
Quand les socialistes votaient les pleins pouvoirs à Pétain et la fin de la République
On le sait peu mais François Mitterrand n’a pas été le seul socialiste à participer activement au régime de Vichy et à la Collaboration. En réalité, bon nombre d’élus et de militants socialistes ont été très engagés au côté du maréchal Pétain et de l’occupant nazi, à tel point qu’à la Libération, la direction de la SFIO a dû faire un sacré ménage dans ses rangs.
Après la défaite du printemps 1940, les députés et sénateurs sont rassemblés au théâtre du Grand Casino de Vichy le 10 juillet pour voter les pleins pouvoirs au héros de Verdun qui apparaît alors comme la figure rassurante du sauveur de la France. Seulement 36 parlementaires SFIO sur 170 députés et sénateurs socialistes s’opposent aux pleins pouvoirs et à la fin de la République. L’historien israélien Simon Epstein rapporte dans son ouvrage, Un paradoxe français – Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance, les propos de Léon Blum qui s’oppose à Pétain lors du vote :
« Le sentiment cruel de ma solitude ne m’avait pas trompé ; j’avais bien eu raison de me juger désormais comme un étranger, comme un suspect au sein de mon propre parti. » Léon Blum : 1940-1945. Mémoires, La prison et le procès, A l’échelle humaine, page 98.
Le pacifisme socialiste, terreau de la collaboration et du collaborationnisme
Le lien entre les socialistes et la collaboration ne se limite pas au vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. En effet, ils vont prendre une part active au gouvernement de Vichy, à commencer par Paul Faure, secrétaire général de la SFIO de 1920 à 1940, et qui sera nommé au Conseil National (une assemblée de consultation créée par Vichy). De même le député Louis L’Hévéder, le député Gaston Bergery qui deviendra ambassadeur de Vichy à Moscou puis Ankara et encore le député François Chasseigne qui finira secrétaire d’État à l’Agriculture et au Ravitaillement. Simon Epstein rapporte que François Chasseigne, membre de la Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme (LICA, ancêtre de la LICRA) en 1936, est devenu membre de l’association des Amis de la Waffen-SS en 1944 !
D’autres verseront dans la presse collaborationniste comme les députés Paul Rives et Charles Spinasse qui fonderont le quotidien vichyste L’Effort.
Et puis surtout il y a le RNP, le Rassemblement National Populaire, l’un des deux principaux partis collaborationnistes, fondé par Marcel Déat, un ancien poulain de Léon Blum. Bon nombre de ses cadres viendront de la SFIO et de la gauche en général.
Le dénominateur commun de la plupart de ces hommes, qui pour beaucoup ont également milité à la LICA, la Ligue des Droits de l’Homme ou divers comités « antifascistes » ou « antiracistes » durant l’entre-deux guerres, c’est le pacifisme.
En effet, dans les années 30, la SFIO est divisée en plusieurs courants. On y trouve des radicaux (proche des communistes), des centristes (Léon Blum) et puis il y a les « Fauristes » dirigé par Paul Faure. Ces derniers sont animés par un fort sentiment pacifiste qui les pousse à s’opposer à la déclaration de guerre de la France contre l’Allemagne. Ce sont ces « Fauristes » qui prendront le dessus en 1940 avant de se faire exclure de la SFIO à la Libération.
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Source originale : Lengadoc-info.com