Opération Mockingbird : comment la CIA a manipulé les médias pour promouvoir sa vision stratégique

mise à jour le 08/06/23

Après la deuxième guerre mondiale, c’est le début de la guerre froide. Des nations mènent des combats et dans le choix des armes, plusieurs techniques sont utilisées dont la propagande. Le but étant de faire accepter aux peuples des concepts et de modifier la perception d’évènements. L’ennemi était le communisme, mais pas pour sauver les peuples de cette doctrine en apportant de la démocratie, ça c’est la façade. La finalité était d’atteindre une hégémonie économique.


Les Etats-Unis, et par là, il faut comprendre la C.I.A, avaient bien compris que cela devait passer par les organes de presse mais pas que. L’agence, un véritable état dans l’état, créée en 1947 par le Président Truman, dispose dès ses débuts de fonds illimités. Et, comme toute agence de renseignements digne de ce nom, elle sait qu’une des conditions fondamentales de la victoire tient à un contrôle sans faille de l’opinion publique. Ce sera la mission de l’Opération Mockingbird. (1)

En 1948, les États-Unis ont lancé le plan Marshall, une initiative visant à aider l’Europe dévastée à se remettre de la guerre. La CIA a décidé de siphonner des fonds pour créer le « Bureau de coordination des politiques », qui deviendrait la branche des actions secrètes de l’agence. On parle de 265 millions de dollars par an (l’équivalent de 1 million et demi actuels).

Mockingbird, consistait à recruter des journalistes et les payer pour écrire de faux articles avec des documents classés de la C.I.A, qui promouvaient la vision stratégique de l’agence de renseignement. Pour éviter les fuites de ces informations top secret, il y a eu des écoutes téléphoniques de personnalités politiques et journalistiques, avec la complicité de la compagnie de téléphone et avec le consentement du procureur général. L’opération a abouti à l’identification de dizaines de sources de journalistes, dont un membre du personnel de la Maison Blanche, un procureur général adjoint, vingt et un membres du personnel du Congrès, six membres du Congrès et douze sénateurs.

L’opération Mockingbord (« opération Oiseau moqueur ») comprenait également des organisations culturelles étudiantes et des magazines auraient été financés comme façades de cette opération. En France, Thomas Braden a fondé le « Congress for Cultural Freedom » en 1950 (2), dirigé par l’agent de la CIA Michael Josselson. Établi à Paris et dans 35 pays, il était l’une des chevilles ouvrières majeures de l’offensive sur le front gauche. Il regroupe toutes sortes d’iconoclastes et de libres penseurs réunis autour du refus du « totalitarisme stalinien » et de la défense de la « liberté occidentale ». L’Europe, avec ses anciens cercles intellectuels souvent anti-impérialistes et idéologiquement proches du communisme, se retrouve ainsi au centre des préoccupations de la CIA et en première ligne de la guerre psychologique.

En tout, il y a eu plusieurs centaines de journalistes et des dizaines de journaux aux États-Unis et dans plusieurs pays dans le monde.

En voici quelques-uns :

  • James Reston du New York Times
  • C. D. Jackson du Time Magazine
  • Walter Pincus du Washington Post
  • Walter Winchell du New York Daily Mirror
  • Drew Pearson, Walter Lippmann, William Allen White, Edgar Ansel Mowrer du Chicago Daily News
  • Hal Hendrix du Miami News
  • Whitelaw Reid du New York Herald Tribune
  • Jerry O’Leary du Washington Star

Un focus sur quelques rédacteurs en chef et propriétaires de journaux impliqués dans l’opération Mockingbird :

Philip Graham (1915 – 1963) (3) (4) (5)

Phil Graham, co-propriétaire du Washington Post

Recruté par Franck Wisner, il était un candidat de choix pour l’opération de désinformation. En effet, il était président-directeur général du Washington Post (tout en étant marié avec la fille du propriétaire) et président du conseil d’administration de Newsweek. En tant que président de la Washington Post Company, il contrôlait plusieurs filiales, dont trois magazines, Newsweek, Art News et Portfolio, ainsi que les stations de radio et de télévision WTOP à Washington et la station de télévision WJXT à Jacksonville, en Floride. Le Washington Post exploitait aussi, conjointement avec le Los Angeles Times, une agence de presse qui fournissait aux clients des articles pour les Etats-Unis et l’étranger.

