Molnupiravir : Véran se charge d’en faire la publicité, les Français de payer et Big Pharma d’empocher

mise à jour le 01/11/21

Attention ! qu’on se le dise ! un traitement pourrait diminuer par deux les risques d’hospitalisation pour les patients positifs au Covid-19. La France en a commandé 50 000 doses. Il s’agit du molnupiravir de Merck. L’État se charge d’en faire la publicité, les Français de payer et Big Pharma d’empocher. Ce n’est pas le premier anti-covid que commande le ministère de la Santé avant de savoir s’il a la moindre efficacité thérapeutique.


L’intérêt financier pour les laboratoires est en revanche évident. Le molnupiravir a été précédé du remdésivir et du bamlanivimab. De 2020 à 2021, l’arnaque est à peu près toujours la même. Retour en arrière.

2020 : le remdesivir (Gilead)

avril  : aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) donne une autorisation d’urgence au remdesivir. Fauci le recommande et Bill Gates aussi (sa fondation possède en 2020 plus de 1,3 million de dollars d’actions Gilead et plus de 3,2 millions de dollars d’obligations Gilead). Une partie de la recherche et développement est financée par les contribuables américains (70 millions de dollars).
15 juillet : en France, l’ANSM lui accorde une autorisation temporaire d’utilisation (ATU).
29 juillet : Première commande européenne : 30 000 traitements (environ 180 000 doses) pour 63 millions d’euros. C’est la première fois que l’Europe paie un médicament au même prix que les États-Unis. Gilead connaît déjà les résultats négatifs d’un essai clinique de l’OMS.
1er octobre : aux Etats-Unis, la FDA retire son autorisation d’urgence.
7 octobre : la commission européenne commande 500 000 traitements (soit trois millions de doses).
15 octobre : les résultats préliminaires de l’essai Solidarity, coordonné par l’OMS, indiquent que le remdesivir est inefficace.
13 novembre 2020 : le remdesivir est pourtant recommandé par la HAS qui tente d’écouler son stock, malgré l’avis défavorable de l’OMS. La HAS ne va quand même pas jusqu’à accorder le remboursement.

Coût du remdesivir : 2 100 € / traitement de 5 jours. Ça c’est le prix de vente. Le coût de fabrication n’est que de 0,93 dollar par dose, soit 5,58 dollars pour un traitement en six doses. Une belle arnaque : le prix de revient a été multiplié par 376. Une belle plus-value (ce dernier mot remplace le mot « profit » pas assez valorisant, quoique)…

2021 : le bamlanivimab (Lilly)

22 février : l’ANSM délivre une autorisation temporaire d’utilisation au bamlanivimab. Plusieurs scientifiques et médecins, en l’absence d’études abouties sur son efficacité, sont dubitatifs. Le ministre de la Santé y voit un « espoir nouveau » — au moins pour les affaires du laboratoire Lilly et de la famille Cazeneuve (lire article). Véran en commande des dizaines de milliers de doses.
mars  : « Comme pour le remdesivir, ce n’est pas un traitement qui fera date, car il a une efficacité faible pour un coût élevé », prédit Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus.
avril  : la distribution du bamlanivimab est interrompue aux États-Unis, faute d’une efficacité suffisante.
septembre : une bithérapie est envisagée avec le etesevimabest, puis déconseillée. Exit le bamlanivimab au nom ronflant digne d’un conte des Mille et Une Nuits  !

Coût du bamlanivimab : 2 000 euros/traitement

2021 : le molnupiravir (Merck)

Encore un traitement prometteur — il est encore en phase 3 ! Le molnupiravir de Merck réduirait de 50 % le risque d’hospitalisation ou de décès par rapport au placebo. Par rapport à un vaccin censé protéger à 90 %, quel serait son avantage ? Serait-ce une façon de vendre quelque chose, quoi qu’il en coûte, après un éventuel échec des 3e, 4e, 5e doses ? En tout cas, jamais découragé (la sécurité sociale peut payer tant qu’elle existe encore), Olivier Véran a annoncé, mardi 26 octobre, qu’il avait commandé 50 000 doses de molnupiravir pour 30 millions d’euros. Merck a demandé une autorisation de mise sur le marché à l’Agence européenne du médicament.

Merck est responsable de deux scandales

Le Levothyrox, autorisé par l’ANSM en 2017, a provoqué 31 000 effets secondaires (dépression, chute de cheveux), mais pas de morts. Son procès est toujours en cours. En juin 2020 Merck a été condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 000 plaignants. Le laboratoire s’est pourvu en cassation. Une nouvelle action collective a été lancée mardi 14 septembre dans le même dossier, contre l’ANSM. Hors de cette action collective, Merck a été condamné par la première Chambre civile du tribunal de Beauvais à verser 10 000 € de dommages et intérêts à une plaignante, toujours à cause du Levothyrox.
Le Vioxx a causé 88 000 crises cardiaques en cinq ans. On n’en parle plus moyennant le versement par Merck de un milliard de dollars.

