Si vous utilisez WhatsApp, la messagerie instantanée de Facebook, cela ne vous a pas échappé, les conditions d’utilisation vont changer. En effet, à partir du 8 février prochain, l’application partagera les données de ses utilisateurs avec Facebook, sa société mère. Et visiblement, si vous n’acceptez pas ces nouvelles conditions, vous ne pourrez plus utiliser l’application.
L’Europe pas concernée (pour l’instant)
Eh oui, il faut lire les articles dans le détail et pas seulement les titres de tout ce qui a été publié et republié ces derniers jours dans la presse. Niamh Sweeney, directeur de la politique de WhatsApp pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, l’a rappelé dans un Twitt : « Il a été signalé à tort que la dernière mise à jour des conditions d’utilisation et de la politique de confidentialité de WhatsApp oblige les utilisateurs de la région européenne à accepter le partage de données avec Facebook à des fins publicitaires afin de continuer à utiliser le service. C’est faux. »
2/5 It has been incorrectly reported that WhatsApp's latest Terms of Service and Privacy Policy update requires users in the European Region to agree to the sharing of data with Facebook for ads purposes in order to continue using the service. This is false.
— Niamh Sweeney (@NiamhSweeneyNYC) January 7, 2021
La modification des conditions d’utilisation devaient initialement entrer en vigueur le 8 févrirer, mais devant le tollé propoqué par l’annonce de ce changement, WhatsApp a repoussé l’échéance au 15 mai…
Au fait : WhatsApp partage déjà vos données avec Facebook depuis 2016
Depuis 2014, WhatsApp est devenu une propriété de Facebook, mais aucune donnée ne transitait jusque là entre les deux entités, respectant ainsi la promesse initiale de WhatsApp quant à la confidentialité des échanges. Or, la donne a changé une première fois en 2016. À l’occasion d’une mise à jour majeure de ses conditions d’utilisation, la messagerie instantanée annonçait alors qu’elle allait partager le numéro de téléphone de ses utilisateurs avec Facebook, ainsi que d’autres métadonnées d’apparence sans importance (quel type d’appareil est utilisé, par exemple). À l’époque, WhatsApp offrait à ses utilisateurs 30 jours pour accepter ou refuser ce partage d’informations entre les deux entreprises. Dans l’éventualité d’un refus, l’application garantissait que ce choix serait respecté, et qu’aucune donnée ne serait envoyée à Facebook. Passé ce délai de réflexion de 30 jours, le consentement des utilisateurs n’ayant pas encore donné leur avis sur la question avait été validé par défaut. Il en était alors de même pour les nouveaux utilisateurs de WhatsApp, auxquels l’application n’a plus jamais demandé d’autorisation avant de partager leurs données avec Facebook.
Mais qui croit encore Facebook ?
Bon d’accord, ce changement des conditions d’utilisation de WhatsApp ne concerne pas l’Europe, mais il est évident que cela sera le cas un jour. On commence par le pays de juridiction, puis viennent les autres… Surtout que, avec Facebook, la confiance comment dire… faut-être droit dans ses bottes pour y croire. C’est comme lorsque vous rentriez un peu rond chez vous et tentiez de tenir droit devant votre père pour ne pas éveiller des soupçons. On me dit dans l’oreillette, qu’une revue de presse qui accuse a déjà été publiée au sujet de Facebook d’ailleurs… Vous savez, la société qui se fait des millions sur votre dos avec vos données personnelles, la société qui demande d’accéder aux données médicales des patients des hôpitaux et part à la conquête des données bancaires de ses utilisateurs.
Je passe sur la censure des propos non conformes à la pensée unique, à la fermeture de comptes avec ou sans avertissements, ou tout simplement au bannissement du compte d’un président élu (et pas que)…
Bref on ne va pas s’éterniser sur le sujet, mais si vous n’aviez pas encore ouvert les yeux sur WhatsApp et Facebook, je vous propose de faire le tour des alternatives à WhatsApp, car il est grand temps de migrer ailleurs…
Premières alternatives à WhatsApp…
Eh oui, car il y en a et des bien ! Citons avant de développer : Signal, Session, Telegram ou Olvid par exemple.