Philip Graham avait employé d’anciens membres des services de renseignements militaires devenus journalistes et coordonnait les liens avec eux et la CIA dans le cadre de l’opération Mockingbird. Ses liens privilégiés avec les anciens présidents Lindon Jonhson et kennedy ont contribué au travail de collaboration avec les services de renseignements.
Graham s’est suicidé à 48 ans par balle, en 1963.

Les frères Joseph et Stewart Aslop

Joseph Alsop en 1974

Les journalistes et frères, Joseph (1910-1989) et Stewart Alsop (1914-1974), de 1945 à 1958, étaient co-auteurs, de la chronique « Matter of Fact » pour le « New York Herald Tribune » et le » Newsweek ». Leur mère, Corinne Robinson Alsop, était la cousine germaine d’Eleanor Roosevelt, et les Alsop ont maintenu une relation avec la première dame jusqu’à sa mort en 1962.

Joseph était l’ami intime de John Kennedy, à qui il conseilla de prendre comme vice-président Lyndon Johnson. Un proche de Richard Nixon était aussi l’une des figures les plus marquantes de ces endroits et évènements du  » Tout-Washington  » qui servent bien souvent de coulisses ou de bancs d’essai à la grande politique.(6)
Stewart travaillait au Bureau des services stratégiques, une agence de renseignements créée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ben Bradlee (1921-2014)

Ben Bradlee et le Président Kennedy jouant au golf à Newport

En 1946, Bradlee a acheté le New Hampshire Times. Il a travaillé pour le journal jusqu’à ce qu’il soit vendu à William Loeb. En 1951, Graham a aidé Bradlee à devenir attaché de presse adjoint à l’ambassade américaine à Paris pour le Washington Post. Sa famille avait également des racines dans le journalisme : son grand-oncle, Frank Crowninshield, était le rédacteur en chef, fondateur de Vanity Fair.

En 1952, Bradlee a rejoint le personnel de l’Office of US Information and Educational Exchange (USIE), l’unité de propagande de l’ambassade. L’USIE a produit des films, des magazines, des recherches, des discours et des articles d’actualité à l’usage de la Central Intelligence Agency dans toute l’Europe. L’USIE (plus tard connue sous le nom d’USIA) contrôlait également la Voix de l’Amérique, un moyen de diffuser des « informations culturelles » pro-américaines dans le monde entier. Bradlee a été officiellement employé par l’USIE jusqu’en 1953, date à laquelle il a commencé à travailler pour Newsweek.

Il a été le voisin de JFK en 1959 dans une rue de Georgetown où il venait d’acheter une maison. John Fitzgerald Kennedy, était depuis un an sénateur du Massachusetts. Une amitié durable s’était établie entre eux. JFK a suivi Bradlee, alors journaliste au bureau de Newsweek dans la capitale américaine, pendant toute sa carrière.

The GeorgesTown Set : Une officine de faiseurs d’opinions

Ce cénacle était composé des frères Alsop, du couple Philipp Graham/ Katherine Meyer, la fille de Eugène Meyer propriétaire du Washington Post, qui a pris la relève du poste de chef de la rédaction après le suicide de son mari Philipp, Franck Wisner le chef de la C.I.A, des diplomates et des spins doctors. Sous couvert de soirées entre gens de bonne compagnie, où ces hommes d’influence venaient avec leurs épouses, ce fût un cercle d’initiés aux affaires de sécurité intérieure et de responsables de presse qui parlaient boutique tout en dégustant des petits fours. (9) (10) (11)

Deux personnes clés étaient aux commandes de Mockingbird. D’abord Franck Gardiner Wisner en 1948 et ensuite Allen WELSH DULLES en 1953

Frank Gardiner Wisner a servi au Bureau des services stratégiques pendant la Seconde Guerre mondiale et a dirigé le Bureau de coordination des politiques (OPC), une unité de renseignement clandestine, de 1948 à 1950. En 1950. L’OPC a été placé sous « l’Agence centrale de renseignement » et rebaptisé « Direction des plans » (DDP) qui a d’abord été dirigé par Allen Dulles. Wisner est devenu directeur adjoint des plans en 1951 jusqu’en 1958, lorsque Dulles a été nommé directeur du renseignement central. (12) (17)

Franck Gardiner Wisner ( 1909-1965)

Tombe de Frank Wisner au cimetière national d’Arlington

Sa carrière d’espion débute au sein de l’OSS en tant que chef des réseaux stay-behind de l’OTAN. En 1943, il est envoyé par l’OSS, le service d’espionnage de l’armée, dans sa base opérationnelle en Turquie. Avant la fin du conflit, il est promu chef de poste en Roumanie, où il réussit à faire évader plus de 1 700 prisonniers de guerre américains.
Après la guerre, Wisner a décidé en 1945 de retourner à son cabinet d’avocats. Peu de temps après, Dean Acheson, numéro deux du Département d’État, l’a convaincu de prendre en charge la supervision de la diplomatie américaine de la zone Europe.

