Martine Wonner, le 12 janvier, débat à l’Assemblée sur le plan gouvernemental en faveur de la jeunesse.
J’aimerais lire les quelques mots adressés aujourd’hui au président Emmanuel Macron par Heïdi Soupault, âgée de dix-neuf ans, en deuxième année de sciences politiques à Strasbourg :
« À dix-neuf ans, monsieur le Président, j’ai l’impression d’être morte. Pourtant, il neige aujourd’hui à Strasbourg. De jolis flocons virevoltent dans le ciel. Je les observe au chaud, mais cela ne me fait rien. Parfois, je pleure devant mon ordinateur. Ma vie n’a aucun sens et mon avenir est bouché. Si l’on n’a ni espoir ni perspectives d’avenir à dix-neuf ans, il nous reste quoi ? »
Mme Martine Wonner :
« Le fait que nous soyons amenés à débattre sur la jeunesse prouve qu’il existe, dans notre pays, une profonde scission entre ceux qui gouvernent et la jeunesse. Le plan pour les jeunes du gouvernement montre que celui-ci semble avoir compris que les conséquences économiques de la crise sanitaire, qu’il a lui-même engendrées, touchent de plein fouet les jeunes, qui en sont les premières victimes.
Le gouvernement n’a pas compris la jeunesse et encore moins sa souffrance actuelle. Universités fermées, difficultés économiques majeures, crise alimentaire sans précédent : voilà la réalité ! Combien de suicides ou de tentatives de suicide devrons-nous encore comptabiliser ?
Quelles solutions proposez-vous aux milliers de jeunes qui doivent se mettre dans les files d’attente des banques alimentaires pour se nourrir ? Quelles solutions proposez-vous pour les jeunes qui ne peuvent plus étudier ni se nourrir socialement ?
L’urgence est de régler le problème vital pour tous les étudiants, notamment ceux des classes dites moyennes, dont les parents ont parfois perdu leur emploi en raison de la gestion de la crise sanitaire et qui se retrouvent en dehors de tous les radars.
Une politique sociale ambitieuse en faveur des jeunes n’est pas seulement nécessaire, elle est une question de vie ou de mort pour nos étudiants, pour nos jeunes travailleurs, pour nos enfants.
Offrir un avenir aux jeunes exige aussi de refuser la logique de la précarisation des contrats. Où est la promesse du candidat Emmanuel Macron de lutter contre les contrats courts ? Quel avenir est possible lorsque les jeunes doivent enchaîner les stages puis les CDD – contrats à durée déterminée ?
Quel avenir est possible lorsque les jeunes n’arrivent plus à payer leur logement avec leur premier salaire – encore faut-il qu’ils en aient un ?
Mes chers collègues, nos enfants nous regardent. Nous devons rouvrir d’urgence l’ensemble des salles de classes, les amphithéâtres d’université, les salles de TD – travaux dirigés – et de cours.
Nous devons rouvrir les lieux de socialisation de la jeunesse. Nous devons relancer l’économie pour que les jeunes puissent retrouver les moyens de leur subsistance. Il est urgent d’agir, non plus contre les jeunes, mais pour les jeunes, non plus contre l’Université, mais pour l’Université, non plus contre l’avenir, mais pour leur avenir. »