plus touchés par cette dégradation. En 2023, 36 % des personnes de 75 ans ou plus passent plus de 8 heures aux urgences, contre 24 % en 2013. Cette situation s’explique par la complexité de leurs parcours de soins, qui nécessitent davantage d’examens médicaux et de séjours en UHCD. Pourtant, les difficultés à trouver des lits d’hospitalisation aggravent encore leur situation. Cette réalité met en lumière une prise en charge inadaptée des populations les plus vulnérables, révélant les failles d’un système de santé en pleine crise.
L’accès aux soins de ville : un parcours du combattant
L’étude souligne également les difficultés d’accès aux soins de ville, qui poussent de plus en plus de patients vers les urgences. En 2023, 21 % des patients déclarent avoir eu des problèmes pour obtenir un rendez-vous médical, contre 14 % en 2013. Cette situation est exacerbée par la baisse de la densité de médecins généralistes en France, laissant de nombreux patients sans alternative viable. Ainsi, 35 % des patients estiment que les urgences sont le seul recours médicalement adapté à leur problème de santé. Un constat qui interroge sur l’efficacité des politiques de santé publique et la désertification médicale.
Le Samu, dernier rempart d’un système dépassé
Le recours au Samu-SAS a fortement augmenté, passant de 7 % en 2013 à 16 % en 2023. Cette hausse s’explique en partie par les campagnes des pouvoirs publics incitant à appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. Cependant, cette solution apparaît comme un pansement sur une jambe de bois, révélant l’incapacité du système à absorber la demande croissante. Dans 53 % des cas, les patients se rendent aux urgences de leur propre initiative ou sur les conseils d’un proche, un chiffre en légère baisse mais qui reste préoccupant.
Traumatologie et pathologies cardio-circulatoires : les motifs dominants
Les motifs de recours aux urgences varient selon l’âge des patients. La traumatologie (blessures, plaies, brûlures) représente un tiers des passages, suivie de la gastro-entérologie et des pathologies cardio-circulatoires. Les enfants de moins de 5 ans arrivent principalement pour des fièvres ou des problèmes respiratoires, tandis que les personnes âgées de 75 ans et plus consultent majoritairement pour des problèmes cardio-circulatoires ou une altération de leur état général. Ces données soulignent la diversité des besoins auxquels les urgences doivent répondre, malgré des ressources insuffisantes.
Moins d’hospitalisations, plus de désespoir
En dix ans, le taux d’hospitalisation à la sortie des urgences a chuté de 20 % à 15 %. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, dont la réduction du nombre de lits d’hospitalisation complète (-11 % depuis 2013) et les modifications des pratiques médicales. Pourtant, pour 10 % des patients hospitalisés, la recherche d’un lit prend désormais plus de 6 heures, contre 3 heures 45 en 2013. Une situation intenable qui pousse certains patients à quitter les urgences sans attendre, parfois contre avis médical.
Macron : c’est la faute des malades, mais grâce à moi, il n’y aura plus de problème en 2025
Rappelons-nous la promesse de Macron : en 2025, les urgences hospitalières seront désengorgées par une meilleure organisation et la responsabilisation des malades qui viennent consulter pour un petit bobo.
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