En 1948, Frank Gardiner Wisner est nommé directeur du Bureau des projets spéciaux. Peu de temps après, il a été rebaptisé Bureau de la coordination des politiques (OPC). C’est devenu la branche d’espionnage et de contre-espionnage de la Central Intelligence Agency . Et c’est là qu’il a reçu l’ordre de créer l’opération Mockingbird pour se concentrer sur «la propagande, la guerre économique, l’action directe préventive, y compris les mesures de sabotage, de lutte contre le sabotage, de démolition et d’évacuation, organisation d’actions subversives contre les états hostiles à la démocratie estampillée US, avec l’aide aux groupes de résistance clandestins, et le soutien des éléments anticommunistes dans les pays communistes.

Il se fait virer de la C.I.A en 1953, du travail sur Wisner devenait évident. Il a travaillé sans relâche pendant le soulèvement.

Quelques exemples d’actions clandestines dont Franck Wisner a été à la tête :

En 1953, l’opération AJAX, (13) qui a consisté au renversement du premier ministre d’Iran, Mohammad Mossadegh en apportant son soutien au Général Fazlollah Aahedi aidé du MI 6 pour organiser un coup d’état le 19 aout 1953. En arrivant au pourvoir, il a fait renaitre le sentiment nationaliste iranien en chassant les entreprises étrangères. Cela prend des proportions inédites quand en décembre 1950, l’Arabian-American Oil Company (AAOC) a conclu un accord sur la base d’un partage des profits à hauteur de 50 %.

En Hongrie en 1956 pour faire reculer l’expansion soviétique. Mais cela a été largement ignoré par crainte de déclencher une guerre nucléaire. Les conséquences sont catastrophiques : 2 500 Hongrois ont été tués, 200 000 ont été forcés de fuir leur pays et des dizaines de milliers ont été arrêtés et emprisonnés. (20)
Il s’est suicidé en 1965.

Hommes d’influence de père en fils :

Frank Georges WISNER (né en 1938) est le fils de Fanck Gardiner Wisner.
Il est Ambassadeur de l’organisation philanthropique de David Rockfeller, Iran Project né en 2002. (14)

A été membre du « Conseil consultatif international de la Fondation Hakluyt/HoldinghamHakluyt & Company Ltd » (15) un bureau d’intelligence économique de Londres qui promettait de trouver des informations pour ses clients qu’ils « ne recevraient pas par les voies gouvernementales, médiatiques et commerciales habituelles ». Un vrai réseau d’influence avec des connivences avec le MI 6, puisque Christopher James et Mike Reynolds sont tous deux d’anciens membres du service extérieur britannique.

Au conseil d’administration de HAYKLUT ont siégé les patrons ou anciens patrons de HSBC, SHELL, BP, FORD, BRITSH AIRWAYS, ROLLS ROYCE, l’ancien ambassadeur de Grande Bretagne aux USA. Également Bill BRADLEY ancien candidat à la Maison Blanche dont Franck Georges Wisner avait fait la campagne.

Aux USA, il a également participé aux campagnes d’Hillary CLINTON, Georges W BUSH, Al GORE et John KERRY. Il est aussi Membre du conseil du ROCKEFELLER BROTHERS FUND dont ont fait partie : Dean RUSK (faucon de la guerre de Corée et de celle du Viet Nam), Henry KISINGER, Edward TELLER (initiateur du programme de militarisation de l’espace de REAGAN), John GARDNER (initiateur du programme de philanthropie stratégique de la CARNEGIE CORPORATION)

Connexion Nicolas Sarkozy :

Franck Wisner s’est remarié avec Christine de GANAY, issue d’une famille aristocratique Française, en 1977. (16)
Le père de Nicolas Sarkozy, Pal Sarkozy, a été marié avec Christine de Ganay. Ensemble ils ont eu un fils Olivier Sarkozy, le demi-frère de Nicolas Sarkozy. Franck Wisner est donc le beau -père d’Olivier Sarkozy, celui-ci avait 7 ans lorsque sa mère se remaria. Sa femme, Christine est la belle-mère par alliance de Nicolas Sarkozy qui d’ailleurs séjourne souvent chez les WISNER aux USA.