Un lanceur d’alerte dénonce la galaxie Merck

mai : l’immunologiste et lanceur d’alerte en l’occurrence, Rick Bright, dépose plainte contre des fonctionnaires fédéraux des autorités de santé, y compris contre son patron, Robert Kadlec. Il s’est opposé à ce qu’il considérait comme des efforts inappropriés et non scientifiques visant à diriger l’argent des contribuables vers certaines entreprises dirigées par des « copains » ou « à des fins politiques ». Il leur reproche d’avoir ensuite exercé des représailles illégales à son encontre :  il a été en effet démis de ses fonctions à la tête de la BARDA. La Biomedical Advanced Research and Development Authority achète et développe des contre-mesures médicales — telles que des diagnostics, des médicaments et des vaccins — pour protéger le public américain à la fois des attaques bioterroristes et des pandémies. OuestFrance  explique : « Il a été rétrogradé pour avoir exprimé ses réserves sur la chloroquine, dont Donald Trump vantait les mérites contre le coronavirus. Dommage que OuestFrance se soit arrêté en bon chemin, car ce n’est une toute petite partie du litige. Le principal, si on se réfère à ScienceInsider, est une question de corruption qui aboutit au laboratoire Merck.

Une médiation gouvernementale, celle du Special Counsel, a tenté d’apaiser la colère de Rick Bright. Mais il n’est pas corruptible. Il a refusé de revenir dans une instance gouvernementale et il continue le poil à gratter. Par exemple : « Il ne comprend pas pourquoi on n’a pas fait plus d’efforts pour développer un vaccin ciblant les variantes de Covid. “Je pense que certaines entreprises ont commencé. Mais où est-il et pourquoi ne le déployons-nous pas, au lieu d’une troisième dose ou d’une dose de rappel du même vaccin, alors que nous savons que le virus qui circule principalement s’est éloigné de la souche originale de Wuhan”, a-t-il déclaré. Le Dr Bright pense également que l’on ne fait pas assez d’efforts pour comprendre pourquoi les cas de “percée vaccinale” — où des personnes ont développé Covid malgré un double vaccin — se produisent. »

La recherche aux frais des contribuables

Depuis 2016, le Dr Rick Bright dirigeait la BARDA avec un budget de 1,6 milliard de dollars récemment augmenté de 3,5 milliards de dollars pour la réponse au covid-19.
En novembre 2019, il rencontre le chimiste de l’université Emory, George Painter, PDG de DRIVE (Drug Innovation Ventures at Emory), un organisme à but non lucratif appartenant à l’université qui développe l’EIDD-2801, une version d’un médicament antiviral vieux de 40 ans. Painter a amené avec lui l’avocat John Clerici. Ils font pression, ainsi que Kadlec (le chef de Bright), pour recevoir des subventions de l’État. Bright refuse car l’université Emory avait déjà reçu 26 millions de dollars. Ils présentent l’EIDD-2801 comme un « remède miracle », mais Bright préfère attendre les résultats d’un essai de sécurité sur l’homme : « des médicaments expérimentaux similaires de cette classe avaient montré qu’ils provoquaient une toxicité reproductive chez les animaux, et la progéniture des animaux traités était née sans dents et sans certaines parties de leur crâne ».

Le 20 avril 2020, Rick Bright est mis dans un placard à la BARDA.

Les big profits de Big Pharma

En mars 2020, DRIVE a entre-temps vendu la licence du médicament à Ridgeback Biotherapeutics pour un montant non divulgué. Cette dernière société a été fondée par deux anciens gestionnaires de placements. Ils ont donc profité d’un médicament dont les recherches ont été financées par le gouvernement, à seule fin de faire des bénéfices. L’investissement est vite rentabilisé puisque, en l’espace de trois mois seulement, Ridgeback vend à Merck les droits mondiaux de l’EIDD-2801. Merck prend finalement en charge le développement du molnupiravir et reçoit — ô miracle !  — de nouveaux fonds fédéraux.

En septembre 2021, la BARDA (débarrassée de Rick Bright, ouf !) achète 1,7 million de traitements de cinq jours pour un montant de 1,2 milliard de dollars, soit 700 dollars par traitement. Et voilà comment, sous une pluie de billets verts, le molnupiravir est passé de Drive à Ridgeback Biotherapeutics, pour finalement tomber dans les bras accueillants de Merck.

Coût du molnupiravir : plus de 6 000 euros le traitement de 10 doses.

Les scientifiques : médicament toxique

« Dieu merci, quelqu’un tire la sonnette d’alarme à propos de l’EIDD-2801, dit Raymond Schinazi, chimiste. On ne développe pas un médicament qui est mutagène. Point barre. » Il fait remarquer que son ancienne société pharmaceutique, Pharmasset, l’avait abandonné en 2003 après avoir découvert ses propriétés mutagènes.
Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus, appelle à la prudence : « C’est un mutagène si puissant qu’il est soupçonné d’être toxique non seulement pour le virus mais pour la cellule hôte, avec un risque cancérigène. »
Même le laboratoire Merck signale dans les résultats intermédiaires de l’étude de phase 3, des effets secondaires — sans en préciser la nature.

Les corrompus : médicament prometteur

Si les résultats des essais de phase 3 Merck sont exacts, ils sont considérés comme « très intéressants » par Yazdan Yazdanpanah, le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat qui a reçu 134 773 euros de laboratoires. [NDLR : Je dirais même plus : « Si c’est vrai, c’est pas faux ».]
Aux Etats-Unis Anthony Fauci, conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire, a estimé que les données de l’essai clinique étaient « impressionnantes ». C’est lui qui a nié devant les sénateurs américains que les recherches de Wuhan avaient été financées par les NIH (National Institutes of Health) qu’il dirigeait. D’ailleurs il estime que toute cette pandémie est entièrement la faute d’une chauve-souris toute bête. On peut donc le croire, tout comme Olivier Véran quand il nous dit que le molnupiravir est un médicament prometteur ! Vous avez aimé le remdesivir et le bamlanivimab, vous allez adorer le molnupiravir !

Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.

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