Anne-Claire Rossignol, 45 ans, est professeur de français au collège Sonia-Delaunay de Gouvieux, dans l’Oise. Elle refuse de porter le masque : « Voir des adultes masqués toute la journée, c’est incompatible avec l’apprentissage, c’est de l’enseignement dégradé. » Elle a fait face au silence de l’Éducation nationale : plusieurs courriers étant restés sans réponse, elle décide de retirer son masque le 8 novembre 2021. Elle sera suspendue le 9 novembre.
Loin d’être anti-vaccin — l’enseignante le dit fièrement : « Je suis vaccinée et fière de l’être, pas de débat là-dessus » —, pour elle le débat est autre part. Considérant que le port du masque s’inscrit dans la durée, « Un enseignement pendant six mois, on passe dessus. Là, on est à plus de deux ans. On est en train d’abîmer les élèves et mes enfants, car je suis professeur mais aussi parent. » Consciente que les élèves ne risquent rien face au covid, Anne-Claire Rossignol estime le port masque comme un risque psychologiquement considérable.
Passionnée de culture antique et conteuse avec un certain succès au Maroc, cette maman de trois enfants considère que pour apprendre et retenir, les élèves ont besoin aussi d’être actifs au niveau des émotions, chose totalement impossible derrière un masque. Le constat posé, elle décide d’écrire le mardi 19 octobre 2021 à sa hiérarchie pour trouver une solution. Un courrier sera envoyé à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, à Olivier Véran, ministre de la Santé, ainsi qu’à toute sa hiérarchie dont quatre inspecteurs, à la direction de l’académie, au rectorat… malheureusement pour cette passionnée de l’enseignement, aucune réponse.
Face à cette fin de non-recevoir, elle décide de retirer son masque le lundi 8 novembre 2021, ce qui lui vaudra une suspension. « J’ai reçu un arrêté de suspension qui me dit que je n’ai plus le droit de venir au collège tant que je n’aurai pas le masque. » Loin de vouloir entrer dans un conflit, mais tout en restant déterminée, elle se dit prête à discuter pour trouver une solution.
Madame Rossignol qui a passé le Capes (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) en 1998, sera suspendue de son post de professeur de français le 9 novembre 2021 par l’Éducation nationale. Ce ne sont pas ses centaines de vidéos postées sur sa chaîne YouTube pendant le confinement afin d’aider ses élèves dans ce moment difficile qui la sauveront de cette sanction. Sa passion, son amour pour l’enseignement disparaissent derrière le masque.
Aujourd’hui, elle voudrait que l’on reconnaisse tout simplement que sa profession n’est pas comme les autres, le métier d’enseignant est un métier de contact, un métier de relations humaines. Faisant le parallèle avec les avocats et les animateurs télé : « Les avocats dans leur cour ne plaident pas avec un masque, il me semble. Au journal télévisé, la personne qui nous présente les informations n’a pas de masque. » Le tabou sur le masque est problématique pour notre enseignante qui veut que le débat puisse se faire afin que les masques soient retirés pour les élèves comme pour les enseignants : « On ne va pas laisser les élèves et les enseignants encore deux ans derrière un masque ! »
YouTube ayant censuré une fois de plus l’expression d’une citoyenne, vous pouvez retrouver Anne-Claire Rossignol sur Orange et Instagram.
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