Allen WELSH DULLES (1893-1969)

Allen Dulles, directeur de la CIA (1953-1961)
Allen Dulles, directeur de la CIA (1953-1961)

Allen Dulles (18) était un avocat et diplomate avant de prendre ses fonctions au sein de la C.I.A. Juste après la fin de la deuxième guerre mondiale, il fonde avec William J Donovan, le «  Comité américain pour une Europe unie » financé notamment par la fondation Ford. C’est un organisme qui collecte des fonds privés et publics pour les verser en Europe, vers d’autres organisations pro-européennes. Dans ce cadre, Il fonda Radio Free Europe. (21) (22) Le but était la création de l’Europe avec des pouvoirs effectifs de législation, l’abolition des quotas douaniers intra-européens, la garantie uniforme des droits de l’homme et la création d’une Cour européenne pour les faire respecter. Dans cette immixtion de l’impérialisme américain, Dulles était en lien avec Jean Monnet, le leader de la création Européenne. (19)

Il a été le premier directeur civil de la CIA et à ce jour celui qui a eu la plus grande longévité de mandat.
Etudiant à Princeton, il participait activement à l’« American Whig-Cliosophic Society », le plus ancien cercle d’étudiants. D’ailleurs le 10 AVRIL 1953, Allen Dulles, tout juste promu chef de la C.I.A, prononce un discours devant une assemblée d’anciens élèves de Princeton. Il dit :

« Je me demande toutefois si nous percevons clairement l’ampleur du problème, si nous réalisons à quel point la bataille pour l’esprit des hommes est devenue sinistre entre les mains des Soviétiques ». Nous pourrions l’appeler, sous sa nouvelle forme, la « guerre des cerveaux ».

Anti -communiste convaincu, il œuvre pour une collaboration avec les Allemands et entretient des relations avec Heinrich Himmler. Il met en contact le ministre de l’économie du III ème REICH, Hjalmar Schacht avec ses amis banquiers pour que le régime Nazi puisse financer l’équipement de leur armée.
Allen DULLES et Jonh Edgar HOOVER, alors à la tête du FBI, disaient à propos des nazis, qu’ils estimaient leurs valeurs stratégiques de guerre. Cela fait penser à l’opération MK UKLTRA, initiée par la C.I.A.

Allen Dulles a été également l’un des sept membres de la commission Warren, chargée d’enquêter sur l’assassinat de John F. Kennedy.

Durant ses fonctions, il y a eu des controverses liées à ses conflits d’intérêts familiaux. En effet, son frère John Foster DULLES était secrétaire d’état de 53 à 59 sous Eisenhower, et les deux frères étaient aux manettes du coup d’État baptisé « opération PBSUCCESS » organisé au Guatemala par la CIA et certains gouvernements d’Amérique centrale. Carlos Castillo Armas s’auto-proclame président et est aussitôt reconnu par les États-Unis, au grand bénéfice de l’entreprise américaine, la « United Fruit Company ».

Durant la première guerre mondiale, John Foster Dulles, diplomate, est en mission dans le monde, comme au Panama en 1917 avant de participer à la conférence de Versailles.

La commission Church :

L’opération fut percée à jour en 1975 par la « Commission Church », à l’occasion de l’affaire du Watergate, notamment grâce au témoignage d’E. Howard Hunt. La Commission Church de la CIA est une commission du Sénat américain créée en 1975 pour enquêter sur les activités de la Central Intelligence Agency (CIA) et d’autres agences de renseignement aux États-Unis. La commission a été créée en réponse aux préoccupations concernant l’implication de la CIA dans un certain nombre d’activités controversées, telles que la surveillance illégale, les complots d’assassinats et d’autres opérations secrètes.

La commission était présidée par le sénateur Frank Church (23) de l’Idaho, et son titre officiel était « United States Senate Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities » (Commission spéciale du Sénat des États-Unis chargée d’étudier les activités gouvernementales en matière de renseignement). L’enquête de la commission a duré de 1975 à 1976 et a abouti à la publication d’un rapport en 14 volumes qui a révélé un large éventail d’activités illégales et contraires à l’éthique menées par la CIA et d’autres agences de renseignement. On peut le souligner au travers de la surveillance illégale de citoyens américains, l’utilisation de méthodes d’interrogatoire illégales et anticonstitutionnelles et l’assassinat de dirigeants étrangers. Le rapport révèle également que la CIA a participé à l’élaboration et à la mise en œuvre de nombreuses opérations secrètes dans le monde entier, dont beaucoup ont entraîné la mort de civils innocents.

