Que Bill et Melinda divorcent, on s’en fout, me direz-vous. C’est d’ailleurs ce que j’ai répondu à Marcel quand il a proposé de faire un papier là-dessus. Sournoisement, il n’a pas manqué de me rappeler ce que je lui avais dit des « faits divers à la con » qui, mine de rien, offrent un tas informations sur la société.
Les médias ont annoncé l’« événement ». Vous avez remarqué leur unanimité ? Je ne vous donne que les titres — question de place —, mais vous pouvez vérifier, les articles sont tout aussi insipides. « Bill et Melinda Gates annoncent leur divorce après 27 ans de mariage » titrent mot pour mot Le Point, Voici, 20minutes, FranceInfo et Ouest-France. Une autre tournure : « Bill Gates et sa femme Melinda annoncent leur divorce », titre dont la sobriété reflète le sérieux du Monde, mais aussi des Échos, du Courrier International et même de La Provence. Certains audacieux osent tourner la phrase légèrement différemment. « Bill et Melinda Gates mettent fin à 27 ans de mariage » annonce Le Dauphiné et Le Parisien : « Le milliardaire Bill Gates et son épouse Melinda divorcent après 27 ans de vie commune ». On sent qu’ils marchent sur des œufs. Faut faire attention à ce qu’on écrit, surtout ne pas contrarier Bill. Il peut être très généreux quand c’est son intérêt (Le Monde a reçu 4 millions).
Pourtant « la liberté d’expression n’a été aussi totale qu’aujourd’hui », nous dit François Busnel en présentant La Grande Librairie sur France5, ajoutant « c’est au nom de la liberté d’expression précisément que certains jouent les apprentis censeurs, se défoulent, et que des extrémismes se font entendre ».
Bill subventionne sa liberté d’expression
La liberté d’expression totale dont parle Busnel s’est pleinement manifestée à l’occasion du divorce de Bill et Melinda. « On » ne parle pas de Bill, ou seulement pour dire ce qu’il nous demande de dire. Et avec les mêmes phrases, sans déborder. Le « on », ce sont les milliardaires (Niel, Pinault, Arnaud, Dassault , Drahi, Bouygues…) propriétaires de médias. Ces milliardaires qui obéissent à Google, Facebook et… Bill Gates.
Les dessous d’une success story
Il faut chercher sur BBC News pour apprendre que lorsqu’ils se sont mariés en 1994 sur l’île hawaïenne de Lanai, ils auraient loué tous les hélicoptères locaux pour empêcher les invités indésirables de passer. Une ébauche, très ténue, de critique, car dans nos médias français, la vie de ce couple heureux — on se demande pourquoi ils divorcent — qui se consacre à la philanthropie et qui a des enfants magnifiques, ne souffre que d’une ombre : « Comment vont-ils se partager leur fortune ? » On cherche en vain comment ce couple le plus riche du monde, qui a distribué son argent aux pauvres via sa Fondation, a pu augmenter sa fortune. Elle est passée de 90 milliards de dollars en 2016 à 146 milliards de dollars en 2021. On peut se poser des questions. Les médias non. Tout est lisse dans la présentation de ce couple sympathique.
Allez ! on va fouiner dans cette success story en commençant par le début. Par Microsoft.
Bill vole son associé
Bill débute sa carrière en volant son associé, Paul Allen, un génie de l’informatique à l’origine de Microsoft, mais qui, malade, n’est pas en état de se défendre.
Des procès à la pelle
En 1998 Microsoft est attaqué par le gouvernement américain pour abus de position dominante.
Les motifs : 1. absence d’informations aux concurrents pour que leurs logiciels serveurs puissent s’intégrer aux systèmes Windows ; 2. vente incluant le logiciel Windows Media Player, intégré d’office dans Windows.
En 2000 le démantèlement de Microsoft est le « remède » proposé par le juge Jackson pour sanctionner cet abus. En 2004 : Verdict 497,2 millions d’euros d’amende. Bill, coriace, fait appel à la Cour de justice européenne. 2006 : 280 M€ d’amende. 2008 : 860 M€ d’amende. 2013 : 560 M€. On se cite pas tous les procès que ce procédurier de Bill Gates fait traîner d’appel en appel (violation de brevet, contrefaçon…). Un honnête homme.