Telegram
On commence avec Telegram, la messagerie qui n’est pas russe, mais qui a été fondée par deux frères russes dont l’un est aujourd’hui en exil.
En mai 2019, Pavel Durov l’un des deux frangins expliquait déjà « Pourquoi WhatsApp ne sera jamais sûr et sécurisé ». Il a lui-même réagi le 8 janvier au changement de conditions de WhatsApp.
Pour comprendre la différence entre Telegram et WhatsApp, il faut déjà s’intéresser au passé de ces deux applications.
Mémo :
– tous vos échanges sont chiffrés, mais les chats non secrets passent par les serveurs de Telegram. Pour ne pas que ce soit le cas, il vous faut choisir « chat secret » dans l’application pour un échange direct entre deux appareils. Dans ce dernier cas la sécurité est renforcée car vos échanges ne transitent par aucun serveur. Mais rassurez-vous, dans le premier cas, il faudrait que quelqu’un réussisse à pirater les serveurs de Telegram et casse le chiffrement de vos échanges pour pouvoir les lire ;
– les appels et appels vidéos sont chiffrés de bout en bout ;
– les groupes de discussion passent par les serveurs de Telegram, donc les messages sont chiffrés chez eux avant d’arriver sur vos appareils pour fonctionner ;
– Telegram demande votre numéro de mobile et l’accès à votre carnet d’adresses ;
– l’application fonctionne sous Windows, Linux, macOS, Android et iOS (page de téléchargement ici), MAIS aussi directement dans votre navigateur Internet à cette adresse.
Signal
Signal a été lancée en juillet 2014. Elle est recommandée et utilisée par de nombreuses ONG, organismes et activistes soucieuses d’avoir des échanges privés et confidentiels. Même Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, qui permettait en 2013 au monde entier de découvrir avec quel entrain les agences de renseignement américaines et leurs partenaires s’adonnaient à la surveillance de masse, conseille l’utilisation de Signal.
I use Signal every day. #notesforFBI (Spoiler: they already know) https://t.co/KNy0xppsN0
— Edward Snowden (@Snowden) November 2, 2015
Mémo :
– tous vos échanges, appels (vidéos ou non) et groupes (jusqu’à 1000 personnes) sont chiffrés de bout en bout ;
– Signal demande votre numéro de mobile et l’accès à votre carnet d’adresses ;
– l’application fonctionne sous Windows, Linux, macOS, Android et iOS (page de téléchargement ici).
Décentraliser vos échanges avec Session ou Olvid
Alors qu’on parle beaucoup de censure ces derniers temps, je vous invite FORTEMENT à lire cet article sur l’avantage d’utiliser des réseaux sociaux décentralisés (et vous donnant les alternatives à facebook et Twitter), qui s’applique aussi aux messageries instantanées. Tout est remarquablement expliqué !
Pour les applications de messageries instantanées, si vous êtes vraiment inquiet pour la confidentialité de vos échanges et soucieux de la sécurité, il vous faut opter pour une application qui ne vous demande aucune information personnelle (numéro de mobile, adresse email, adresse IP, carnet d’adresses, etc.) et qui ne stocke pas vos messages sur des serveurs. Olvid, la messagerie française, et Session font partie de ces dernières. Puisque ces applications ne regardent pas dans vos contacts, il vous faudra les ajouter manuellement via une référence unique donnée par l’application.
En résumé
Nos choix d’applications de messagerie, de réseaux sociaux, de plateformes vidéo et de modes d’expression sont fondamentaux. C’est à nous de nous prendre en main et de décider ce que nous souhaitons, plutôt que faire aveuglément confiance à des sociétés privées qui décident, pour nous, de nos vies.
Les paragraphes précédents doivent attirer votre œil et votre esprit sur :
- le choix indispensable du chiffrement de bout en bout pour vos échanges ;
- le choix d’application à code ouvert ou open source est tout aussi indispensable ;
- la décentralisation, quand cela est possible ;
- éviter (si possible) les juridictions basées dans les fameux « yeux ».
☞ N’oubliez pas la lecture de notre article « Armurerie numérique »
Thierry pour « Le média en 4-4-2 »