En 2007, environ 700 pages de documents des années 1970 ont été déclassifiées et publiées par la CIA dans une collection intitulée « The Family Jewels ». Les dossiers entouraient les enquêtes et les scandales liés à l’inconduite de l’agence dans les années 1970. (24) La révélation la plus choquante de l’enquête de la commission Church est sans doute l’implication de la CIA dans l’assassinat de dirigeants étrangers, dont Fidel Castro à Cuba et Patrice Lumumba au Congo. La commission a également révélé que la CIA avait participé à la planification et à l’exécution de nombreux assassinats contre d’autres dirigeants étrangers, dont Rafael Trujillo de la République Dominicaine et Ngo Dinh Diem du Sud-Vietnam.


Colombe pour Le Média en 4-4-2

SOURCES :

(1) http://archive.today/2021.10.26-144649/https://spartacus-educational.com/JFKmockingbird.htm
(2) http://archive.today/2023.05.27-204232/https://www.cia.gov/resources/csi/studies-in-intelligence/1995-2/origins-of-the-congress-of-cultural-freedom-1949-50-cultural-cold-war/
(3) http://archive.today/2022.02.12-063028/https://www.washingtonpost.com/politics/the-grahams-a-family-synonymous-with-the-post-and-with-washington/2013/08/05/94f26d04-fe1a-11e2-96a8-d3b921c0924a_story.html
(4) http://archive.today/2023.05.26-164430/https://www.theguardian.com/media/2013/aug/06/washington-post-sale-graham-family
(5) http://archive.today/2023.05.26-165356/https://documents.theblackvault.com/documents/fbifiles/journalists/philipgraham-fbi1.pdf
(6) http://archive.today/2023.05.25-184255/https://erpapers.columbian.gwu.edu/joseph-and-stewart-alsop
(7) http://archive.today/2023.05.24-210351/https://www.liberation.fr/medias/1995/11/28/le-washington-post-histoire-d-une-mutation-la-transformation-du-quotidien-a-travers-les-memoires-de-_148674/
(8) http://archive.today/2017.09.20-070754/https://consortiumnews.com/2015/03/10/ben-bradlees-not-such-a-good-life-part-2
(9) http://archive.today/2023.05.26-192959/https://www.politico.com/magazine/story/2014/10/the-georgetown-set-112125/
(10) http://archive.today/2023.05.26-205809/https://www.goodreads.com/book/show/20697387-the-georgetown-set
(11) http://archive.today/2020.05.10-083016/https://wikispooks.com/wiki/The_Georgetown_Set
(12) http://archive.today/2015.11.06-062743/http://spartacus-educational.com/JFKwisner.htm
(13) http://archive.today/2023.05.27-080856/https://www.etudesgeostrategiques.com/2014/08/30/la-genese-de-loperation-tp-ajax-mossadegh-et-la-crise-de-l-aioc/
(14) http://archive.today/2023.01.22-152648/https://www.rbf.org/about/our-history/timeline/iran-project
(15) http://archive.today/2020.06.13-002105/https://powerbase.info/index.php/Hakluyt
(16) http://archive.today/2023.05.27-202324/https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Olivier_Sarkozy
(17) http://archive.today/2023.05.26-223650/https://www.archyde.com/the-alcoholic-chief-of-cia-covert-operations-who-became-a-scourge-of-the-iron-curtain/
(18) http://archive.today/2023.05.27-171834/https://www.memoiresdeguerre.com/article-dulles-allen-58590388.htm
(19) http://archive.today/2023.05.27-181827/https://books.openedition.org/psorbonne/47328
(20) http://archive.today/2023.05.26-231608/https://www.mentalfloss.com/article/48959/retrobituaries-frank-wisner-father-american-covert-operations
(21) http://archive.today/2023.05.25-170338/https://fr.wikipedia.org/wiki/Radio_Free_Europe/Radio_Liberty
(22) http://archive.today/2023.05.25-170750/https://www.wilsoncenter.org/book/radio-free-europe-and-radio-liberty-the-cia-years-and-beyond
(23) http://archive.today/2023.05.27-081513/https://www.theguardian.com/books/2023/may/07/last-honest-man-frank-church-book-james-risen-review
(24) http://archive.today/2022.08.01-182715/https://www.cia.gov/readingroom/collection/family-jewels


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