Le loup se déguise, mais c’est pour mieux nous manger
Bill a senti le danger de la mauvaise publicité autour de son procès. Il va donc se construire une image de philanthrope, grâce à sa fondation Bill et Melinda Gates au budget communication colossal et grâce à l’autocensure des médias (il leur distribue beaucoup d’argent). Cette image dure encore, on l’a vu à l’occasion de son divorce.
Bill Gates devient un pur philanthrope
Après avoir démissionné de son poste de PDG de Microsoft (en 2008), renoncé à son poste de président du conseil d’administration (en 2014), Bill Gates démissionne du conseil d’administration de Microsoft. Il veut se consacrer entièrement à la philanthropie, expliquent les médias qu’il paie. Le divorce arrive quand Bill Gates s’est complètement dépouillé, comme un moine cistercien, en tong et robe de bure. Il ne détient plus que 1,37 % des actions de Microsoft, ce qui représente… 26 milliards de dollars.
Une fondation caritative, pour investir
Les actions Microsoft que Bill Gates a vendues ont été investies dans la société Cascade qu’il a créée en 1995. Cascade rapporte du 11 %. Les dividendes alimentent la Fondation ou plutôt son fonds d’investissement, Berkshire Hathaway, dirigé par Warren Buffett. Bill Gates détient 45,4 % du capital (9,76 milliards de dollars). Les investissements préférés de Berkshire Hathaway sont l’industrie de l’armement (BAE Systems au Royaume-Uni), les industries d’extraction minière, les OGM (Monsanto/Bayer), la malbouffe (McDonald’s, Coca-Cola), les énergies fossiles (Total, BP…). Comptez sur eux pour protéger la santé des populations et l’environnement — c’est pourtant ce que veut officiellement la fondation.
Une fondation, pour l’« optimisation fiscale »
Faire partie d’une fondation, c’est payer moins d’impôts. Le site de la Fondation Bill et Melinda Gates l’explique très bien. Le montant de l’évitement fiscal est souvent supérieur à ce qui est donné par la fondation.
Une fondation peut ouvrir des marchés
Les entreprises dont la fondation a des actions reçoivent des dons. CocaCola a reçu 538 millions d’euros de placement du trust de la Fondation Bill & Melinda Gates, en 2014. Il profite de programmes destinés à former 50 000 agriculteurs à la culture de fruits de la passion au Kenya.
Monsanto a au Kenya un centre de recherche sur les OGM, financé par la fondation dont fait partie un des ex-dirigeants de Monsanto.
Bill Gates aide seulement les ONG dont le siège est aux États-Unis. Seuls 5 % de l’argent arrivent en Afrique. Les Africains sont obligés d’accepter les missions de l’ONU et ne peuvent développer leurs recherches sur place.
Une fondation, oui mais pour des médicaments rentables
La fondation choisit les maladies qui peuvent faire appel à des vaccins et non à des remèdes naturels locaux. La revue scientifique britannique The Lancet relève par exemple que la fondation lutte prioritairement contre les maladies qui appellent la diffusion de vaccins et néglige les autres maladies. Ainsi, l’organisation finance relativement peu la recherche sur la pneumonie, la diarrhée et la sous-nutrition maternelle et infantile, responsables de 75 % des morts d’enfants. Ces maladies ne nécessitent pas la création de nouveaux vaccins mais la mise en place de mesures de préventions efficaces déjà connues…
Les vaccins sont la bonne affaire
La fondation a beaucoup œuvré pour le développement des vaccins. Financée principalement par des subventions publiques, Covax est menée par deux ONG internationales, Cepiet Gavi, que M. Gates finance, ainsi que par l’OMS. Il est le plus gros donateur de l’OMS (250 millions de dollars versés en 2005) et prend la main sur l’environnement, la santé. Sa fondation a investi plus de $16 milliards dans différents programmes de vaccins, dont un quart est allé à Gavi.
Des liens entre Jeffrey Epstein et la Fondation de Bill et Melinda
Melanie Walker a travaillé pour Jeffrey Epstein en 1998, avant de rejoindre la fondation en 2006. Elle aurait joué un rôle important dans la relation Gates-Epstein. Melanie Walker a ensuite rencontré le conseiller scientifique de la fondation, Boris Nikolic, à qui elle a présenté Jeffrey Epstein. Boris Nikolic est ensuite devenu l’exécuteur testamentaire de ce dernier, rôle qu’il a ensuite refusé.
Bill Gates fait un faux pas : Jeffrey Epstein le fait chanter
Gates a rencontré Epstein à six occasions, selon une enquête du New York Times. Bill Gates figure sur le carnet de vol d’un des avions d’Epstein le 1er mars 2013.
En tant que personne qui investit de manière maniaque dans la sécurité opérationnelle, n’épargnant aucune dépense au point d’avoir des gardes armés, quatre jets, un hélicoptère, un hydravion, des yachts, et du sang de son type l’attendant à beaucoup de ses destinations, vous pouvez être sûr que Bill Gates ne saute pas dans l’avion de n’importe qui. Il doit donc être désespéré pour abandonner un élément majeur de sa sécurité et risquer sa réputation en prenant l’avion d’Epstein avec lui. En tout cas cela explique son don au MIT.
Le MIT reçoit de l’argent de Bill Gates via Jeffrey Epstein
En 2014 le MIT reçoit 2 millions de dollars de Gates par l’intermédiaire de Jeffrey Epstein. Un agent de Gates a écrit à la direction du Media Lab, indiquant que Gates souhaitait que son nom ne soit pas mentionné dans toute discussion publique sur ce don.
Melanie investit dans une société à elle
En 2015 Melanie a fondé la société Pivotal Ventures à but lucratif pour promouvoir les femmes de couleur, dans le secteur informatique. Toujours la charité qui rapporte. Peut-être une façon prudente d’acquérir une certaine autonomie…
En 2015, Bill prédit une pandémie
Lors d’une conférence en 2015, Bill Gates a prédit que des millions de personnes seraient tuées par des « microbes, pas des missiles » lors d’une future pandémie.
En 2020, Bill prédit le passeport vaccinal
8 mai 2020 : « Il y aura donc un jour cette preuve d’immunité numérique qui facilitera la réouverture mondiale. »
Bill veut des vaccins pour toute la planète
14 décembre 2020 : la fondation investit des millions de dollars pour financer la recherche d’un vaccin Covid-19 ainsi que pour les tests et la logistique. La fondation promet 70 millions de dollars pour que le vaccin atteigne tout le monde, y compris les nations pauvres.
Bill prédit le réchauffement climatique et ses remèdes
Les biocarburants
Bill Gates est le premier propriétaire de terres agricoles des États-Unis. C’est toujours pour notre bien : « On ne sait pas à quel point les biocarburants peuvent être bon marché, mais s’ils sont peu coûteux, ils peuvent résoudre les émissions des avions et des camions. » Les achats de terres agricoles ont été réalisés par sa société d’investissements Cascade Investments.
Les OGM (nourrir la planète grâce à Monsanto)
« J’ai également bon espoir que le travail de notre fondation sur l’agriculture jouera un rôle clé pour aider les agriculteurs à résister au changement climatique. Il y a plus de dix ans, nous avons commencé à financer la recherche de variétés de cultures de base, comme le maïs et le riz, tolérant la sécheresse et les inondations. Ces nouvelles variétés aident déjà les agriculteurs à produire davantage de nourriture dans certaines régions d’Afrique et d’Inde, et d’autres options de cultures intelligentes du point de vue climatique seront disponibles dans davantage d’endroits dans les années à venir. » En bon partenaire de Davos, Bill Gates mise sur des terres résistantes aux effets du réchauffement climatique et même des cultures de substituts de viande à base de végétaux.
Pendant le réchauffement, le business des vaccins continue
Toujours dans la lettre de la Fondation : « Des organisations comme Gavi et le Fonds mondial vont jouer un rôle important dans ce domaine en améliorant la santé dans les endroits les plus vulnérables. Si nous voulons prévenir une catastrophe climatique, les interventions et solutions spécifiques au climat ne suffisent pas. Nous devons également penser aux effets indirects, comme la façon dont une planète plus chaude affectera la santé mondiale. »
Le nucléaire, énergie sûre
Bill Gates estimé que malgré les catastrophes de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011), le nucléaire restait plus sûr que n’importe quelle autre source d’énergie. Déclaration faite en mars 2021. On peut compter sur le dynamisme de Bill pour sauver la planète !
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.